L’an dernier, la très bonne BD de sur la charge mentale (« fallait demander ») a fait le tour des réseaux sociaux. La charge mentale est cette liste de chose à faire que le cerveau doit gérer en permanence, la multitude de taches effectuées en parallèle. De plus en plus ouvertement, nous montrons le côté pénible et stressant du rôle « être parent ». Le parent est soumis à une multitude de pression pour atteindre une perfection dans différents domaines. Il faut réussir dans sa carrière, dans son couple, dans son rôle de parents, d’ami…
S’ORGANISER
1. Faites la liste de vos priorités pour trouver un équilibre
Dans la vie d’un parent, tout est important. Faire à manger, organiser les vacances, nourrir les poissons rouges et passer l’aspirateur. Pourtant, ce n’est pas cela être parent. Plus facile à dire qu’à faire, mais ce dont vos enfants ont besoin, c’est de votre temps. Votre première priorité et donc d’aller bien, pour avoir du temps pour vous enfants, et ceci s’organise.
Les priorités sont différentes dans chaque famille. Pour certaines personnes manger des repas faits maison est plus important que l’état des chambres, mais dans une autre famille un espace rangé sera plus important que la qualité d’un repas. C’est à vous de définir cet ordre.
Faites ici la liste de ce qui est important pour vous dans chaque domaine : les enfants, le couple, la maison, moi. Voir vos enfants est primordial, mais une soirée en couple régulière l’est tout autant. Prendre le temps de voir ses ami(e)s est important mais on ne peut pas vivre dans une maison chaotique non plus.
Le surmenage vient tout d’abord d’une impression de surcharge de travail qui n’arrête pas de s’accumuler. Une impression que la liste des choses à faire dépasse nos capacités. Il vous faut donc dans chacune de ces catégories déterminer le plus important.
Voici un exemple :
Enfants | couple | maison | moi |
Garder mon calme | une soirée en couple par semaine | maison rangée | voir des amis |
Jouer avec eux chaque jour | du temps pour parler chaque jour | Facilité des taches | temps seule une fois par semaine |
Repas en famille | Sorties entre amis | Manger frais | Travailler |
Cet exercice n’a pas pour but d’être exact, précis, ce n’est pas un engagement. C’est une manière de conscientiser ce qui est important pour vous dans chaque domaine. Ces deux ou trois premières choses que vous rangerez dans cette grille sont les choses que vous devez organiser en priorité, le reste suit ou pas.
Vous ne pourrez pas vous occuper de vous si votre couple ne marche pas, vous ne pourrez pas vous occuper de votre couple si vos enfants vous accaparent complètement, et vous ne pourrez pas vous occuper de vos enfants dans une maison qui ne fonctionne pas, comme vous ne pourrez pas vous occuper de votre maison si vous n’allez pas bien,… c’est un cercle qui s’auto nourrit. Il peut être vicieux ou vertueux.
En redéfinissant ce qui est important pour vous, vous aurez plus de facilité à abandonner ou déléguer le reste. Vous verrez plus facilement ce qui est important pour vous.
2. Assumer ses limites
Cela demande d’apprendre à accepter ses limites. Vous n’êtes pas un super héros. Il est tout à fait impossible d’être dans la perfection dans tous les domaines. L’idéal est de se sentir bien dans chacun de ces domaines.
Votre temps est limité, votre énergie aussi. En connaissant vos besoins, ce qui vous donne de l’énergie, ce qui vous ressource, vous apprenez aussi à dire non, à éliminer ce qui vous coûte sans vous apporter.
C’est un travail difficile car il met en question notre estime de nous-même. Si je ne fais pas un beau gâteau fait main pour l’anniversaire de mon fils, que vont penser les autres parents ? Si je ne suis pas performant au lit, comment va réagir mon conjoint ? Suis-je une moins bonne personne, un moins bon parent, conjoint, si je commence à réduire mes objectifs ?
Évidemment la réponse est non.
Apprendre ses limites vous permet de déléguer ce qui vous pèse et ainsi atteindre vos objectifs. Ce qui est moins essentiel, vous coûte trop, est alors à la charge de quelqu’un d’autre.
Déculpabilisez vous de ce désir de se simplifier la vie. Utiliser vos ressources pour avoir une vie simple et agréable, non pas courir après une image inatteignable qui ne vous correspond peut-être même pas.
3. Apprendre à déléguer
Il peut y avoir un vrai plaisir à partager les tâches. Déléguer devient efficace lorsque vous savez quelle tâche est la plus difficile pour vous. Typiquement, on délègue le ménage. Mais le ménage peut aussi être une forme de relaxation pour certains. Et alors on pourra déléguer les devoirs, ou la cuisine, les possibilités sont multiples. Débarrassé de ces tâches couteuses et sans apports, l’énergie que vous y consacriez sera à nouveau disponible pour vous.
On peut aussi en famille, faire la liste des tâches de la maison. Et découvrir que ce qui nous coute le plus n’est pas si pénible pour un autre. On peut découvrir que c’est la répétition qui coute et organiser une rotation peut alléger le cout de la tâche. Ou découvrir que le faire en duo peut être un moment de jeu ou de partage.
PENSER A SOI
Un parent aujourd’hui a très peu d’espace de temps pour penser à soi. Pourtant, c’est bien ici que l’épuisement s’installe car le cerveau a besoin de se régénérer, de respirer. Nous vivons dans un monde occidental, où l’oisiveté et loisirs n’ont pas de place reconnue pour le parent. Pourtant, c’est la base de l’équilibre global de la vie. Prendre le temps.
1. Replacer le plaisir au centre de la vie
Il n’y a pas de motivation ou d’efficacité, sans plaisir. Le plaisir peut être lié à la tâche, ou à la récompense de la tâche. Je n’ai que peu de plaisir à ranger ma cuisine, pourtant à la fin, la vision de cet espace net et rangé, l’impression d’avoir été efficace m’apporte un plaisir. C’est un plaisir qui coûte.
Il existe aussi des plaisirs gratuits. Ces plaisirs gratuits viennent le plus souvent des choses simples. Le beau temps, un moment de rire avec quelqu’un qu’on aime, une plante qui grandit chaque jour et embaume notre salon…
Il est primordial aujourd’hui, dès aujourd’hui, que vous reconnectiez avec ce qui vous apporte du plaisir à court et moyen terme.
Ces petits plaisirs renouvelés, permettent de développer une sensation de contentement, et une notion de bonheur.
2. Du temps pour le repos psychologique
Commençons par différencier la procrastination et le vrai repos psychologique. A intervalles réguliers, votre cerveau se déconnecte. Il ne peut pas travailler à attention constante sur une longue durée. Vous pouvez être soit soumis à ce repos, soit le planifier. C’est la différence entre regarder sans but précis son téléphone et décider d’y lire un article ou chatter avec un ami pour un temps donné. Plusieurs moments de repos à intervalle régulier permettent une meilleure efficacité.
Le sommeil est bien évidemment très important mais nous parlons ici du repos de l’esprit. Un moment sans écran, sans interactions sociales, qui ne coûte aucune énergie. Et qui ne doit provoquer aucune culpabilité.
Un moment où vous n’êtes responsable de rien d’autre que de vous-même.
3. Du temps pour recharger les batteries
Je parlais ici des activités qui redonnent de l’énergie même si elles peuvent coûter. Le sport, voir des amis, du temps en couple sont de très bons exemples. Cela demande une organisation, une certaine gestion émotionnelle, un cout physique, mais apporte en échange aussi beaucoup. Chacun a une façon différente de recharger ses batteries. Il faut surtout écouter ses besoins et ses envies.
Faites la liste de vos ressources dès aujourd’hui et programmez-les dans votre quotidien…
Aude Mouton, Londres Septembre 2017
Pour aller plus loin:
Aude Mouton, Directrice CogitoZ Londres
Psychologue clinicienne
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