L’AEFE (Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger) détient une mission fondamentale pour aider nos familles résidentes à Londres concernant les aides à la scolarité. Qu’en est-il ?
Je voudrais commencer par un bref rappel concernant le système de bourses, qui constitue la première aide des familles de Londres.
Le nouveau système de bourses concerne plus de familles tout en maintenant des bourses à 100% pour les familles qui en ont le plus besoin et donne plus de latitude aux commissions locales des bourses qui sont les mieux habilitées à apprécier les différentes demandes.
Il se place dans le strict respect des dotations budgétaires allouées, dans le souci de retrouver une capacité́ de maitrise budgétaire pour financer de façon pérenne le dispositif.
En 2015, les crédits de l’État pour les bourses à Londres s’élèvent à 2 090 000€ pour 359 demandes déposées.
A Londres, il y a une pression pour ouvrir de nouveaux établissements à cause du manque de place dans le réseau. Cependant, l’ouverture d’établissements privés homologués rentrant ainsi dans le Plan Ecole pose aussi un problème : effectivement on obtient plus de places dans le réseau mais avec des frais de scolarité élevés qui ne peuvent pas être couverts par les bourses scolaires.
Avec l’ouverture du Lycée Winston Churchill, il me semble que c’est le moment de réfléchir en concertation aux futurs objectifs du Plan Ecole. Il faut offrir aux parents une visibilité sur le long terme sur les frais de scolarité et une plus grande transparence par rapport à la gestion des établissements. Les parents sont une part importante du fonctionnement des établissements français à l’étranger. Le travail des associations de parents est incroyable et mérite d’être reconnu de manière officielle par l’AEFE.
Quelles pistes explorer afin de venir en aide aux familles s’agissant des frais d’inscription plus élevés au Lycée Winston Churchill (LIL) ou ceux du Collège français bilingue de Londres (CFBL) ?
Je suis la question de l’augmentation des frais de scolarité au sein du réseau londonien avec beaucoup d’attention. J’ai alerté la directrice de l’AEFE, Madame Hélène Farnaud-Defromont, à de nombreuses reprises sur la problématique qu’engendre l’ouverture d’établissements privés à Londres recevant une homologation du ministère. Je ne suis pas opposé au partenariat public-privé mais je souhaite cependant que ce partenariat soit ouvert à des négociations sérieuses qui empêchent que des établissements privés intégrant le réseau édictent leurs propres normes.
Le prochain Comité d’Administration de l’AEFE, qui aura lieu le 24 juin, aura pour thème principal le rapport sur les frais de scolarité au sein du réseau de Philip Cordery et Claudine Lepage, avec des réponses apportées par l’AEFE aux 50 propositions énoncées.
Je suis très favorable à la proposition de mes collègues qui consiste à inscrire le montant des frais de scolarité dans la convention ou l’accord de partenariat afin d’éviter les augmentations intempestives.
Je pense qu’il faudrait aussi étudier de plus prêt leur proposition de moduler les frais de scolarité selon les revenus des parents.
Je défendrai ces positions auprès de l’AEFE lors du prochain Comité d’Administration mais aussi dans un courrier à la directrice de l’AEFE, qui lui sera adressé dans les prochains jours, dans lequel je demanderai un droit de regard sur l’accord de partenariat.
Inscrire dans la convention l’obligation d’un plan d’évolution à trois ans des frais de scolarité me semble une démarche nécessaire pour endiguer un phénomène qui tend à exclure à terme toute mixité sociale dans les établissements français à l’étranger.
Je souhaite aussi demander à ce que les élèves boursiers soient prioritairement placés au Lycée Charles de Gaulle.
A ce titre, je salue la décision de Monsieur Rauch d’ouvrir une classe de seconde supplémentaire pour les élèves boursiers du CFBL.
Une des règles du partenariat est que les bourses scolaires soient plafonnées sur le seuil des prix de l’EGD le plus proche.
Ce plafonnement est légitime car l’Etat Français ne peut pas payer l’intégralité des bourses des élèves des établissements privés. Cependant, il est injuste que les familles les plus modestes se retrouvent devant le fait accompli.
Peut-on également réfléchir à un mécanisme d’aide à la scolarité pour l’apprentissage du français dans une école anglaise ?
NB : + de 70% des enfants français au RU seraient scolarisés dans des établissements britanniques
L’objectif 2 du Plan Ecole, qui encourage le bilinguisme via les enseignements français dans les établissements britanniques, est d’après moi la réponse la plus adéquate.
J’ai longuement abordé cette question lors de mon entretien avec Monsieur Laurent Batut car je crois à l’approche par immersion des Français de l’étranger.
L’Ambassade se heurte à une réelle difficulté pour engager un dialogue sur le bilinguisme avec les autorités locales.
En Angleterre, les langues vivantes sont obligatoires au primaire mais ont cessé de l’être au secondaire depuis 2004. D
evenant de simples options, celles-ci sont délaissées pour des matières permettant une trajectoire professionnelle plus directe. Convaincu de la globalisation de la langue anglaise à l’échelle mondiale, les autorités ne semblent pas inquiètes de la situation.
L’Ambassade n’a jamais envisagé de travailler avec les élus pour un lobbying politique de cette action. Il semble pourtant qu’un des rôles des élus des Français de l’étranger soit un rôle de soft power, qui pourrait s’avérer utile pour dialoguer avec nos interlocuteurs britanniques sur la question du bilinguisme.
J’ai bien conscience des limites du LabelFrancEducation qui n’a reçu aucune demande au RU car cela ne correspond apparemment pas aux attentes des écoles anglaises.
William Nguyen de l’AEFE a affirmé au dernier Comité de Pilotage du Plan Ecole que les règles ont été assouplies : seuls 20% des cours doivent être en français, la présence d’un enseignement titulaire de l’Education Nationale n’est plus obligatoire et il devient gratuit pour les écoles publiques. J’espère que ces nouvelles règles encourageront les écoles britanniques.
Les Free Schools sont aussi des initiatives intéressantes qu’il faut suivre attentivement. Les programmes pédagogiques de ces écoles sont très flexibles et permettent donc un accès au bilinguisme.
Je sais que ces structures sont encouragées dans le cadre de l’objectif 2 mais peut-être faut-il aller plus loin et les regrouper en réseau comme c’est actuellement le cas pour les FLAM via le Parapluie FLAM.
Vous avez rencontré lors de votre visite à Londres, le nouveau proviseur du Lycée Winston Churchill comme M Letournel, Attaché de coopération pour le Français à l’Ambassade de France, quels ont été les sujets abordés ?
J’ai rencontré Madame Rabaté afin de discuter de l’ouverture du Lycée International de Londres, du recrutement des enseignants et des agents administratifs mais aussi de la campagne de recrutement.
Nous avons bien évidemment abordé la question des frais de scolarité et le besoin d’une communication transparente auprès des familles.
Avec son expérience aux Etats-Unis et sa claire vision des enjeux londoniens, je pense que le LIL est entre de bonnes mains.
Ayant occupé le même poste il y a quelques années au sein de l’Ambassade de Stockholm, j’ai eu beaucoup de plaisir à rencontrer Monsieur Letournel.
En tant que fervent défenseur de la francophonie et de l’action des FLAM, j’ai été très heureux de discuter du Parapluie FLAM et des différents programmes qu’il a mis en place pour étendre la présence du français en Angleterre.
Je suis avec beaucoup d’intérêt la progression du Parapluie FLAM : ces écoles du samedi sont un lien essentiel pour les familles françaises dont les enfants sont scolarisés dans des écoles britanniques.
Je suis ravi de voir que la création du Parapluie les fédère et leurs permette d’échanger des bonnes pratiques. J’espère que cette initiative pourra s’étendre et rayonner dans le nord de la circonscription.
Entretien réalisé par Sabine Cros, Mai 2015