Le pensionnat anglais : une solution en déclin ?
Jusqu’à ce que Harry Potter agite sa baguette magique à la fin des années 1990 et redore l’image des pensionnats anglais, beaucoup pensaient que les jours des traditionnelles boarding schools étaient comptés : l’idée même d’y envoyer son enfant pendant plusieurs mois semblait relever d’une autre époque et les parents qui en avaient les moyens étaient de moins en moins nombreux à faire ce choix.
Ainsi, de 1987 à 2000, le nombre de pensionnaires dans les écoles indépendantes au Royaume-Uni a baissé régulièrement, allant de plus de 110 000 à seulement 70 000 élèves selon les recensements réalisés par l’Independent Schools Council (ISC), organisme représentant la quasi totalité des établissements privés anglais. Mais depuis, contrairement aux pronostics, le chiffre s’est stabilisé. Actuellement, environ 13% des enfants des écoles du réseau ISC sont pensionnaires.
Une recrudescence d’étudiants étrangers
Depuis quelques années, on assiste à une véritable mutation de ces établissements liée au pourcentage d’élèves dont les parents vivent à l’étranger. Parmi eux, il y a d’abord – et ce n’est pas nouveau – des enfants d’expatriés anglais.
Mais c’est l’arrivée en force d’enfants étrangers qui a modifié le paysage en profondeur. Dans les écoles ISC, plus de 25 000 non-britanniques ont des parents qui vivent à l’étranger. Ce sont souvent des full-time boarders, c’est-à-dire qu’ils ne rentrent dans leur famille que pour les vacances et pour des raisons pratiques, on les trouve généralement dans les écoles proches des aéroports internationaux. D’où viennent-ils ? Principalement de Chine et de Hong-Kong (37%) et d’Europe (35%). Mais ces pourcentages fluctuent fortement chaque année : en 2012-13, le nombre de russes et de nigérians a beaucoup augmenté (respectivement +27% et +16%).
Vers une internationalisation des boarding-schools
Pour relever le challenge de la mondialisation dans le secteur éducatif et répondre à la demande, certaines écoles célèbres ont créé des campus à l’étranger, comme Harrow à Bangkok ou Dulwich en Chine. L’ensemble de ces filiales scolarise presque 20 000 enfants. D’autres établissements ont choisi d’améliorer leurs infrastructures par exemple en proposant des chambres individuelles pour répondre aux attentes de leur clientèle internationale.
D’une manière générale, on peut noter que les conditions spartiates traditionnellement associées aux pensionnats anglais – supposées endurcir les enfants – allaient bientôt faire partie de l’histoire ancienne !
Des établissements comme Dover College dans le Kent et Whitgift School proposent notamment aux élèves francophones de suivre le programme français dans un environnement international.
Véronique Hébréard, le 5 février 2015
Sources :
– Nick Morrison (16 janvier 2015) – « Boarding school life: snake care, beagle packs and polo ». In Telegraph.co.uk
– Independant Schools Council (2014) – Nationality of non-British Pupils at ISC Schools. In isc.co.uk