L’intégration sensorielle
Quelle que soit l’heure de la journée, nous sommes soumis à des expériences sensorielles. Elles sont multiples et complexes. Assise sur ma chaise je vois ce qui m’entoure, j’analyse la lumière, les couleurs, j’entends l’horloge, le radiateur, les gens dans la rue, je sens la chaise, le sol et la chaleur du soleil, je sens l’odeur du livre neuf ouvert devant moi… et pourtant cela ne m’empêche ni de penser ni de me relaxer. Mon cerveau fait cet exercice en permanence, il détermine ce qui est inintéressant et ne se focalise que sur l’essentiel. Cet exercice est ce que l’on appelle l’intégration sensorielle.
Nous développons cette capacité durant l’enfance, dès la naissance. Dès tout petit, le bébé intègre des stimuli et les « range ». Au fur et à mesure de son développement, par le jeu et la répétition, il catégorise ces stimuli et apprend à leur donner leur juste importance au bon moment.
Le trouble
Certains enfants sont hypersensibles ou hypo sensibles. Ces enfants montreront par exemple une sensibilité particulière au toucher, ou bien à l’ouïe mais pas à l’odorat et cela peut être l’inverse pour un autre enfant. Ces enfants montrent alors des comportements en marge car ils recherchent des stimuli forts et peuvent être dangereux pour les autres ou eux même, ils peuvent être agressifs car ils se sentent eux même agressés.
Ce sont des enfants qui ont du mal à se calmer tout seuls, à se détendre. Ils sont alors catégorisés comme ayant un problème, on blâme leur éducation, on pense qu’ils ont un manque d’intelligence ou autre. Forcément, rien ne peut expliquer un tel comportement. Comment comprendre que si il gigote ainsi sur sa chaise c’est parce que son étiquette le gratte, ses chaussettes le serrent, le bruit de la tondeuse dehors lui est insupportable ?
Les enfants qui vivent cette hyperstimulation ont alors trois choix :
• l’apathie, ils restent dans leur monde, sont comme absents, évitent les autres, les lieux bruyants ;
• le combat, ils réagissent vite, violement, se mettent en colère, pleurent ;
• la fuite, ils font des crises de panique, se bloquent, se tendent.
Le repérage
Un enfant donné va pouvoir être hyper ou hypo sensible dans une ou plusieurs catégories. Le toucher (n’aime pas les étiquettes des vêtements, n’aime pas se brosser les cheveux ou les dents, sursaute au moindre toucher…), le mouvement (malade en voiture, très maladroit), l’audition (distrait par les moindres petits bruits, aime ou n’aime pas une personne pour sa voix), le gout (n’aime pas beaucoup d’aliments, a une peur panique du dentiste) , la vue (ne supporte pas les néons, la tv lui donne mal à la tête), l’odorat (ne supporte pas les odeurs, peut aimer ne pas aimer quelqu’un pour son odeur).
Il existe une liste plus exhaustive que vous pouvez remplir avec un praticien afin de former un diagnostic précis.
Que faire pour les aider ?
Il est important d’obtenir un diagnostic. Un psychologue, un psychiatre ou un psychomotricien sera à même de faire ce diagnostic qui s’associe souvent à un autre trouble tel que TED (Trouble envahissant du développement), hyperactivité, dyspraxie… L’enfant ne fait pas un « caprice ». Il est dans une réelle souffrance du corps et il ne le comprend parfois pas lui-même. Le diagnostic permet souvent aux adultes de mieux comprendre cette souffrance. Prévenir les adultes autours de l’enfant permettra d’éviter les catégorisations rapides telles que « violent », « turbulent »…
Il peut être utile d’adapter l’environnement de l’enfant. Il existe pour chaque hyper et hypo sensibilité une astuce afin d’aider l’enfant à vivre au mieux son vécu corporel. Un professionnel sera à même de proposer des idées pour aider l’enfant.
Et enfin, en parler ouvertement avec l’enfant, premier concerné et lui permettre de mettre en place des stratégies d’adaptation, soit par une rééducation, soit par une méthode de communication acceptable de son inconfort.
Aude Mouton, 10 février 2014
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