Les premiers jours dans une nouvelle école à l’étranger
Au fil des articles que je serai amenée à rédiger pour Avenue des Ecoles, j’essayerai de partager avec vous mon expérience au sein d’une école bilingue à Londres mais aussi d’expatriée et avant tout de maman.
Etre Français à Londres est une aventure enrichissante et reconnaissons-le assez passionnante… Le dynamisme de la ville et de la région, sa mixité, sa vie culturelle sont autant d’atouts ; en revanche quand on commence à se poser la question de l’école, cela peut vite devenir un vrai cauchemar ! Au travers de mon vécu et de celui de nombreux parents francophones que j’ai été amenée à rencontrer, j’aborderai ici des questions touchant aux thèmes de l’école, du bilinguisme, de l’apprentissage du français en pays étranger etc.
Mon enfant ne va-t-il pas se sentir perdu ?
J’aimerais dans cet article aborder un sujet qui, je pense, concerne les parents en général, mais plus encore les parents expatriés : les premiers jours dans une nouvelle école. Ces simples mots évoquent, je crois, beaucoup de choses aux parents que nous sommes et inutile de dire que lorsque cette nouvelle école se situe dans un pays étranger, l’expérience peut devenir traumatisante – pour les enfants comme pour les parents ! Quel parent ne s’est pas inquiété au point de ne pouvoir dormir une veille de rentrée scolaire… ? Et, je le disais, le problème devient évidemment encore plus préoccupant lorsque l’enfant vient d’être déraciné et ne parle pas la langue du pays. Les autres enfants qui se connaissent déjà, qui peut-être parlent une autre langue, vont-ils accepter mon enfant ? Les professeurs auront-ils la disponibilité et la patience nécessaires ? Mon enfant ne va-t-il pas se sentir perdu ?
Et pourtant, le premier jour d’école ne devrait-il pas être un jour de découverte et de joie ? Une belle aventure, certes en terrain inconnu, mais déjà conquis ? Je me pose la question, souvent : qu’est ce qui fait qu’un enfant rentre chez lui après son premier jour d’école, sa première semaine, souriant et satisfait ou bien au contraire abattu ou presque désespéré ?
Je parle en connaissance de cause !
Oui, je parle en connaissance de cause. J’ai en effet eu une expérience très pénible lorsque mon fils est entré en Erste Klasse en Allemagne, dans une classe où il n’avait aucun de ses amis de Maternelle. Et pourtant il parlait parfaitement allemand ! C’était un petit bonhomme très sociable et joyeux qui n’avait jusqu’alors jamais eu de problèmes d’intégration. Son entrée en Maternelle – alors qu’il ne parlait pas un mot d’allemand – s’était déroulée sans accrochage…. Et là, subitement, je me suis retrouvée avec un petit garçon qui ne voulait plus aller à l’école, qui faisait des cauchemars toutes les nuits… Qu’est ce qui s’est passé de différent ? La réponse est assez simple : dans la nouvelle école, l’institutrice, très gentille par ailleurs, n’a pas su l’aider à se faire des amis, n’a pas su parler aux autres enfants pour les inciter à accueillir le petit nouveau, pour tout dire, elle s’en moquait un peu, ce n’était pas son problème…
Et pourtant à mon sens – et là je parle en tant que maman et sous-directrice d’une école – c’est au contraire le premier rôle de l’enseignant : faire en sorte que les enfants soient heureux et ce dès le premier jour !
Lors que mes enfants ont commencé à Hampton Court House (où j’ai été une maman avant d’être professeur) cela a été mon objectif premier : certes trouver une école anglaise où le français occupe une place de choix mais surtout une école où mes enfants soient heureux et fassent partie d’une communauté. Or ils sont tous deux rentrés après leur tout premier jour d’école (ils avaient alors 6 ans et 11 ans et ne parlaient pas un mot d’anglais) en me disant joyeusement : « On a déjà des copains ! » Là, j’ai su que c’était gagné…
Pourquoi le premier jour dans une nouvelle école ne serait-il pas toujours un jour joyeux ?
Mais au fond, qu’est ce qui fait que les premiers jours dans une nouvelle école se déroulent bien, dans la joie et la bonne humeur, sans angoisse et sans peur ? Je répondrais, tout d’abord une ambiance générale où les enfants et adolescents sont gentils et accueillants et conscients des difficultés que rencontrent les nouveaux venus mais surtout le fait que tous les enseignants et même tout le personnel de l’école se sentent concernés et s’impliquent.
A Hampton Court House, par exemple, nous conseillons toujours à l’enfant de venir passer une demi-journée d’intégration qui lui permettra de faire connaissance avec ses professeurs et ses futurs camarades de classe et de se familiariser avec les lieux. Cela permet bien souvent de dédramatiser – ils ne sont pas si horribles finalement dans cette nouvelle école !
Et puis le professeur principal de la classe choisit un enfant qui va accueillir le nouveau venu, passer du temps avec lui, lui faire visiter l’école, l’accompagner à la cantine, lui présenter ses amis. Il n’est d’ailleurs pas rare que les deux enfants deviennent bien vite les meilleurs amis du monde… En témoigne ma fille, aujourd’hui en Year 5 qui conserve parmi ses meilleures amies (et pourtant elle a déménagé, elle, en Allemagne !) la petite fille qui l’a accueillie dans notre école.
Ajoutez à cela le fait que nous prenons tous très au sérieux la difficulté que représente l’entrée dans une nouvelle école. J’ai l’habitude de dire aux parents : « Rappelez vous la dernière fois que vous avez commencé un nouvel emploi, où il a fallu tout réapprendre, tout découvrir, vous vous êtes sentis perdus la première semaine ? Et bien c’est pareil pour votre enfant. » Ne sous-estimons pas ce moment difficile, cette véritable épreuve du feu et au contraire ayons-en conscience et apprenons à le gérer.
Vous ne verrez jamais à HCH un enfant ou un adolescent qui semble aller mal, qui a l’air perdu, malheureux sans qu’un professeur ne lui demande immédiatement ce qui se passe et ne cherche à l’aider.
Et en fait vous verrez bien rarement – ça ne m’est encore jamais arrivé ! – un enfant pleurer le jour de la rentrée scolaire ou ne pas s’intégrer très vite. Cela marche très très bien ! Le premier jour dans une nouvelle école peut tout à fait être un jour de bonheur et de joie. Et je sais (et là c’est la maman qui parle) que c’est un soulagement énorme pour les parents !
Directrice Adjointe de l’Ecole Primaire à Hampton Court House School et Responsable du CNED
Afropert@hchnet.co.uk
www.hamptoncourthouse.co.uk