Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vous et votre parcours ?
J’ai 46 ans et ai commencé mes études supérieures par un DEA et un CAPES en mathématiques, puis je suis devenu agrégé de mathématiques avec une spécialisation en proba-statistiques.
J’ai débuté dans des lycées de la banlieue parisienne, à Créteil puis dans le Val d’Oise en ZEP (Zone d’Education Prioritaire) à 22 ans.
J’ai ensuite intégré le ministère de l’Éducation nationale en tant que chargé d’études pendant 2 ans et demi.
Lors de cette mission, j’ai notamment travaillé sur le projet de réforme du lycée en 2002, avec trois ministres différents, Claude Allègre, Jacques Lang et Luc Ferry.
Ma rencontre avec Claudine Schwartz, mathématicienne statisticienne impliquée dans le projet de l’École Jeannine Manuel, a marqué pour moi un tournant décisif dans ma vie et carrière.
En 2006, l’école recherchait un professeur de mathématiques. Lors des premiers échanges et entretiens, j’ai tout de suite été séduit par le projet de cette école dans laquelle j’ai senti une bienveillance et une dynamique de progrès continu.
Depuis 1954, date de la création de l’École Jeannine Manuel, la mission de promotion de la compréhension internationale par l’éducation bilingue, le brassage des cultures et l’innovation pédagogique est restée inchangée.
Pouvez-vous nous en dire plus sur ces valeurs qui animent les écoles Jeannine Manuel ?
Nous plaçons tout d’abord l’ensemble de nos élèves au cœur des apprentissages en faisant de leur bien-être une priorité et en développant des méthodes centrées sur leurs besoins.
Il existe au sein de chacun des trois établissements une véritable volonté de garantir un climat de confiance fondé sur la bienveillance : qu’il s’agisse des élèves, de leurs familles ou du personnel de l’école, l’objectif est de permettre à l’ensemble de la communauté éducative d’évoluer sereinement.
La cohérence de ces valeurs rejaillit de manière positive sur les trois écoles qui continuent de se développer et de contribuer au rayonnement du projet de Jeannine Manuel.
Pour ce qui relève de la croissance des écoles, le site de Lille dont j’ai été le chef d’établissement pendant 5 ans est passé de 747 élèves à mon arrivée à près de 1 000 aujourd’hui (dont 120 élèves en boarding).
Cette école a ouvert par ailleurs une classe de petite section à la rentée 2019.
Y sont proposées pour les lycéens 3 options du baccalauréat : l’OIB (option internationale du baccalauréat) section américaine, l’IB (Bac international) et le baccalauréat option européenne.
Cette variété de choix est cohérente avec l’ouverture que nous souhaitons apporter au niveau des parcours et de la variété des profiles de nos jeunes.
Les 45 nationalités qui sont représentées au sein de l’école constituent par ailleurs une grande richesse et une ouverture sur le monde.
Depuis mon départ cet été, Constance Devaux a été nommée cheffe d’Établissement de l’École Jeannine Manuel Lille.
Ancienne élève de cette école, Constance est revenue y enseigner le français en 2013 puis a été nommée coordinatrice de ce département. Très motivée et impliquée dans ce même projet de bienveillance et de compréhension de l’autre, Constance est une personne dynamique avec qui j’ai travaillé depuis de nombreuses années et en qui j’ai toute confiance.
La diversité et l’ouverture sur le monde semblent résonner en vous, une histoire personnelle ?
Nous avons tous une histoire qui nous forge et nous oriente consciemment ou non vers des choix.
Pour ma part, de père italien et de mère tunisienne, ayant habité dans le Périgord, j’ai baigné dans le multiculturalisme dès le plus jeune âge et c’est sûrement pour cela que je me suis senti à ma place au sein du projet de l’École Jeannine Manuel.
Enfin, que pouvez-vous nous dire sur votre rôle en tant que chef d’établissement ?
Mon rôle en tant que chef d’établissement est double :
– Dans mon rôle défini par l’Éducation nationale : l’École Jeannine Manuel étant une école privée laïque sous contrat, je suis le représentant de l’État et le garant des obligations contractuelles qui nous lient à lui.
– Dans mon rôle défini par l’école : j’ai une mission pédagogique et ai en permanence la mission de l’école à l’esprit. Je suis en ce sens le garant de son caractère propre.
Je vois ces deux rôles comme les deux extrémités d’un arc qui provoquent une tension saine, qui permettent de bien viser !
Les différentes accréditations que nous avons obtenues vont en ce sens car lors des inspections, tout le monde apprend.
Fruit du dialogue entre l’école et les organismes accréditeurs, le processus qu’elles engendrent engage l’école dans une réflexion approfondie sur ses pratiques et leur perfectionnement.
On entre alors dans un cycle vertueux de transformation fidèle au Growth Mindset à l’œuvre dans les classes.
Animé par l’envie d’assurer une continuité dans ce projet et cette vision, j’arrive sur le campus de Paris avec beaucoup d’humilité dans une école connue et reconnue comme la meilleure de France.
Avec près de 2500 élèves, le site de Paris est bien plus grand que celui de Lille. Je suis néanmoins confiant car je travaillerai en étroite collaboration avec Elisabeth Zéboulon qui reste la Directrice Générale de l’école.
Je reste avant tout un éducateur et un pédagogue, entouré d’équipes passionnées et engagées et je vais poursuivre dans la voie dessinée par Madame Zéboulon.
Entretien réalisé par Marie Boutry-Peyron pour Avenue des Ecoles – Octobre 2019