Très vite l’enfant fait la distinction entre sa vie familiale, à la maison, intime et sa vie sociale, scolaire, collective. Il faut savoir respecter ce « jardin secret » et l’autonomie progressive de vos enfants.
En même temps, il est important de garder une communication ouverte, un échange d’information qui vous permet de partager avec votre enfant et de suivre son vécu à l’école.
Alors comment le faire parler, sans le forcer et sans le brusquer ?
Un échange
Nous aimons, en tant qu’adultes, entendre ce que vivent nos proches et leur raconter à notre tour ce que nous vivons. Avec les enfants, il y une censure plus importante dans ce partage. Nous ne sommes pas ici dans une relation où les enfants seraient nos confidents, porteurs de nos maux et préoccupations.
Nous pouvons cependant partager avec eux nos journées en quelques mots afin de les lancer. Vous leur montrez ainsi que c’est un échange égal.
« Aujourd’hui il a fait beau alors je suis allé déjeuner dehors c’était très agréable. Et toi ? Tu as pu profiter du beau temps ? » ou « Aujourd’hui j’ai à nouveau vu cette nouvelle copine de quartier, nous sommes allés au musée c’était très intéressant. Et toi ? Cette nouvelle camarade dont tu parlais est toujours sympa ? Toi aussi tu as appris quelque chose d’intéressant ? »
Des questions précises
Comme vous le voyez dans l’exemple ci-dessus, on ne demande pas à l’enfant une question globale, qui porte sur plusieurs heures, plusieurs lieux, plusieurs domaines, plusieurs aspects de la vie. Nous adultes, savons raconter une journée en étapes, chronologiques ou thématiques, mais un enfant n’en a pas encore tout à fait la capacité.
Lui poser une question précise, sur un thème ou un moment de la journée l’aide beaucoup à focaliser son attention pour aller récupérer des souvenirs précis.
« Qu’as-tu mangé à la cantine ? Tu as aimé ou tu n’as pas aimé? », « À coté de qui étais tu assis aujourd’hui ? », « Quelle fut la chose la plus intéressante ou la plus ennuyeuse que tu appris aujourd’hui ? »
Des questions ouvertes
Les questions fermées sont celles par lesquelles on peut répondre par oui ou non. « C’était bien l’école ?» n’incite pas à la discussion, surtout pour un enfant. Cette question ne montre pas non plus l’étendue de votre intérêt pour le vécu de votre enfant.
Proposez dans vos questions des possibilités diverses
« Tu avais sport aujourd’hui, c’était fatiguant ou agréable ? Agréable. Ah oui, vous avez fait quel sport ? De la course. C’était agréable d’être dehors ? » Ou « d’être avec les copains ? » Ou « tu as aimé le sport en lui-même ? » …
Les multiples questions ne ferment pas l’enfant qui saura facilement vous dire non. Cette liste lui permet de piocher et de réfléchir d’une façon nouvelle pour lui. Vous lui apprenez ainsi à faire une introspection.
Vous aurez aussi sûrement un effet « jackpot » : quand vous aurez posé la bonne question, ce pourquoi il a aimé ou pas aimé, il lui sera alors plus facile de partir de lui-même dans une description plus approfondie du sujet.
Utilisez leur imagination
Si le moment est propice au jeu, vous pouvez aussi jouer au monde imaginaire parfait. Permettez-leur d’imaginer leur vie de rêve, (ici à leur école de rêve).
« Si tu étais la directrice, tu mettrais quoi comme jeux dans la cour ? Tu interdirais quoi dans la cour ? », « Si tu pouvais choisir les élèves des classes, tu mettrais qui dans ta classe ? A côté de toi ? »
Il est parfois plus facile de parler de la réalité de façon masquée. Parler de ses envies, quand la discussion est définie comme « un rêve », permet à l’enfant de ne pas se restreindre.
Vous avez atteint votre but
Votre but final n’est pas de connaître les détails chronologiques des événements de la journée. Vous voulez savoir si votre enfant se sent à l’aise, s’il mange bien, s’il a des copains, s’il comprend tout… petit à petit, votre enfant va apprendre à voir ce qui vous intéresse, il va comprendre que vous ne voulez pas entrer dans son monde mais partager avec lui ses envies, ses peines, ses vécus.
Vos réactions sont bien sûr essentielles dans ces moments d’écoute.
Restez calme et dans une attitude d’écoute! Malgré tout ce que vos enfants peuvent vous raconter, il vous faut rester dans une attitude d’écoute. Il se peut qu’une réaction vive de votre part coupe le dialogue. Profitez de ce moment pour partager, ce n’est pas le moment de donner des conseils, de gronder, de passer des messages éducatifs. C’est un moment ou vous êtes ouvert. Si vous êtes dans le jugement, dans l’éducatif, votre enfant va se refermer aussi vite qu’il s’est ouvert !
Aude Mouton
29 septembre 2014
psychologue.mouton@gmail .com
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