Rentrée 2014, la semaine de quatre jours et demi pour les français
Pour mettre fin à la fatigue et aux difficultés scolaires inhérentes à la semaine de 4 jours instauré par Xavier Darcos en 2008 (144 jours travaillés en France pour les élèves contre 187 en moyenne alors dans les pays de l’OCDE), la réforme des rythmes scolaires menée par Vincent Peillon, alors ministre de l’Education, décidait de mieux répartir les heures de classes initialement sur 4 jours sur une semaine de 4 jours et demi.
Concrètement, les enfants se rendent désormais à l’école 5 matins par semaine au lieu de 4. La matinée supplémentaire se déroule le plus souvent le mercredi matin. C’est là le principal changement. Le volume d’heures d’enseignement sur la semaine n’est pas modifié, soit 24 heures au total.
C’est pourquoi les plages horaires libérées par la nouvelle organisation du temps scolaire sont utilisées pour des activités périscolaires qui nécessitent moins d’effort de concentration pour l’enfant. Elles sont proposées par les communes et s’accompagnent d’une prise en charge des enfants au moins jusqu’à 16h30.
Sur le terrain, cette réforme a connu de nombreux problèmes d’application et en mai dernier 2013, Benoit Hamon assouplissait sa mise en œuvre par décret. A la rentrée de septembre après quelques réticences de la part d’élus, la réforme trouvait sa bonne application et les élèves le banc de leurs écoles.
Sur le sujet des vacances estivales, Vincent Peillon en février 2013 avait souhaité modifier les vacances d’été dans sa réforme sur les rythmes scolaires, cela en préconisant un zonage l’été, deux zones de six semaines chacune précisément. Devant les difficultés rencontrées dans la mise en place de sa réforme, cette question fut rapidement mise de côté.
L’école anglaise organise 5 jours travaillés et songe à réduire ses congés
Le système éducatif britannique n’est pas centralisé comme celui de la France. En Grande Bretagne, celui-ci est régis par des textes nationaux mais les responsables des établissements jouissent d’une grande autonomie de gestion et organisent le temps scolaire. Ainsi, la journée anglaise (190 jours au total), du lundi au vendredi, commence à 9h pour s’achever vers 15h ou 16h, avec une pause méridienne d’une heure, et des activités postscolaires payantes organisées par l’école. Ici, la place et le rôle des activités scolaires, culturelles et sociales sont largement considérés.
Ramener les congés d’été à 1 mois améliorerait-il l’efficacité de l’enseignement ? La question est posée en Angleterre par l’Association Nationale des Chefs d’Etablissements (NAHT). Elle suggérait récemment, se ralliant ici à la position de l’exécutif anglais, de réduire la pause estivale à un mois et de répartir les deux semaines restantes ailleurs dans l’année en invoquant la fatigue des enseignants et des élèves en fin de trimestre.
Le Royaume-Uni compte déjà des vacances d’été particulièrement courtes par rapport aux usages européens avec seulement six semaines. En comparaison, la pause estivale britannique est moitié moins importante que celle de la Bulgarie, l’Estonie, Italie et Turquie, où les écoles ferment pendant 13 semaines chaque été. Singapour ferme ses écoles pendant sept semaines et les Etats-Unis ont des vacances d’été de trois mois…
Les responsable politiques anglais estiment que les vacances scolaires sont ici trop nombreuses et un allongement des journées trop courtes : 190 jours d’école par an contre 208 jours en Allemagne. Leur souhait est une école compétitive aux élèves ambitieux comme en Chine, Hong Kong ou Singapour où les élèves sont plus résistants à l’effort et où les cursus scientifiques dominent les classements.
Sur le terrain jusqu’à présent, seule les Academies et les Free school, écoles subventionnées mais décentralisées en Angleterre, ont le pouvoir de modifier leur calendrier scolaire. Pour autant, peu d’entre elles ont choisi de faire des changements radicaux en raison des conséquences pour les parents et enseignants ayant des enfants dans d’autres écoles.
Aujourd’hui, le débat est donc relancé. Il constitue un sujet aux enjeux économiques importants. Selon la presse britannique, les vraies raisons de modifier le calendrier scolaire des élèves sont ailleurs. Selon elle, dans son travail de déréglementation le gouvernement anglais franchit une nouvelle étape. En effet dès septembre, les chefs d’établissements des écoles publiques auront le droit de fixer les dates des vacances de l’établissement en étant ouvert pour un minimum de 190 jours par an. Il n’y aura plus de calendrier national. Or, le système éducatif très décentralisé offre aux parents une totale liberté concernant l’inscription de leur enfant.
Il s’agira alors pour les établissements de poser de la façon la plus judicieuse les congés qui pourront être attractifs car source d’économies pour les parents. L’école gérée comme un business ? L’exercice a déjà une limite : comment concilier la vie familiale quand les enfants sont scolarisés dans plusieurs écoles ?
Sabine Cros
22 septembre 2014
SOURCES :
• Décret 8 mai 2014 J.O. « portant autorisation d’expérimentations relatives à l’organisation des rythmes scolaires dans les écoles maternelles et élémentaires »
• Article BBC News : http://www.bbc.com/news/education-27260436
• Richard Adams, education editor , The Guardian, Sunday 4 May 2014, http://www.theguardian.com/education/2014/may/04/schools-teaching
• Stephen Exley, The heat is on over long summer holidays, Times Education Supplement (TES), 2 May, 2014