Sélection janvier 2013


Heureux les Heureux, Yasmina Reza, Editions Flammarion, janvier 2013, 185p.

Avec son roman kaléidoscopique ‘Heureux les Heureux’, Yasmina Reza s’impose comme l’une des stars de la rentrée littéraire de janvier. Tour à tour, elle donne la parole à chacun de ses 18 personnages qui racontent, sous la forme d’un monologue, une tranche de leur vie, un événement particulier de leur existence, dévoilant sans complaisance leurs états d’âme. Robert est aigri. Sa femme Odile est malheureuse. Leurs meilleurs amis ont un lourd secret. Etc. Grâce à sa plume déliée, son imagination débordante et son humour teinté de sarcasmes, Reza donne une autre dimension à des situations du quotidien a priori banales. Mais sous le masque des apparences chacun de ses narrateurs se débat avec ses travers, ses angoisses et sa profonde solitude.

   

Tombeau de Nicolas Ier et avènement de François IV, Patrick Rambaud, Editions Grasset, janvier 2013, 220p.

« Ce qui n’était qu’une courte satire devint un projet inédit, celui de retracer un règne dans la durée », confesse l’écrivain en introduction de ce livre qui constitue le sixième et ultime épisode de ses ‘Chroniques du règne de Nicolas Ier’. Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy en 2008, Patrick Rambaud a publié chaque année, au mois de janvier, un ouvrage compilant les événements politiques et sociaux marquants de la présidence. Ce dernier tome s’inscrit dans la veine des précédents et utilise la même recette à succès: une histoire romancée et caustique, des héros caricaturés mais réels. Certes, comme l’indique le titre, il est surtout question des derniers soubresauts de la gouvernance du président sortant, des déconvenues de M. Sinclair de Strauss-Kahn et des manigances de valets. Toutefois, la succession au pouvoir de François IV est également évoquée et sa marquise de Pompatweet n’est pas épargnée. Incisif, piquant, et très informé.

   

Indigo, de Catherine Cusset, Editions Gallimard, janvier 2013, 310p.

Indigo, le dernier roman de Catherine Cusset, a la douceur d’un été indien. C’est tout d’abord un voyage en Inde, à travers les yeux de visiteurs divers : Géraldine organise un séminaire à l’Alliance Française de Dehli, qui réunit Charlotte, Roland et Raphaël, arrivant chacun avec leur histoire personnelle.
C’est aussi un voyage initiatique pour chacun d’entre eux, débarqués à Dehli avec  leurs histoires d’amour, d’amitié, leur enfance à vif et leur passé qui resurgit dans les ruelles de la ville, sur un rickshaw ou au détour d’une rencontre. Charlotte vient pour la première fois et ce pays lui rappelle à chaque instant une amie récemment décédée. Roland au contraire connait bien les lieux et pourchasse le souvenir d’un ancien amour. Quant à Raphaël, c’est Géraldine qui le reconnaitra et le confrontera à ses démons.
Indigo porte la mélancolie des relations humaines, avec la difficulté qu’elles transportent, mais aussi la chaleur d’une promenade sur la plage. Un grand roman, profond et… distrayant à la fois !

   

L’abandon du mâle en milieu hostile, Erwan Larher , Editions Plon, janvier 2013, 240p.

L’auteur du génial Autogénèse revient avec un nouveau titre mettant en scène un jeune couple improbable. Lui, bourgeois dijonnais conventionnel, elle punkette solitaire ; ils se rencontrent au Lycée, deviennent colocataires puis amants. Ce sont les années de félicité, ils se marient, elle devient une auteure reconnue… Pourtant, un évènement va bouleverser cet idyllique tableau, remettant en question les repères et certitudes du narrateur.
Erwan Larher questionne le sentiment amoureux à travers le parcours initiatique du narrateur. Connaissons-nous vraiment ceux que nous aimons ? Nos idéaux sont-ils des leurres, ou au contraire d’indispensables marchepieds vers le bonheur ? Autant de questions qui veinent ce livre prenant et surprenant autant par sa forme narrative, légère et joueuse en apparence, que par son histoire et sa thématique.

   

Je vais mieux, David Foenkinos, Editions Gallimard, janvier 2013, 300p.

De quoi égayer un peu ces longues journées d’hiver : le dernier Foenkinos est un vrai bonheur de lecture, et on retrouve avec un plaisir non dissimulé l’écriture tendre, rêveuse et joyeuse qui a fait le succès de La Délicatesse. Cette fois, le point de départ d’heureuses digressions est un mystérieux mal de dos qui bouleverse la vie du narrateur, symbolisant les échecs et frustrations marquants de son existence. Cette douleur intense devient pourtant peu à peu sa voie vers la rédemption. Notons aussi la parution simultanée en Folio de son précédent roman, d’inspiration plus autobiographique, Les Souvenirs.

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