Elue députée socialiste en juin 2012 pour représenter à l’Assemblée nationale les Français établis en Europe du Nord, Axelle Lemaire, désormais remplacée par Christophe Premat, a hérité d’une circonscription incluant dix pays : le Royaume-Uni, l’Irlande, la Suède, la Finlande, le Danemark, la Norvège, l’Islande, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie.
Domiciliée à Londres depuis 12 ans, Avenue des Ecoles l’a interrogée sur sa vision de l’Education au Royaume-Uni et les projets qu’elle soutient.
Quelles sont vos priorités en matière d’Education au Royaume-Uni ?
Une réforme de l’enseignement français à l’étranger est en marche et fait l’objet d’un nouveau Plan d’Orientation Stratégique. (http://www.aefe.fr/vie-du-reseau/toute-lactualite/seminaire-de-reflexion-sur-le-plan-dorientation-strategique-2014-2017-de-laefe).
Mes priorités sont de développer les offres éducatives alternatives ou complémentaires de l’enseignement homologué. Avec l’arrivée constante de Français sur le territoire britannique, il me semble indispensable d’élargir et de diversifier les possibilités d’enseignement du français.
Il est nécessaire d’instaurer une véritable collaboration entre nos deux gouvernements pour développer l’enseignement bilingue francophone dans le système scolaire local, s’appuyer sur les professeurs pour former les maîtres qui enseignent notre langue, développer le label FrancEducation (qui identifie et met en réseau les établissements étrangers proposant des classes bilingues francophones de haut niveau mais qui n’est pas une étape à l’homologation), moderniser le CNED et soutenir les écoles FLAM.
En effet, une partie de ma réserve parlementaire en 2014 a été allouée à différentes écoles FLAM afin de les aider à se mettre en place et je milite pour le maintien de leurs allocations au-delà des cinq ans alloués par le gouvernement. En attendant la création d’un site mondial pour les écoles FLAM, des associations comme le site « www.parapluieflam.org » recense les initiatives locales au Royaume-Uni.
(http://www.axellelemaire.eu/2014/02/attribution-de-ma-reserve-parlementaire-2014/)
Vous vous êtes donnée comme mission d’aider les familles en difficulté, qu’en est-t-il de vos projets ?
En ce qui concerne les écoles homologuées, le budget des bourses scolaires (programme 151) est le seul budget en hausse (+7,7%) mais le nombre accru de Français établis à l’étranger a changé la répartition du budget.
Nous en sommes encore au stade expérimental en ce qui concerne la réforme des bourses dont les objectifs sont de redistribuer l’aide entre pays et entre les familles dans un souci de plus grande équité et maîtriser le budget avec pour corollaire une diminution des boursiers à 100%. L’apparition de familles monoparentales et le manque d’autonomie des commissions locales rendent le travail encore un peu difficile.
Il est également important de créer un observatoire des frais de scolarité des écoles partenaires (davantage de transparence sur les évolutions) car ces frais, s’ils sont trop élevés, ne peuvent pas être assumés par les familles et ont un impact sur le budget des bourses.
Mais le projet qui me tient le plus à cœur, une des disposition de la loi de refondation de l’Ecole relatives à l’inclusion, est la création d’un fonds et de mesures spécifiques pour accompagner les enfants en difficulté scolaire ou en situation de handicap comme cela est fait dans les pays nordiques.
Et le numérique dans les écoles ?
Le numérique est une mesure phare du nouveau plan d’orientation stratégique et a déjà été initiée en Asie avec la dématérialisation de la correction du BAC et bientôt du Brevet dans tout le réseau.
Il faut conserver le modèle français mais il faut apprendre aux enfants à maîtriser dès le plus jeune âge l’environnement technique. Dans d’autres pays, le numérique est intégré dans les écoles dès le primaire et est au cœur des apprentissages : en Finlande par exemple, les enfants apprennent le codage dès le primaire et en Suède, l’usage des tablettes est introduit dès l’âge de 2 ans!
Avec de telles ambitions, il n’est donc pas étonnant que Mme Lemaire ait été nommée au poste de Secrétaire d’Etat au Numérique et nous espérons que ses projets verront le jour dans nos écoles.
Elisabeth Fontanille, 13 mai 2014