Le 9 décembre 2010, le gouvernement adopte une nouvelle loi inspirée d’un rapport indépendant du gouvernement écrit, par Lord Browne et publié le 12 octobre 2010. Elle signifie une augmentation importante des frais d’inscription à l’Université. Décision très discutable pour les étudiants qui poussa cette population à manifester sa colère et son refus de voir appliquer une telle mesure pour l’avenir.
Il sera question ici de la situation avant la réforme, de la réaction des étudiants au lendemain du vote et enfin des conséquences pour les générations futures d’étudiants.
Auparavant, le montant des frais d’inscription à l’université correspondait à £3290 pour les étudiants du Royaume Uni et de l’Union Européenne et £9500 pour ceux en dehors de l’UE (il n’y a pas de frais aux universités en Ecosse).
Pour payer ces frais d’inscription, la grande majorité des étudiants et leurs familles empruntaient l’argent au gouvernement. Le remboursement de cet emprunt commençait quand le jeune diplômé trouvait un travail à la sortie de ses études (salaire de £15000 ou plus par an). Précisément alors, un pourcentage du salaire annuel revenait au gouvernement en remboursement de son emprunt.
La Loi de décembre 2010
À la suite de la suggestion de Lord Browne, le gouvernement avec les nouvelles lois applicables en 2012, réduira le financement des universités de 80%. Cela signifie des frais d’inscriptions multipliés par trois, soit un minimum de £6000 par an pour les étudiants nationaux, pour lequel il sera indispensable d’emprunter beaucoup plus qu’ils ne le font aujourd’hui. De plus, la réduction des financements a pour conséquence une diminution des sommes des bourses attribuées aux familles les plus défavorisées.
Les diplômés vont commencer à rembourser leurs emprunts quand ils toucheront au moins £21000 par an. Il est évident que les étudiants sont très mécontents de cette réforme. Politiquement, ils se sentent également trahis par les Libéraux-démocrates. En effet, avant d’être élu et nommé comme membre de la coalition, le dirigeant de ce parti, Nick Clegg, avait promis que les Libéraux-démocrates s’opposeraient à n’importe quelle sorte d’augmentation des frais. Pourtant, une poignée des députés Libéraux votèrent pour l’augmentation des frais ce qui eut pour conséquence de faire voter cette loi adoptée de justesse. Certains des députés évoquèrent que celle loi allait améliorer la qualité de l’enseignement au Royaume Uni puisqu’enfin l’Université allait pouvoir se financer. Les opposants à cette loi, à l’instar des étudiants estiment qu’il est injuste de donner la responsabilité de financer les universités mais aussi plus largement la tache de résoudre la crise économique et les dettes du gouvernement par les étudiants et leurs familles.
La grogne des étudiants
Comment réagissent les étudiants après avoir entendu la décision du gouvernement? Le 10 décembre 2010, un jour après que la décision ait était annoncée, une grande manifestation comprenant plusieurs milliers d’étudiants et de syndicats fut organisée. Cette manifestation importante capta l’attention des médias et incarna la colère des étudiants.
Malheureusement, certains jeunes causèrent des dommages fâcheux et l’attention des médias se concentra ,voire se résuma sur ces évènements regrettables. Malgré cela, les Présidents des universités affirmèrent leur soutien aux étudiants jusqu’à l’obtention de l’annulation de cette réforme.
Vers une application de la réforme ?
Quelle est la réalité aujourd’hui ? Les étudiants qui ont commencé leurs cours ne sont pas concernés par cette loi. Pour les autres, les conséquences sont légions.
La première d’entre elles est que le choix des étudiants sera limité sur la base non pas de leur capacité ni de leur préférence mais en fonction du coût de l’enseignement. Le principe de méritocratie est ainsi mis à mal dans la mesure où même si l’on possède d’excellentes notes, l’insuffisance de moyens sera le facteur déterminant à la poursuite d’études supérieures dans une bonne université.
Ensuite, les universités qui acceptaient traditionnellement les étudiants les plus modestes seront pénalisées du fait de l’augmentation des frais d’inscription et certains jeunes se verront refuser une formation dans le supérieur faute de moyens.
Enfin, un grand nombre d’étudiants qui comme chaque année souhaitait prendre une année sabbatique en 2011 se verront appliquer le nouveau régime, même s’ils ont différé leur entrée universitaire à 2012. Ils vont donc raisonnablement renoncer à cette entreprise. Il y aura donc l’année prochaine une ruée pour s’inscrire à l’université avant l’application de la loi prévue pour septembre 2012.
Les universités ne pourront accueillir tous les étudiants en 2011 et notamment inclure ceux qui souhaitaient faire une rentrée différée en 2012. Bons nombres de jeunes resteront sans inscription. Aujourd’hui, seule l’université d’Oxford a déjà écrit aux 500 étudiants leur demandant s’ils veulent annuler leur entrée différée et commencer plus tôt.
La dernière réforme des universités en 2006 avait augmenté les frais d’inscriptions tout en laissant du temps aux étudiants. Les frais avaient augmentés en moyenne de £1200 par an à £3000. Les étudiants qui s’étaient inscrits pour l’entrée différée en 2005 avaient eu alors la possibilité de bénéficier des tarifs antérieurs, cela afin d’éviter une ruée des inscriptions dans l’année précédant l’application de la réforme.
Il est trop tôt pour être sûr, mais selon un document de synthèse à l’issue d’une réunion des différentes grandes universités du Royaume Uni, le gouvernement pourrait change,r voire abandonner ses propositions devant leur impopularité persistante.
Jasmine Rawlinson, étudiante en 1er année de Français et Italien,Université de Warwick, GB.
Sources
- http://en.wikipedia.org/wiki/Tuition_fees_(UK)
- http://www.guardian.co.uk/news/datablog/2010/oct/12/tuitionees-universities
- http://www.bbc.co.uk/news/education-11677862
- Hatley, Derek, The Boar, volume 33, issue 2, le journal de l’université de Warwick, 2010
- http://www.dailymail.co.uk/news/article-1332206/University-fees-increase-kill-gap-year-students-fail-avoid-charges-hike.html