Aimer lire un livre

Sélection livres pour Noël de la Librairie Lapage

Aimer lire un livre


Romans

Coin des adultes


L’homme-joie, Christian Bobin, Editions Iconoclaste, 30 août 2012, 192p.

Dans le gris et le froid qui s’installent, Christian Bobin nous offre du bleu, du ciel, du printemps et par la magie de ses mots, diffuse sur le monde une lumière douce et apaisante. Depuis plus de trente ans, il nous donne à rêver avec ses récits emplis de poésie et d’humanité.

Son génie se devine aux titres mêmes de ses livres : « Éloge du rien », « Le très bas », « Autoportrait au radiateur », « Une bibliothèque de nuages »…et aujourd’hui « l’homme-joie ». Son écriture se distingue par sa simplicité et sa musicalité : ses récits sont tels des tableaux à admirer, des parfums à sentir, des mélodies à écouter.

Construit en quinze moments, ponctués de petites notes manuscrites, « l’homme-joie » nous parle d’êtres chers (son père, son amie Ghislaine) de figures emblématiques (Soulages, Glenn Gould) et de petits morceaux de vie qui sont autant de visions et d’émerveillements.

Avec toute la délicatesse et la sagesse qui le caractérisent, Christian Bobin arrive à nommer le plus fragile de la vie, à décrire l’éphémère, le quotidien, le mortel. Ainsi, il nous amène à voir l’essentiel, à reprendre confiance et à retrouver le sourire !

   

Simon Weber, Jean Mattern, Editions Sabine Wespieser, 23 août, 155p.

« Simon Weber » est le dernier tome d’une trilogie entrelaçant l’histoire d’une famille sur trois générations. Ces trois courts romans décrivent le parcours de trois hommes qui se débattent avec leurs destinées. Dans « Les Bains de Kiraly », Gabriel se perd et se cherche une identité dans les rues de Londres, dans « De lait et de miel », le père de Gabriel, immigre en France pour offrir un avenir plus doux à sa famille et enfin avec « Simon Weber », c’est le fils de Gabriel, qui s’enfuit en Israël pour trouver du sens à sa vie. Dernier récit d’autant plus poignant, qu’il aborde la maladie dans toute sa violence et son injustice…

Simon n’a que 19 ans quand il apprend qu’il a une tumeur au cerveau inopérable, qu’il ne lui reste plus qu’à subir une chimiothérapie et à espérer une rémission. Orphelin de mère, il vit depuis des années avec un père trop attentionné dans une vie trop organisée et décide de partir à Jérusalem pour suivre Amir qu’il vient à peine de rencontrer. Fasciné par l’histoire et troublé par la puissance spirituelle et religieuse de la ville, il essaie de démêler ses sentiments, de voir clair dans ses relations avec Amir, avec les femmes et avec son père. Une triangulaire s’installe très vite entre les trois hommes, Simon-Amir-Gabriel où chacun est motivé par le même désir d’être aimé, de se projeter dans l’autre et de laisser une trace dans l’avenir. Les sentiments seront d’autant plus exacerbés que la maladie est de plus en plus présente et menaçante avec le rendez-vous chez le médecin qui se rapproche. Les personnages devront briser des silences et se mettre à nu pour enfin se comprendre. Une écriture délicate et incisive, qui reste pudique et ne tombe jamais dans le mélodramatique. Un beau moment de vérité et d’humanité.

   

70% acrylique 30% laine, Viola Di Grado, Editions Seuil, 23 août 2012, 234p.

Premier roman très attendu d’une jeune Sicilienne de 24 ans, qui a secoué le monde littéraire italien l’année dernière et obtenu le prestigieux prix Campiello Opera prima. On peut parler de conte trash, de roman coup de poing, de cri de guerre, on peut passer son tour ou prendre son courage à deux mains….

Une mère et sa fille sont enfermées dans un mutisme total depuis la mort brutale du père. Dans un Leeds plus gris et glacial que jamais, les deux femmes vivent recluses dans un appartement, hors du temps, coupées du monde extérieur. L’une passe ses journées à photographier des trous et l’autre s’acharne à coups de ciseaux sur des vêtements récupérés dans les poubelles. Ambiance crépusculaire dans une maison hantée par le dégoût, les vomissures et la souffrance. Une lueur d’espoir surgit quand Camélia, la fille, rencontre deux frères chinois qui tiennent une boutique de vêtements excentriques. Elle reprend l’étude des idéogrammes chinois avec Wen et réveille ses sens avec Jimmy. La magie du langage opère et semble introduire un semblant de beauté et de vie dans leur univers.

Viola Di Grado décrit le mal être et la noirceur de ses personnages avec une rage poétique étonnante. Elle taille avec agressivité dans les mots, elle bouscule le rythme de ses phrases et provoque une lecture oppressante, sans temps mort, sans répit. Les rares moments de complicité, de tendresse, d’humour ou simplement d’humanité sont comme des bouffées d’air, puis le malaise reprend le dessus…

   

Invulnérable, Iris Wong, Editions Stock, 22 août 2012, 144p.

Après « Héroïque » (2007) qui explorait la violence et la confusion d’une adolescente envers son père, Iris Wong est de retour avec la même fureur et s’attaque au bistouri aux relations amour/haine entre mari et femme.

Se retrouver en tête à tête avec le cadavre de son mari qui vient de se pendre, se confronter aux pires regrets, angoisses et fantasmes…l’héroïne est habitée par une telle ambition qu’elle décide de relever le défi, et d’en sortir plus invulnérable que jamais. Motivée par une volonté de puissance hors de commun, cette chef de cabinet de la ministre de l’Écologie, a construit toute sa vie autour d’un but ultime : devenir la première femme présidente de la République française, et ne peut pas accepter que le suicide de son mari compromette ses plans.

Dans ce face à face avec elle-même, la jeune femme dialogue avec sa culpabilité et interpelle son chagrin « Qu’est-ce que tu attends? Manifeste-toi! « . Elle tente de s’infliger une véritable catharsis dans l’espoir de dénouer sa douleur et d’apaiser sa haine des autres et surtout d’elle-même.

« Invulnérable » est un roman provoquant et malodorant (des gaz putrides s’échappent du cadavre) qui se fraye courageusement un passage au plus profond et au plus noir de la nature humaine.

   

Viviane Elisabeth Fauville, Julia Deck, Editions De Minuit, septembre 2012, 154p.

Remarquable et détonant premier roman, « Viviane Elisabeth Fauville » raconte la dérive d’une femme troublée, fragmentée, qui vient d’assassiner son psychanalyste après une remarque désobligeante !

Il faut dire que Viviane passe par une période difficile, avec un bébé de quelques semaines et un mari qui vient de la quitter. Il faut vivre les malaises vertigineux, les trous de mémoire, les bouffées de panique. Il faut suivre la cadence des allers-et-retours à pied, en bus, en métro dans un Paris sombre et impersonnel et supporter l’indifférence des policiers, des bistroquets, des infirmières et des médecins…il faut faire l’incroyable expérience de cette errance, de cette descente vers la folie.

L’écriture est dense, rapide, rythmée et le récit suit une construction originale, rigoureuse et incroyablement efficace. Par un jeu de pronoms personnels (la narratrice passe alternativement du « vous » au « elle » au « je ») Julia Deck s’amuse à modifier notre angle de vue, notre distance par rapport au personnage. Elle nous ballotte, nous déstabilise et finit par installer le trouble dans nos esprits et venir ébranler nos certitudes. Personnalité multiple ? Réalité maitrisée ? Illusion d’exister ? Une foule de questions surgissent de ce texte brillant et surprenant.

   

Le sermon sur la chute de Rome, de Jérôme Ferrari, Editions Actes Sud, 22 août 2012, 208p.

On retrouve toute la force et l’écriture infiniment juste de Jérôme Ferrari dans ce roman, dont le sujet semble bien loin des tortures évoquées dans Où j’ai laissé mon âme, son titre précédent. Pourtant ce sont toujours les tréfonds de l’âme humaine que l’auteur explore, la difficulté d’échapper à son passé, la différence entre les idées, les rêves, et la froide réalité à laquelle on ne peut échapper.

A travers le quotidien d’un bar en Corse, qui va passer de main en main de façon plus ou moins heureuse, Jérôme Ferrari développe une intrigue intergénérationnelle. Marcel, le grand père de Mathieu, d’une composition frêle et sujet aux maladies bégnines mais nombreuses, passe sa vie à regretter le chemin qu’il lui a été donné à parcourir, tandis que son frère forçait l’admiration en rentrant de ses permissions, lui qui combattait en Asie pendant que Marcel ne pouvait prétendre à rien dans l’armée.

Des années plus tard, Mathieu renonce à ses prometteuses études de philosophie pour reprendre ce bar Corse en perdition, avec l’intime conviction que son meilleur ami et lui peuvent faire de ce lieu un symbole de réussite, et enfin approcher le « meilleur des mondes possibles ».

Jeunesse

10+


Victoria rêve, Timothée de Fombelle, EditionsGallimard jeunesse, novembre 2012, 112p.

À ceux qui ont pu parcourir les arbres avec Tobie Lolness, ceux qui ont su cavaler sur les toits de Paris avec Vango, et aux autres qui n’ont pas eu encore la chance, le privilège, de vivre une aventure de Timothée de Fombelle : il est grand temps de rêver avec Victoria !

Une petite collégienne qui habite la ville « la plus calme du monde occidental », dans une maison des plus banales, avec des parents terriblement sérieux, s’évade de cette monotonie par la magie des livres et la fantaisie de ses rêves.

Son désir de Merveilleux (avec un grand M) est si fort qu’il suffira que le petit Jo lui demande où sont passés « Les trois cheyennes » et qu’elle croie apercevoir des éperons aux pieds de son père, pour qu’elle bascule toute entière dans un Western… Rêve et réalité se mêlent, rebondissements et poésie se croisent, et mondes des adolescents et des adultes se rencontrent.

Un magnifique récit qui parle de la vie avec sincérité, humour et délicatesse. Et un superbe hommage à la littérature jusque dans les merveilleuses illustrations de François Place.

BD

5+


Magasin Général T.8 Les femmes, Loisel & Tripp, Editions Casterman, novembre 2012, 88p.

L’hiver est là, les hommes reprennent le travail dans la forêt, tout est calme… Enfin… Marie ne sait décider qui de Mathurin ou d’Ernest est le père de l’enfant qui lui pousse dans le ventre, et le jeune curé Réjean se pose tant de questions existentielles qu’il a du mal à accomplir le service religieux.
Mais les bigotes du village sont bien décidées à ramener le village dans le droit chemin !

   

Les nouvelles aventures de Lucky Luke T.5 Cavalier seul, Pennac, Benacquista, Ashdé, Editions Lucky Comics, octobre 2012, 48p.

Les Dalton se séparent !!! Après un énième coup raté, Jack, William et Averell décident enfin de s’émanciper et de destituer Joe. Chacun des frères partira de son côté, et celui qui, le premier, gagnera un million de dollars sera le nouveau chef des Dalton.

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