Cécile Masek, comment devient-on conseillère d’orientation spécialisée dans le système anglais et dans le système français ?
L’aventure comme conseillère d’orientation a commencé avec un Master en la matière obtenu à Londres. Là, j’ai pu non seulement me former à un métier mais également appréhender le système d’enseignement supérieur britannique de l’intérieur.
La spécialisation est venue grâce à mon expérience en tant que conseillère d’orientation en lycée français au Royaume-Uni et enfin en tant que consultante dans le privé.
Mon public, pour la plupart constitué d’élèves français expatriés aux horizons et profils variés, m’a poussée à aborder la question de l’orientation sous les deux angles britanniques et français et ce de façon simultanée.
Ma fonction consiste donc à décrypter les attentes des élèves leur proposer les meilleures alternatives dans les deux pays en fonction de leur histoire et de leurs objectifs.
Je passe également beaucoup de temps en formation sur place en Angleterre ce qui me permet d’avoir des contacts suivis avec les universités britanniques et leurs recruteurs mais également avec d’autres professionnels de l’orientation.
Je participe régulièrement aux nombreux salons organisés par Ucas (Portail de candidature aux universités anglaises) et quand il s’agit d’en savoir plus sur les formations en France, mon réseau me permet de rester au fait de l’actualité de même que la presse et les salons d’orientation.
En dehors de ma spécialisation, les autres formations à l’étranger me sont toutefois familières pour avoir régulièrement suivi des élèves qui postulaient pour les USA, le Canada et la Suisse notamment.
A qui s’adresse votre service et en quoi consiste-t-il ?
Mon public est constitué d’élèves de la seconde à la terminale, des étudiants en réorientation mais aussi des élèves susceptibles de rejoindre le système britannique en cours de scolarité et maintenant les étudiants qui souhaitent postuler pour un Master au Royaume-Uni.
Pour les français basés à Londres ou les français de France, mon service commence en général par un bilan d’orientation pour faire le point sur le sujet d’étude envisagé.
Il peut être une fin en soi ou le début d’une collaboration ultérieure notamment quand l’élève souhaite postuler pour les universités anglaises via le portail Ucas.
J’encadre également les élèves qui souhaitent postuler via et hors APB (Portail de candidature pour certains établissements français.).
Il m’arrive également de répondre à des questions ponctuelles et techniques lors d’un rendez-vous en face-à-face ou via Skype/Facetime.
Quelle est votre approche ?
Le sur-mesure toujours car il n’y a pas de prêt-à-porter possible en matière d’orientation. Certes les grandes lignes peuvent être données lors de conférence en groupes mais pour certaines personnes, cette approche ne suffit pas.
Dans ce cas, il faut les accompagner. Formée selon les méthodes préconisées par Carl Rogers, je prends le temps de connaître mon client et de l’aider à trouver la meilleure voie pour lui-même par le biais d’un entretien.
J’aime insister, quand la question m’est posée, sur le fait qu’il n’y pas de « meilleure université ». La meilleure formation sera celle qui conviendra au futur étudiant afin qu’il puisse progresser dans un environnement épanouissant et porteur.
Oxford ou Oxford Brooks, à chacun son parcours. En complément de l’entretien d’orientation, pour aider l’élève à prendre ses décisions et progresser sur son chemin, je fais passer des tests d’intérêt et/ou de personnalité comme Morrisby, Centigrade et bientôt le MBTI.
Les parents qui le souhaitent sont associés en début et fin de bilan car ils ont un rôle important à jouer auprès de leurs enfants dans cette démarche.
En parallèle, lorsque que je ne suis pas en entretien, la veille et la recherche documentaire constituent le deuxième pôle de mon activité afin de pouvoir proposer à mon client une information fiable, impartiale et en adéquation avec son profil.
C’est souvent un aspect sous estimé de la mission du conseiller d’orientation qui doit continuellement s’informer mais également trouver les sources susceptibles de motiver et renseigner son client.
De nos jours, on le sait, la difficulté n’est plus de trouver l’information omniprésente et parfois source de confusion mais de pouvoir compter sur une information pertinente et présélectionnée pour gagner en temps et en fiabilité.
On entend parfois que l’orientation est avant tout une source de stress pour les parents et les enfants, qu’en pensez-vous ?
A mon avis, il n’y a aucune raison pour que l’orientation soit une source de stress pour les enfants et leurs parents.
Un parcours bien préparé, si possible dès la seconde, où les objectifs sont SMART (!) (Specific/Measurable/Attainable/Relevant-Realistic/Time-bound) ne peut que lever la tension et rendre cette expérience enrichissante pour l’intéressé mais également pour sa famille.
L’orientation est un parcours semé de découvertes et de doutes au moment où l’adolescent est confronté à ses premiers choix pour sa vie de jeune adulte.
Le conseiller d’orientation doit être un accompagnant à la fois bienveillant et ferme, il doit œuvrer pour une approche dans la sérénité et la confiance réciproque.
Que ne feriez-vous jamais ?
Décider de l’orientation de mon client (même si c’est son souhait le plus cher), lui écrire sa lettre de motivation ou son « Personal Statement » (ce dont il rêve), exercer ce métier sans suivre le code éthique de la profession.
Votre adage ?
C’est une citation de Sénèque : « Il n’y a pas de vent favorable pour qui ne connaît son port ».
Londres, octobre 2016,
Cécile Masek, CDI Registered Career Adviser.
Pour aller plus loin :
Cécile Masek – clespourdemain@gmail.com