Récompenses et autres punitions

Nous savons aujourd'hui que les punitions ne sont pas la solution à nos problèmes éducatifs. Pourquoi ? Et que penser des récompenses ?

Le système de « récompenses » de notre cerveau est un système particulièrement efficace et puissant.

Dès la naissance, un comportement, un aliment, une réaction, s’ils sont liés à un sentiment fort de plaisir seront « récompensés » et permettront de former un lien fort (inconscient) entre cet événement et ce sentiment de plaisir.

Dans l’alimentation, ce système de « récompenses » s’étudie très facilement avec le sucre par exemple.

Les animaux testés vont préférer le sucre à n’importe quel autre aliment ou vont se mettre en danger pour l’obtenir. Le système de récompenses est, par là même, l’un des facteurs importants entrant dans les troubles addictifs.

Nous apprenons par la répétition qu’un comportement nous fait du bien ou nous apporte quelque chose, et ceci en dehors de la réalité.

Fumer une cigarette crée cette boucle de plaisir, même si nous savons parfaitement que ce comportement entraine des risques non négligeables.

Ce système marche aussi très bien en sens inverse. Si un comportement rencontre un sentiment fort de dégout, de souffrance, nous aurons tendance à éviter le comportement, et ce même si celui-ci est positif pour nous.

 

Le système de « récompenses » est très utilisé dans l’éducation des enfants (et des animaux) avec des méthodes de psychologie comportementale.

Une action engendre une punition. Le temps et la répétition de la punition crée un lien action–punition et le sujet évite la punition en évitant l’action.

Nous voyons ici que dans l’éducation, la punition perd son sens. Un éducateur espère que l’enfant comprenne la règle, l’intègre de façon personnelle pour sa propre sécurité et son bien-être à long terme.

Éviter par automatisme une punition (un déplaisir) en évitant une action peut paraître comme une victoire éducative (car l’action négative disparaît) mais elle est de court terme.

La vraie victoire éducative est visible à long terme quand l’enfant ne répète pas l’action pour des raisons valables et comprises.

Concrètement, votre enfant va peut-être ne plus taper son frère, devant vous, car il aura peur de se faire punir, mais non seulement il le fera en votre absence et surtout il ne comprendra pas l’interdit social, ne développera pas son empathie, n’assimilera pas les valeurs filiales. Vous avez donc devant vous un enfant qui semble avoir intégré ces acquis (car il ne tape pas) mais qui en fait a intégré la peur de la réprimande et n’a pas intégré pour lui-même les fondements de l’interdit.

 

Pour aller plus loin, le système de « récompenses » ne devrait pas être utilisé non plus

 

 

Selon le même principe, l’enfant ne fera pas l’action demandée pour lui – même et son bien-être mais bien pour la récompense assimilée à l’action.
Utiliser une récompense pour les tâches ménagères par exemple engendre des difficultés.

Vous demandez de l’aide à la maison car c’est important de participer au bien-être collectif, parceque dans une famille on s’entraide et que c’est important de pouvoir être indépendant. Trois raisons très valables. Vos enfants dans un système de récompenses n’enregistrent pas ces raisons, ils le font pour éviter une punition ou avoir leur récompense.

Il existe un lien entre ce système de « récompenses » externe et la pression des pairs. A l’adolescence, les autres et leurs opinions sont très importants pour les jeunes.

Un adolescent qui fonctionne principalement en système de récompenses externes aura tendance à chercher ses « récompenses » non plus chez ses parents, mais chez ses pairs, ses collègues etc.

C’est ici que la prise de risque est la plus importante. L’ado fera n’importe quoi pour plaire au groupe. Nous parlons de la cigarette, de sécher les cours… mais aussi de sexe, de la drogue, de la prise de risque en général pour se faire accepter en suivant les codes du groupe.

Le système de « récompenses » interne développe chez l’enfant une fierté personnelle, un plaisir lié à une tache choisie. Il permet de savoir quoi faire pour soi, pour son bien-être, pour sa sécurité. Libre de choisir ses actions pour lui et non pas pour plaire et s’intégrer permet au jeune de faire des choix éclairé et sains.

 

Mes conseils

• Enlevez de votre éducation les systèmes de punition et de récompense.

• Réfléchissez aux valeurs et interdits de votre famille. Il faut que vous puissiez expliquer à vos enfants les raisons de vos demandes et limites.

• Laissez l’enfant faire ses tâches seul et réussir seul. Sa victoire sera vraiment la sienne.

• Utilisez le jeu pour que chacun puisse avoir une place dans les taches de la maison.

• Pensez ensemble, communiquer autour des manquements de vos enfants.

• Décrivez plutôt que de complimenter. « Ton dessin est plein de couleurs, tu t’es beaucoup appliqué », « tu as mis le couvert, ça me fait gagner un temps précieux », « ça doit être agréable d’avoir une chambre bien rangé ».

 

Les effets de cette méthode ne sont pas immédiats, vous ne verrez pas de résultats sur le court terme mais ils sont très positifs sur le développement personnel du futur adulte dont vous avez la responsabilité.

 

 

Aude Mouton, novembre 2016

psychologue.mouton@gmail.com

 

 

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