Lors de notre dernière rentrée, la majorité des IEP (Instituts d’études politiques) ont mis en place une réforme des frais de scolarité. En lieu et place d’un tarif unique, ceux-ci sont désormais progressifs et calculés sur la base du foyer fiscal des parents.
Dix ans après le vote de cette réforme à Sciences po Paris, menée sous l’impulsion de Richard Descoings, et dans un contexte de tensions budgétaires, cinq des huit établissements de province appliquent désormais une modulation des droits par tranche de revenus. L’argument régulièrement affiché par Richard Descoings pour la mise en place de la réforme à Sciences po Paris était la diversification sociale et le financement de bourses d’étudiants.
Autre argument également mis en avant désormais : le développement des établissements, qui ne s’est pas toujours accompagné des moyens financiers.
Présentation des frais annuels de scolarités dans les IEP
Les frais annuels de scolarité (*) dans les IEP
Montant minimum |
Montant maximum |
Montant fixe |
|
Aix |
812 € |
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Bordeaux |
280 € (1er cycle) |
6.300 € (1er cycle) |
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Grenoble |
840,90 € |
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Lille |
300 € |
3.200 € |
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Lyon |
470 € |
1.650 € |
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Rennes |
300 € |
3.685 € |
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Strasbourg |
200 € |
3.000 € |
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Toulouse |
780,10 € |
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Paris |
540 € (Collège universitaire) |
13.500€ |
(*) Ces frais de scolarité sont donnés hors sécurité sociale.
L’exemple de Strasbourg en avance, les autres IEP se concertent
Le choix de l’IEP Strasbourg rattaché à l’université a été d’étaler cette modulation sur les trois années de formation : les élèves de première et deuxième année sont concernés dès 2013, ceux de troisième en 2014, puis les quatre et cinquième année en 2015. Et sur un budget de 4,8 millions d’euros, l’apport supplémentaire serait de 250.000€ les premières années, puis 400.000€ à terme. De son côté, l’IEP d’Aix s’est donné deux ans pour étudier l’opportunité d’une telle réforme. A Grenoble également, la réflexion est engagée.
Finalement, la DGES (direction générale de l’enseignement supérieur) observe avec intérêt la mise en pratique des frais modulables, avec probablement l’idée de suggérer cette réforme aux grandes écoles d’ingénieurs.
L’exemple de Paris qui évolue encore
Depuis 10 ans les frais de scolarité à Sciences Po sont calculés en fonction des revenus des parents. De 0€ pour les boursiers, ils peuvent monter à 9800€ au collège universitaire et à 13500€ en master.
Tout récemment la direction a avancé l’hypothèse d’une augmentation de ces droits pour la rentrée 2014. Les réactions sont vives d’autant que le nouveau directeur Frédéric Mion s’était prononcé avant sa nomination contre cette perspective.
La note relative au budget prévisionnel prévoirait en effet une augmentation moyenne de 3 %. Celle-ci différerait néanmoins d’une tranche à l’autre, D’après les syndicats étudiants, cette hausse serait de 1,2 % pour les premières tranches concernées, et atteindrait 3,5 % pour les revenus les plus élevés. Concrètement, il s’agirait d’une augmentation d’environ 300€ par an pour les tranches les plus touchées. Les boursiers et les plus bas revenus seraient eux épargnés par la hausse.
Du côté de Sciences Po, on évoque la nécessité de «maintenir la qualité des enseignements et de l’encadrement», mais aussi le renforcement de l’aide sociale. Deux échelons de bourses supplémentaires, payés par Sciences Po, doivent ainsi voir le jour. Sciences Po complète en effet les bourses du CROUS: à titre d’exemple, un boursier échelon 7 perçoit 9625€ de bourse, alors que les étudiants boursiers à cet échelon ne perçoivent normalement que 5550€.
Sabine Cros, 02 décembre 2013
SOURCE :
Mathieu Oui, Scionce Po la révolution des frais modulables dans les IEP de région, l’Etudiant.fr, 09.10.2013.
Julie-Anne De Queiroz, Sciences Po : augmentation des frais de scolarité en vue, Le figaro.fr, 27.11.2013