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Cerveau : tout se joue jusqu’ à 25 ans !

AVE25ansIl y a quelques décennies, on pensait que le cerveau atteignait sa maturité anatomique vers cinq ou six ans. Les changements comportementaux observés à l'adolescence étaient alors attribués aux hormones. 

 

On sait maintenant que le développement neuro-anatomique du cortex préfrontal se prolonge au moins jusqu’à 25 ans !

En effet, au cours des deux dernières décennies, l’imagerie par résonnance magnétique (IRM) a permis de constater des changements significatifs dans les aires cérébrales associatives d’ordre supérieur qui gèrent les fonctions cognitives complexes impliquées, entre autres, dans l’intelligence sociale ainsi que dans la planification et le contrôle du comportement. Ce qui suggère que ces aptitudes sociales de haut niveau seraient encore en cours de développement pendant l’adolescence.

L’épaisseur de la «matière grise» et donc du nombre de connexions neuronales augmenteraient peu à peu tout au long de l’enfance, dans ces régions du cerveau, atteignant leur maximum aux environs de la puberté. On constaterait ensuite un amincissement graduel de cette « matière grise » tout au long de l’adolescence, reflétant un tri, une sélection des synapses les plus efficaces, aboutissant petit à petit à des circuits neuronaux plus optimaux.

Par ailleurs, l’IRM a permis d’observer, toujours dans le cortex préfrontal, une augmentation significative de la «matière blanche» et ceci jusqu’à 25 ans ! Cette «matière blanche» ou gaine de myéline s’enroulent progressivement autour des fibres axonales, améliorant l’isolation des neurones et accélérant ainsi peu à peu la transmission des signaux à l’intérieur du cerveau, le rendant de plus en plus performant.

D’un point de vue anatomique, le cerveau de l’adolescent est donc encore en construction. Il a été aussi démontré que les adolescents utilisent leur cerveau différemment des adultes.

Les émotions sociales, comme par exemple l’embarras ou la culpabilité, sont des émotions impliquant une prise en compte des croyances ou sentiments d’autrui. Or grâce à l’IRM fonctionnelle (IRMf) qui scanne le cerveau en « action », les scientifiques ont constaté que lors de la réalisation de tâches qui reposent sur les émotions sociales, l’aire du cerveau impliqué dans les interactions sociales (le cortex préfrontal médian) était plus fortement activée chez les adolescents que chez les adultes.

Une des hypothèses serait que les adolescents procéderaient par « essais et erreurs », pour résoudre ces situations cognitives, du fait qu’ils sont encore au stade de l’accumulation d’expériences. Leurs compétences sociales seraient encore en cours d’apprentissage, ils n’utiliseraient pas les connexions neuronales de manière optimale mais « tâtonneraient » pour répondre à la situation socio-émotionnelle.

L’intelligence sociale s’appuie aussi sur les fonctions exécutives, permettant la régulation des comportements, la gestion des émotions et la réalisation de prévisions : penser avant d’agir, rester calme lorsque que l’on se sent attaqué physiquement ou verbalement, se concentrer sur une tâche ou suivre le fil de plusieurs faits conditionnels à la fois. Il a été maintenant démontré que les parties du cortex préfrontal permettant ces fonctions exécutives continuent de mûrir. Des compétences telles que la lecture des émotions sur le visage d’autrui, la capacité à se mettre à la place de l’autre et à résister à l’influence de ses pairs, utiles dans les situations aussi bien sociales que non sociales, se développent donc tout au long de l’enfance mais particulièrement au cours de l’adolescence !

Ces découvertes médicales posent la question des besoins spécifiques des adolescents dans la conception des environnements d’apprentissage et de socialisation. Les programmes scolaires mais aussi ceux d’insertion professionnelle devront sans doute à l’avenir intégrer ses nouveaux paramètres, et certains se posent même la question de faire correspondre l’âge de la majorité à celui de la maturité du cerveau !

 

Guillemette Gaigneux, 10 février 2014

 

Guillemette Gaigneux formatrice certifiée en Discipline Positive http://www.disciplinepositive.fr

Sources
Blakemore S.J., 2008, « The social brain in adolescence », Nature Reviews Neuroscience, 9(4), 267-277

 

 

 

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