Jonathan G Meath portrays Santa Claus 1

Le Père Noël

Jonathan G Meath portrays Santa Claus 1

 

Faut-il faire croire au Père Noël ?

 

 

 

 

 

  

La magie de Noël

La magie de Noël, c’est bien sûr : les décorations, les vitrines des magasins, l’air sec et frais qui nous amène jusqu’à fin Décembre.

Mais Noël c’est quoi, pour vous, vraiment ?

Au delà de la chrétienté, les valeurs de Noël c’est surtout la famille, l’amour, le don et le plaisir d’être ensemble.

C’est un moment pour célébrer les liens qui nous unissent tous. C’est le moment de retrouver la famille, c’est une excuse annuelle pour se retrouver malgré les différences ou les éloignements géographiques. C’est le lieu et le moment de recréer des liens de qualité avec les autres. C’est aussi, bien sûr, le temps des cadeaux.

Un cadeau c’est penser à l’autre, développer l’empathie, c’est se demander ce qui va lui plaire, l’aider dans sa vie, lui apporter quelque chose dans son quotidien ; c’est un moyen de créer un lien. Le cadeau c’est un des cinq langages de l’amour (Gary Chapman) qui permet de de montrer concrétement, avec une objet matériel, l’attachement qu’on a pour l’autre.

La théorie psychosociale du don et du contre-don (Marcel Mauss) nous dit que tout ce qu’on donne attend quelque chose en retour. On attend, quand on offre un cadeau, de voir la joie dans le regard de l’autre, de voir la reconnaissance du lien, la gratitude. On attend que l’autre reconnaisse qu’on a fait un effort pour lui, et qu’on lui a montré qu’on l’aimait.

Le Père Noël, et surtout le fait qu’il apporte des cadeaux, efface cela. Si le Père Noël apporte des cadeaux, ce n’est ni Papa, ni Maman, ni les grands-parents, ni les oncles et tantes qui m’ont offert ce cadeau. Je ne peux dire merci à personne. Je ne suis aimé de personne, je suis aimé de quelqu’un que je ne connais pas, qui ne fait pas partie de ma vie, que je ne peux pas voir.

Ce cadeau vient de nulle part et ma gratitude est perdue.

Dans le developement de l’enfant, c’est à l’adulte de lui montrer l’empathie, la gratitude, les demonstrations d’amour. C’est donc en vivant et en observant ce moment des partages de cadeaux que l’enfant percoit ces notions si abstraites.

 

Le réel et l’imaginaire

 

Avant 4-5 ans, l’enfant ne distingue pas bien ce qui est de l’ordre de l’imaginaire de ce qui est de l’ordre du réel. Pour un enfant jeune, ce qu’il pense, ce qu’il voit, ce qu’il comprend, ce qu’il imagine, fait partie de la réalité. Il est dans ce monde imaginaire dans le jeu, avec les personnages qu’il aime, quand il fait semblant, quand il joue au papa et à la maman, à la dinette, mais aussi quand il joue avec les personnages qui font partie de sa vie : comme Peppa Pig et les Pat Patrouille.

On peut jouer avec Peppa Pig, on peut l’aimer, l’inviter dans son lit avec sa peluche. On peut jouer avec des figurines ou lire des livres sur Peppa Pig, on fantasme qu’on est dans son monde à elle et qu’elle est dans notre monde à nous. Les limites sont floues.

Aimer un personnage en particulier, c’est partager ses valeurs, ça nous permet de rêver et de mieux comprendre le monde au travers de ce que le personnage vit.

Mais Papa et Maman ne font pas partie de ce monde là. Eux ne croit pas que ce personnage existe : ils font la différence avec le réel. Ce sont les adultes, qui ne croient pas à la véracité de ce personnage, qui m’aident à distinguer ce qui fait partie de mon monde à moi de ce qui fait partie du monde réel.

Le Père Noël, c’est pareil. Il fait partie du folklore de Noël, mais il n’est pas Noël et n’existe pas en vrai. Le parent peut lire ou jouer à propos du Père Noël, mais il explique aussi qu’il représente Noël, qu’il représente le don et l’amour, sans pour autant faite croire à son existence réelle. Comme Peppa Pig ou les pat Patrouille, l’adulte remet les personnages imaginaire dans l’imaginaire.

La nouvelle mode du « elf on a shelf » est tres questionnant sur ce melange reve/realité.

Je poserais la question ici à l’adulte éduquant son enfant : pour quelle raison voulez vous faire croire du faux à vos enfants ? Comme toute attitude éducative, questionnez vos motivations profondes et vos buts à long terme.

 

Les cadeaux se méritent-ils ?

 

Ce qui dérange le plus à propos du Père Noël, c’est le système de récompenses, basé sur la peur, sur le court-terme, qui ne prendra pas effet (on l’espère).

Un cadeau ne se mérite pas, un cadeau c’est un gage d’amour, c’est un lien avec l’autre.

Le Père Noël, et ce qu’il est devenu aujourd’hui, offre des cadeaux qui se méritent, qui sont des récompenses. Si le cadeau de Noël est une récompense, il est alors important de mettre en place un système de récompenses qui ait une valeur. Ce n’est pas le cas avec le Père Noël tel qu’on l’explique aux enfants, puisque, malgré les comportements, ou les mauvais choix de l’enfant, on espère qu’il aura tout de même un cadeau de Noël. Cela n’a pas de sens educatif.

 

Aude Mouton
Directrice du centre CogitoZ Londres
Psychologue clinicienne

audemouton@cogitoz.comwww.cogitozlondres.co.uk

2Eaton Gate
SW1W 9BJ

 

 

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