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Naissance d’une free school (Archer Academy) à Londres : conseils et mode d’emploi

DSCN0764Comment des parents sans expérience peuvent-ils se transformer en moins d'un an en « étalon-or » des écoles privées? The Guardian recueille ici le témoignage du co-fondateur de l'école, Toby Blume.

En décembre 2011, j’appartenais à un groupe de parents qui croyaient que le seul moyen pour donner à nos enfants une instruction d’un bon niveau en secondaire était de leur enseigner nous-mêmes le programme…Notre quartier au Nord du Londres avait cruellement besoin d’un nouvel établissement scolaire. Mais les capacités des autorités locales étaient limitées, faute de moyens accordés par le gouvernement. C’est ainsi que l’idée de créer l’Archer Academy vit le jour avec la volonté de créer une école sans condition de sélection basée sur la religion ou sur le sexe.

Début du 2010, nous sollicitions une entreprise qui par le passé avait soutenu des initiatives en ce domaine. Cette initiative n’eut pas de succès. Deux mois après, nous envoyâmes notre demande pour établir une nouvelle école libre au Department for Education (DfE). Notre dossier fut accepté et le Ministère de l’Education ( DfE) autorisa le projet. La première étape débuta en juillet 2012.

En ce mois de septembre 2013, soit moins d’un an après le début de la procédure, nous allons accueillir nos premiers élèves en classe de sixième (year 7).

Comment sommes-nous passés en un an, d’interlocuteurs dotés d’une proposition peu plausible à ce que notre agent du ministère de l’Education a qualifié « d’étalon-or » des écoles privées ?

Il est probable que la raison principale réside dans la bonne communication et la gestion du projet dès le départ.

Le soutien des acteurs : parents, autorités locales et politiques

Le soutien des parents locaux a été indispensable, ce pendant tout le processus, des premières étapes hésitantes à la formulation de notre demande au ministère. Nous avons beaucoup misé sur l’intérêt des parents et leur participation pour que notre établissement puisse voir le jour.

Des réunions publiques régulières ont eu lieu, nous sommes également allés à la rencontre des parents à la à la sortie des classes. Des articles dans les journaux locaux ont également été publiés sur cette initiative, sans oublier l’utilisation des réseaux sociaux, des mails envoyés régulièrement à nos soutiens ainsi que la création d’un site web facilement accessible.

De plus, nous avons travaillé dur avec les responsables des écoles locales. La vie aurait été notablement plus dure, si nous n’avions pas eu l’appui des écoles d’où étaient issus nos élèves.

Les Free schools constituent un sujet politique brûlant. Nous savions que si nous n’y prenions pas garde nous allions être au cœur de sujets politiques entre partisans et adversaires de cette initiative appartenant d’ailleurs à chacune des familles politiques, acteurs politiques qui finalement donnent peu de considération au besoin réel local.

Ainsi, le soutien offert par des conseillers de tutelles, par les autorités locales, par notre député se révéla être un grand atout. Nous avons obtenu facilement le soutien de notre responsable politique conservateur local, mais également celui des conseillers travaillistes. Ces derniers émirent des réserves à propos du programme scolaire de la Free school. Mais ils notèrent également que nos motivations étaient responsables, et de surcroit que la communauté entière pouvait à terme, sans exception, profiter de notre projet. Leur soutien a permis d’enlever l’aspect politique du processus et ainsi de réduire les critiques. Restait à trouver les moyens financiers et enfin le site !

Un financement du projet adéquat

Dans chaque communauté, se trouvent d’innombrables qualités et ressources. La majorité d’entre elles restent souvent latentes et inexploitées. Le financement donné par le DfE pour soutenir l’étape initiale fut limité. Très limité….
Nous avons dépensé plus de trois quarts de l’aide financière sur le recrutement de personnel. Ainsi, le seul moyen pour garder l’équilibre du budget était de dépendre de bénévoles. Notre comité directeur consacra une somme d’heures incalculables sans rétribution pour définir et créer l’école.

Nous avons, fort heureusement, bénéficié de donations de centaines de parents, de petites entreprises, d’écoles, d’associations caritatives, ainsi que de ceux déterminés à nous aider à réussir. Le développement pour notre site web, les conceptions de marque, les conseils juridiques, les conseils d’architectes, le soutien pédagogique furent tous offerts quasiment gratuitement. Impossible d’imaginer le succès sans tous ces apports et bénévolats.

Mille taches pour tous

Les étapes initiales de la création d’une Free school ressemblent plutôt à celles d’une petite association caritative ou d’une petite société. Alors, comme d’autres entrepreneurs débutants, il a fallu tout faire nous-mêmes : distribuer des dépliants devant les écoles ; créer un business plan, une stratégie d’ensemble… La gestion du projet, la communication, l’informatique, la participation furent capitales à notre succès.

Nous avons trouvé utile l’audit du directeur de la National Governors Association (Association Nationale de Directeurs et Directrices), mais il ne donne pas d’outils de compétences ni la connaissance requise pour l’ouverture d’une école. La gouvernance importe beaucoup pourtant et nous étions très conscients de la grande responsabilité qui nous incombait. Sans aucun personnel qualifié dans cette initiative, nous avons dû apprendre et effectuer par nous-mêmes des fonctions opérationnelles et stratégiques.

Avec quelle gouvernance ?

La gouvernance d’une école libre est une conception nouvelle et il n’existait aucun désir de la part des autorités ni chez le DfE de nous offrir leur total soutien. Par le passé, les Académies trouvèrent du soutien auprès de l’Academy Trust (le fond fiduciaire) et du conseil d’établissement des écoles.

Ici, sans itinéraire balisé, nous avons glané quelques idées en observant ce qu’avaient fait les autres free schools, mais il a fallu finalement établir un plan d’action pour nous-mêmes. Pour nous, la création de petits groupes chargés de la finance, de la recherche du site, de l’aspect pédagogique du projet, de la communication, ainsi que celle d’un comité de gestion nommé pour chaque domaine se sont avérées indispensables.

Le processus ne s’est pas réalisé sans problème et certaines tensions ont vu le jour au fil du temps, mais les bonnes relations au sein du groupe ont grandement contribué à l’avancement du projet.

Quel site pour le projet ?

Obtenir un site pour notre école fut probablement la tâche la plus difficile de toute l’opération, particulièrement à cause de notre localisation à Londres, sachant que la disponibilité de terrain et de propriétés y est vraiment limitée.
Une des raisons pour laquelle cette étape était si difficile réside dans le fait que, contrairement à presque chaque autre partie du processus, nous n’en n’avions pas le contrôle.

Comme auteurs de la proposition, nous dépendions en effet complètement de l’Education Funding Agency (Agence du Financement Pédagogique) et de ses avocats pour obtenir un lieu. De plus, acheter un bien est évidemment généralement source de stress, de délais fréquents et d’incertitudes. Nous avons néanmoins rapidement pu être proactifs dans la recherche de lieux possibles sans dépendre uniquement de celle de l’EFA.

Nos efforts ont finalement été récompensés puisque nous avons pu obtenir deux sites possibles pour l’école. Le premier concernait un vieux collège d’enseignement supérieur à vendre juste au bon moment, site déjà construit pour notre projet. Le deuxième se constituait d’un terrain de sport abandonné et d’un entrepôt adjacent appartenant tous deux aux autorités locales.

Les autorités nous donneront finalement ce lieu pour le sport et les activités récréatives hors utilisation scolaire. Ces terrains de sport seront protégés définitivement de tout projet immobilier par une association gérée par la communauté locale, Sport East Finchley.

Prétendre au meilleur pour nos enfants

Les démarches ont été difficiles et hasardeuses. Il a été nécessaire de requérir de grandes ressources de la part de chacun, de beaucoup de détermination personnelle et collective pour nous encourager à continuer.
Parfois, nous avons cru ne jamais arriver à la réalisation de l’école. Mais, les moments de joies furent aussi nombreux. De cela nous retiendrons celui, où, un matin dans la cours de récréation, nous avons appris que notre demande avait été approuvée, celui où l’acquisition du bâtiment fut définitivement établi, celui encore où avec 300 parents débordants d’enthousiasme nous avons participé aux réunions publiques concernant le projet de notre école.

A chacune des phases de réalisation de ce projet, nous nous demandions toujours « quel niveau d’excellence l’école pourra-t-elle atteindre ? » Nous étions prêts à rêver sans faire de compromis sur ce que nous voulions pour nos futurs élèves. Mais à chacune des étapes, nous nous sommes posé les bonnes questions, à nous-mêmes ainsi qu’aux interlocuteurs qui nous proposaient des solutions clé en main.

En juin dernier, Stephen Twigg a exposé les idées du parti Travailliste souhaitant la disparition des Free Schools, soutenant les nouvelles Académies gérées par des parents. Pour ma part, je suis en faveur de la présence de groupes de parents pour aider à la création de nouvelles écoles pour servir leur communauté, cela, soit avec le programme de Free schools actuel, soit comme le recommande Stephen Twigg, par le biais d’une nouvelle vague d’«académies menées par des parents ».

Créer une nouvelle école est une opportunité remarquable. Tout commence avec une page vide. C’est un grand projet et il exige, pour le mener à bien, de beaucoup de temps et d’effort, mais le résultat à la fin est incroyable. Aujourd’hui, nous relevons d’autres défis, tels que la gestion de l’école et le souhait qu’une école de haut niveau servant notre communauté locale se réalise définitivement.

Toby Blume
Toby Blume est co-fondateur de l’Archer Academy, dont l’ouverture est en Septembre. www.thearcheracademy.org.uk

Traduction : Jasmine Rawilson pour avenuedesecoles.com

SOURCE :
http://www.guardian.co.uk/education/2013/jun/24/free-schools-new-academy

 

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