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L’Autorité : Un mal nécessaire ?

Avenue des Ecoles - Filieres bilinguesDe nos jours parfois, l’autorité effraye des parents parfois en manque de repères. Qu’en est-il précisément ? Toute autorité est-elle bonne à prendre ?

Parce qu’ils imaginent qu’elle n’est qu’un instrument comme jadis, destiné à soumettre l’enfant au pouvoir des adultes. Parce qu’elle est susceptible de ce fait de porter atteinte à sa liberté, à sa personnalité et à sa créativité, l’autorité est au centre de beaucoup de questionnements. Sachons alors entendre ce qui relève parfois du plus simple bon sens.

• Une autorité légitime construit l’enfant

Selon la psychanalyste et écrivain Claude Halmos, l’autorité peut rimer avec aimer et respecter. L’autorité sera alors constructive. Elle ne détruit pas l’enfant bien au contraire, elle constitue le point d’appui essentiel de son développement et de son épanouissement.

Nous pouvons constater en effet que lorsque nous manquons d’autorité en tant que parent, c’est précisément souvent parce que nous manquons nous-mêmes à cet instant de conviction. Ainsi, lorsque notre enfant refuse de prendre un médicament, nous tenons bon et cela finit par fonctionner. Pourquoi donc n’en est-il pas de même lorsque nous leur demandons d’aller se coucher ou de faire leurs devoirs par exemple ?…

Il est indispensable de comprendre que l’éducation est aussi vitale pour ses enfants que « le médicament » et nous devons trouver la force de nous imposer. En étant assurément déterminé devant l’enfant, ce dernier cessera de s’opposer en permanence et se mettra à suivre nos recommandations pour son plus grand profit et son plus grand bonheur.

• Un enfant sans autorité n’est pas heureux

Ce qui s’impose à un enfant, c’est le sentiment de légitimité qui habite son parent au moment où celui-ci demande d’agir ou de ne pas agir de telle ou telle façon. Or un tel sentiment est lié à la certitude que ce qu’il demande à son enfant, ce qu’il réclame, et ce qu’il exige de lui, est juste. C’est non seulement juste mais essentiel pour son développement et son accès à sa socialisation.

Le manque d’autorité trouve également son origine dans les propres « peurs» des parents : la peur de l’autoritarisme, la peur de soumettre l’enfant à un arbitraire, voire à une tyrannie… De plus, il y a cette peur en rapport avec l’amour, ce fameux «  amour » tellement mis en avant dans les relations parents-enfants. Les parents ont peur que l’enfant les ressente comme non-aimants. Il s’agit là d’une crainte injustifiée toujours selon Claude Halmos. L’enfant ne prend jamais les réprimandes et les punitions justifiées pour des brimades. Elles lui donnent un cadre.

Nous craignons parfois que l’enfant ne nous aime plus. Cette peur est fondée sur l’idée qu’il serait heureux dans le « sans-limite», désireux d’y rester et donc malheureux qu’on l’en arrache. Or, l’enfant refuse les limites parce qu’elles contrarient son bon plaisir et sa toute-puissance, mais en même temps, ne les recherche-t-il pas? Elles lui sont absolument nécessaires. Il est donc impensable que l’enfant rejette ses parents à cause de ces limites.

Il faut enfin citer la peur que l’enfant ne souffre et, à ce sujet, une mise au point s’impose. Oui, l’enfant à qui l’on met une limite souffre. C’est indéniable. Il souffre parce que l’éducation s’oppose à un fonctionnement initial qui le satisfait. Mais cette souffrance, outre qu’elle n’a rien de dramatique, est non seulement momentanée mais positive pour lui. Elle est le passage obligé pour accéder à une vie infiniment plus riche. Un enfant sans limites n’est jamais heureux. Maintenu dans la croyance qu’il pourrait tout faire et tout avoir, il se sent en permanence frustré, lésé. Le plus souvent, du fait de sa conduite, il a des problèmes avec le monde qui l’entoure.

Dans l’éducation, il n’y a pas de détail, et il n’y a pas de petite transgression qu’il serait inutile d’interdire. Chacune de ses transgressions-tout à fait inconscientes- est pour l’enfant une façon d’exprimer son rapport à la loi. En tant que parents, nous avons peur de « mettre une mauvaise ambiance » ou de gâcher ce qui pourrait être de bons moments ensemble si nous imposons nos limites. Mais ce n’est pas anodin, par exemple, un enfant qui mange « comme un cochon » alors qu’il a l’âge de faire autrement met en cause la règle sociale qui veut que l’on mange proprement. Cette règle n’est pas gratuite, elle est fondée sur le respect des autres. On peut très bien dire alors à l’enfant : « tu manges la bouche ouverte, tu craches, etc. c’est dégoutant à regarder ! Est-ce que tu as pensé que cela pouvait être désagréable pour les autres d’assister a un spectacle pareil ? ». Exprimer clairement cela à son enfant est lui signifier qu’on le sait capable de mieux, ce qui est indéniablement valorisant pour lui.

Finalement, toute la question de l’autorité trouve ici sa pleine légitimité. Le message que l’on envoie est finalement un signal de valorisation, d’amour et de respect de soi et des autres. Est-il nécessaire de prouver plus encore qu’autorité puisse rimer avec aimer ?…

Hélène Moschke, Responsable de Fast Languages
www.fastlanguages.com

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