1- Selon vous, quelles sont les motivations qui poussent un étudiant français à venir étudier dans une business school française aujourd’hui (notamment par rapport aux universités étrangères ?)
Selon moi, il y a 4 facteurs importants qui font la différence :
– La grande ouverture internationale que l’on trouve rarement ailleurs, avec des double diplômes, voire des triple diplômes. Les publics sont mélangés, le corps professoral aussi. Il n’y a pas vraiment d’équivalent côté universitaire.
– Les perspectives d’emploi. Aux yeux des familles, c’est ce qui est le plus important. Quels sont les meilleurs débouchés ? Sur ce point, de trop nombreuses universités françaises demeurent victimes d’une image négative.
– Le bon niveau des élèves. Il s’agit moins de se protéger des « mauvais élèves » que d’attirer les bons. La sélection de ces écoles fait qu’elles attirent certains profils d’élèves et de familles.
– La pédagogie. Ces établissements offrent un bon compromis entre l’encadrement de qualité, les effectifs réduits, les travaux de groupe et l’autonomie de l‘élève qui est préparé à sa future vie professionnelle.
A noter cependant que les droits de scolarité de ces écoles, généralement de statut privé, se situent en moyenne entre 12 000 et 19 000 euros / an, et peuvent s’avérer inabordables pour certaines familles.
D’ailleurs, pour palier à cet inconvénient, il peut être proposé des solutions comme : l’alternance où la scolarité peut être prise en charge par les collectivités et où l’élève peut avoir un salaire ; le système des fondations avec les bourses scolaires ; la junior entreprise ou les associations ; les prêts à taux 0…
2- Y a-t-il une volonté de garder une identité française, voire européenne face aux écoles internationales ?
Oui la « french touch » reste à la mode…
Ce qui ressort fortement c’est l’importance de ne pas oublier sa culture d’origine, sans forcément la mettre excessivement en avant. Mais ce thème est rarement abordé par les écoles ou les familles car l’ouverture internationale va de soi et le français, s’il s’intègre bien, ne se dilue pas pour autant dans ce melting pot.
3- Quelles sont les filières les plus recherchées par les étudiants ?
On note l’engouement croissant pour la labellisation.
En effet, ces écoles entrent parfois dans une véritable course à la recherche du label, à la reconnaissance de l’Etat (par ex le grade de master international).
Ces labélisations pour le public sont donc recherchées essentiellement pour 2 critères : elles permettent des passerelles du fait de la reconnaissance internationale et elles rassurent car elles sont vues comme « un critère de qualité ».
On distingue :
– Les écoles nationales : reconnues par l’Etat ou non
– Celles qui appartiennent à la conférence des grandes écoles – labellisation grade de master
– Les écoles à forte ouverture internationale, affichant les labels AACSB (nord-américain), EQUIS (européen), AMBA.
Parlons sélection.
C’est un point qui demande à être pris en compte tôt en amont car pour les business schools qui recrutent en fin d’année de classe terminale, il y a nécessité de mettre en œuvre un programme de préparation des épreuves qui ne doit pas commencer trop tardivement.
Et si l’école recrute à bac + 2 ou bac + 3 (après une classe préparatoire, un bachelor, un BTS ou DUT, une licence universitaire…), il faudra faire de même.
Dans tous les cas, le profil de chaque candidat est évalué en profondeur et de façon large : on vérifie bien sûr les acquis scolaires, mais on s’intéresse aussi à la personnalité de chaque candidat : sa capacité d’autonomie, son sens de l’organisation, son aptitude au travail en équipe, son esprit d’initiative, son niveau en langues, son implication au sein d’associations…
Cela a une grande importance pour l’épreuve d’entretien de motivation.
Dans cette logique, la pression des classements est donc de plus en plus forte. Il y a un engouement croissant pour les PALMARES, qui hiérarchisent les établissements en tenant compte d’un ensemble de critères.
Se trouve alors l’effet pervers de ces sélections : la demande d’excellence, comme dans les classes préparatoires.
Les étudiants sont soumis à plus de pression et se demandent s’ils seront à la hauteur de cet objectif.
On pense directement sommet de la hiérarchie et l’on oublie bien souvent les étapes.
Il serait plus sage et prudent alors d’opter pour des filière non sélectives.
Vous avez donc d’un côté les familles dites « consumméristes » qui veulent savoir ce qu’elles vont avoir en contrepartie de ce choix sélectif, et c’est assez logique (cela représente environ 30% des familles qui souhaitent se diriger vers les labélisations de qualité).
De l’autre, les familles, y compris les populations du monde entier, attirées par le système français, qui offre une quasi gratuité de l’université (ex doctorat en médecine).
4- Quels atouts possédera l’étudiant qui sortira d’une Business school française ?
L’étudiant d’une business school française a bien souvent un profil assez complet. On lui trouve entre autres : l’ouverture d’esprit, la capacité de travailler seul et en groupe, l’adaptabilité, la flexibilité, la capacité à se remettre en cause, l’écoute des autres, la prise de parole, l’esprit de synthèse.
En fait, ces écoles préparent de futurs managers.
5- Quelles pistes de développement poursuivent aujourd’hui les business shcool pour se démarquer ? notamment par rapport au modèle ultra-libéral anglo-saxon ?
Elles suivent la piste du compromis : moins ultra-libérales, elles développent l’esprit des recherches appliquées.
Elles sont un pont entre les universités et le monde du travail.
Les business schools deviennent elles-mêmes des sortes d’entreprises (ou « écoles-entreprises ») dans la mesure où elles deviennent des lieux de production et de commercialisation (publications diverses, activités de conseil, de formation continue, etc.)
Leur point fort : la facilité d’insertion à la sortie…
Bruno MAGLIULO
Inspecteur d’académie honoraire
Auteur/formateur sur les questions d’orientation scolaire et professionnelle
Auteur, dans la collection L’Etudiant, de « Pour quelles études êtes-vous fait ? »
Chroniqueur régulier sur le réseau social Linkedin
Septembre 2018