• Combien d’enfants avez-vous et de quel âge ? Dans quelles écoles vos enfants étaient scolarisés à Londres ?
J’ai deux filles, Henriette douze ans et Tatiana neuf ans. A Londres, où nous avons habité pendant vingt ans, mes filles étaient scolarisées dans une école privée de filles, Glendower à South Kensington, proche du Lycée Français. Nous avons déménagé à Genève il y a maintenant quatre ans.
• Votre retour a-t’il été un choix pour vous ? Si oui quelles ont été vos principales interrogations pour partir ou rester à Londres (pour déterminer ce choix) ?
Le retour a en effet été un choix et j’ai eu la chance que mon mari, Britannique, ait été muté à Genève, pour la banque où il travaille. Londres fut une ville merveilleuse à habiter, mais venant d’un aussi beau pays que la Suisse, je sentais que la vie pour les enfants y serait plus agréable, avec notamment moins de stress à l’école et plus de proximité avec la nature.
• Avez-vous trouvé facilement les informations sur les écoles pour vos enfants à Genève? Et aujourd’hui en êtes-vous satisfaite ?
En effet, quand nous sommes retournés en Suisse, où les enfants n’avaient jamais habité, il y a eu la grande question des écoles. J’avais entendu dire que l’école publique à Genève n’était plus ce qu’elle avait été suivant les villages ou quartiers… Sachant que le niveau de français de mes filles n’était pas bon, le choix de les mettre en école privée s’est imposé, avec un suivi équivalent de leur école privée à Londres. Il y a un grand nombre d’écoles privées à Genève, et l’enfant peut y rentrer sans examen. Les places y étant prisées, je pense par conséquent qu’il est important de donner un bon carnet des enfants (livret scolaire) !
Le plus important pour nous fut que les enfants s’adaptent à la vie genevoise, nous avons donc opté pour une école traditionnelle protestante et non une école telle que l’Ecole Internationale, avec trop de passage et de nationalités diffèrentes. Il est, en effet, important pour nous que les enfants s’ancrent dans un pays et y adoptent les traditions, sans l’idée d’être «expats». A Londres, elles étaient aussi dans une école traditionnelle londonienne.
• Comment avez-vous préparé vos enfants à leurs nouvelles vies ? Quels étaient selon vous leurs sentiments face à ce gros changement ? Comment ont-ils réagi ?
Nous avons eu le choix de partir au milieu de l’année scolaire, ce que je n’ai pas souhaité pour mes enfants. Je pense qu’il est important qu’ils changent d’école à la rentrée, avec tous les autres enfants, les groupes d’amis alors n’étant pas encore formés et l’enfant ne se sentant, de fait, pas comme «le nouveau».
Mon mari est donc parti en janvier, nous l’avons rejoint en juin. Ensuite, j’ai demandé à l’école en Suisse, si je pouvais avoir la liste des familles – pour rencontrer quelques autres enfants des futures classes de mes filles, avant la rentrée scolaire. Ce fut un peu inquiétant d’appeler des parents que je ne connaissais pas pour les inviter à un « play-date » avec mes filles… Finalement cela s’est très bien passé. Tous les parents ont compris mon geste et ont invité mes filles à jouer avec leurs enfants. Ceci a bien aidé la rentrée pour mes filles car elles avaient déjà ainsi quelques futurs camarades de classe.
Pour être honnête, le changement d’école fut un peu plus ardu qu’espéré. Le français approximatif de mes filles les a pénalisées. Henriette avait neuf ans et a trouvé un niveau sonore dans la classe auquel elle n’était pas habituée et les garçons chahuteurs difficiles à gérer. Elle s’y est faite maintenant !
• Ecole anglaise et Ecole suisse, quelles sont pour vous les différences sur le plan académique, le plan de l’encadrement, de l’esprit de l’école ou des activités annexes dispensées? Vos enfants portent-ils aujourd’hui un uniforme ?
L’école en Suisse est très bien. Le système genevois étant très souple, les enfants ont vite de bonnes notes. Le niveau académique en primaire n’a rien à voir avec celui de Londres. Je pense honnêtement qu’elles sont un peu au « Club Med », si nous examinons leur travail comparé à celui fourni à Londres.
Finalement, je pense que l’école ici s’améliore au niveau académique à partir du collège. Le primaire, comme en Scandinavie, est plus doux. L’encadrement est moins rigide (voir ci-dessus), il n’y a pas d’uniforme (dommage!) et parfois les filles me demandent déjà des habits avec des marques, ce que je n’aime pas.
L’école britannique privée est davantage axée sur les activités annexes, la musique ou le sport. Ici, tout se fait par les parents et à moins d’être Genevois et de bien connaître, les activités sont difficiles à trouver. Mes filles font du piano, solfège, ballet, patinage artistique, hockey, tennis et voile – mais c’est moi le chauffeur ! Rien n’est encadré ou organisé par l’école.
• Si vous deviez citer trois points positifs et trois points négatifs de chaque système scolaire, lesquels seraient-ils ?
Pour moi, les points positifs du système anglais en école privée sont :
- Un esprit plus positif, l’enfant est encouragé gentiment, dans un esprit serein et la curiosité encouragée
- Des activités extra-scolaires formidables
- Le port de l’uniforme qui est très pratique et les bonnes manières de rigueur
Les points négatifs du système anglais sont :
- Ces examens idiots dès l’âge de quatre ans et pendant toute leur scolarité, passage obligé pour pouvoir rentrer dans les écoles privées
- La focalisation sur un cursus académique à un bien trop jeune âge
- Le stress énorme pour les enfants qui n’arrivent pas à suivre
Les points positifs en Suisse pour moi sont :
- La grande mixité, garçons et filles, de milieux et intérêts différents dans les classes, les enfants y apprennent à s’entendre avec tous
- Le système scolaire moins exigeant en primaire
- Les enfants sont plus libres dans tous les sens du terme.
Les points négatifs en Suisse
- Il y a plus de chahut en classe et le maître à plus souvent tendance à faire de la discipline, impensable dans une « prep school » privée à Londres ou les enfants apprennent à être polis et autodisciplinés
- Les enfants apprennent par cœur, plutôt que de réfléchir par eux-mêmes, comme dans le système anglo-saxon
- Le sport et la musique sont pris en charge par les parents. Mes filles à Londres pouvaient faire du théâtre à l’école ou faire partie du club de natation. Ici, ce sont les parents qui cherchent et trouvent les activités extra-scolaires.
• Quels conseils voudriez-vous donner aux familles qui rentrent dans leur pays d’origine ? Et si vous deviez à nouveau déménager ailleurs, vous y prendriez-vous de la même manière ?
Je conseillerais de rencontrer des personnes/familles qui ont été dans la même situation. Les compagnies de relocation font souvent un très bon travail. Rencontrer également des familles/mamans de l’endroit de retour et demander des conseils, surtout en ce qui concerne la réputation des écoles. Si nous devions déménager demain à New-York ou Dubai, je demanderais à tous mes amis et connaissances des contacts sur place. Ensuite il est important de promettre aux enfants qu’ils ne perdront pas leurs amis dans la ville qu’ils vont quitter, grâce à internet. Cela peut être, en conclusion, une expérience très enrichissante !
En savoir plus
- Le meilleur livre ou trouver les informations sur les différentes écoles privées de Genève est :
‘Know-it-all-passport’. - Sinon pour s’inscrire dans les écoles publiques, s’adresser au Département de l’Instruction Publique