Romans – selection avril 2012


Quand reviennent les âmes errantes, de François Cheng, Albin Michel,  avril 2012, 155p.

François Cheng revisite dans ce conte philosophique et poétique un épisode authentique de l’histoire de la Chine, survenu pendant le règne du « Premier Empereur » Shi Huangdi (227-201 av. J-C). Maladivement superstitieux, d’une paranoïa et d’une cruauté extrêmes, le souverain échappa à nombre de tentatives d’assassinat, dont celle relatée dans ce récit. On y découvre le destin d’une jeune fille vendue par ses parents, et qui après maints déboires se lie d’amitié avec deux jeunes garçons. Leur jalousie les mènera à leur perte lorsqu’elle deviendra l’une des concubines de Shi Huangdi…

 


Second tour ou les bons sentiments, d’Isabelle Monnin, Lattès,  février 2012, 221p.

Livre politique ? Livre d’Amour ! Une histoire vieille de trente ans où deux amours de jeunesse se retrouvent, abimés par la vie mais toujours pleins de tendresse. Pierre, ancien journaliste de guerre qui a perdu un œil et Jeanne mère au foyer aux rêves non assouvi  sont réunis pour le temps de la soirée d’anniversaire d’un ancien camarade. Sur fond de musique années 80’s et de passé de militant abandonné, ces deux âmes tentent de se ré-apprivoiser. Une terrible nostalgie, une douce tristesse, un second tour des sentiments où l’on rêve que tous les candidats ressortent gagnant.

 


La belle amour humaine, de Lionel Trouillet, Actes Sud, août 2011, 169p.

Haïti, ce n’est pas que le drame du tremblement de terre et la misère des bidonvilles. L’île compte aussi de merveilleux écrivains, des conteurs, comme Lyonel Trouillot dont « La belle amour humaine » faillit gagner le Goncourt, étant parmi les quatre finalistes. Un magnifique roman qui rend hommage à la belle part de la vie haitïenne, à la beauté et la sincérité d’un pays que l’on connaît mal.

Anaise, une jeune occidentale débarque sur l’ile. Elle veut revenir sur la terre de ses ancêtres, le petit village d’Anse-à-Fôleur, là où son père vécut et d’où il a fui un jour mystérieusement. Dans l’espoir de retrouver les traces de ce père qu’elle a à peine connu et d’éclaircir l’énigme qui fonde son roman familial, elle monte à bord de la voiture de Thomas…là, va commencer son initiation à un autre monde. Tout au long du trajet, son chauffeur ou plutôt son guide va lui conter, lui souffler, lui faire vivre l’histoire de son ancêtre et l’âme d’un village.

Dans une langue voluptueuse, poétique et à la fois juste et profonde, Lyonel Trouillot nous invite à nous poser des questions, à laisser de côtés nos idées préconçues sur la société haïtienne, sur le monde en général, sur nos rapports entre humains, notre rapport à la mort et à la vie. Il nous trouble, nous dérange autant qu’il nous fascine, et par là nous aide à mieux penser, et peut être à mieux vivre : « Quel usage faut-il faire de notre présence au monde ? »

 


Mon doudou divin, Katarina Mazetti, Gaïa, mars 2012, 213p.

Journaliste-pigiste sans le sou et en manque d’inspiration, Wera décide de participer à un stage en spiritualité à la Béatitude, après avoir trouvé une annonce dans son supermarché local. Bien décidée à tourner cette expérience en article à succès pour la presse féminine, la voilà qui s’embarque dans un voyage loufoque dans la quête du sacré. Sur place, elle rencontre un apprenti-gourou, une ‘petite mère’, un iranien, une femme grise, un médecin radié et une bureaucrate. Les sept personnages de ce récit rocambolesque et léger trimbalent tous leurs histoires de vie. En croient croient-ils ? Mais surtout, pourquoi sont-ils là ?

 


L’Anglaise – Catherine Lépront, Seuil,  janvier 2012, 258p.

Dans une vieille demeure au bord de la mer, à la station de Saint-M., Émile, un sexagénaire célibataire endurci, fait vivre sa famille : sa mère Elisabeth H, ancienne résistante, dite « la Florès » et toute une tribu de demi-soeurs globalement appelées les COAC (la première lettre de chaque prénom). Il est décorateur d’intérieur, collectionneur et se retrouve harcelé au téléphone par une inconnue à l’accent anglais, que tout le monde surnomme « l’ Anglaise ». On fantasme sur cette Anglaise dont Émile serait amoureux et qui serait amoureuse d’Émile. On finit par apprendre que cette Anglaise aurait des vues sur la maison du voisin…

L’intrigue se noue sous un regard collectif. Catherine Lépront s’amuse à raconter cette histoire au pluriel, elle parle au nom de « nous » : au nom des villageois de Saint-M., des voisins, des curieux, des amis et donc des lecteurs qui nous trouvons de fait, impliqués dans les ragots et les spéculations des uns et des autres.

Tout le plaisir va finalement être, non pas de découvrir l’identité de cette étrangère, mais de rôder autour de cette famille puis de s’attacher aux personnages et de lire leurs émotions les plus profondes, leurs forces et leurs faiblesses. Dans un décor vivifiant de falaises abruptes et d’effluves iodées, leurs destins nous apparaissent en pleine lumière. Un roman qui rayonne d’intelligence et de poésie.

 


L’éclaircie, Philippe Sollers, Gallimard,  janvier 2012, 234p.

Dominé par la figure de Berthe Morisot (artiste-peintre du mouvement Impressionniste et belle-sœur d’Edouard Manet), ce roman de Philippe Sollers parle avant tout de peinture et d’amour.

Sur fond de références culturelles, artistiques et littéraires foisonnantes, qui sont le véritable sujet de cet opus,  l’auteur rend hommage aux femmes : à Lucie, la maitresse, et Anne, la sœur disparue que lui rappelle sa nouvelle liaison.

Cependant, comme dans Trésor D’Amour, le fil romanesque et l’intrigue passent au second plan, laissant place à la musicalité des mots et des phrases.

 


La malédiction de Galigaï, de  Jean d’Aillon, Flammarion, janvier 2012, 531p.

Qu’est-ce qu’un Foncet, un Heus ou encore un Bardachon ? Bientôt ce vocabulaire moyenâgeux vous sera familier et vous entrainera dans un complot historique aux personnages plus retors les uns que les autres.

Avec la malédiction de Galigaï, Jean d’Aillon signe un polar historique pointu et enivrant. Il nous emporte dans un univers qu’il connait sur le bout des doigts et crée une intrigue haletante.

Ce livre est destiné aux passionnés du Moyen-Age mais aussi à tous ceux qui pensent encore que l’Histoire c’est barbant.

 


Sheridan Square, de Stéphane Héaume, Seuil, février2012, 302p.

Sheridan Grimwood, homme d’affaire en vue et mécène apprécié des milieux artistiques new-yorkais, est un symbole de réussite jusqu’au soir où il croise son double, sorte d’âme sœur maléfique avec qui il scelle un pacte faustien. Seuls ses sentiments pour la romancière Emily Stein pourraient l’empêcher de commettre un acte irréparable… Laissez-vous happer par ce livre chargé d’une grande intensité dramatique, à la façon d’un opéra.

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