1/ Quelles sont vos priorités en matière d’éducation au Royaume-Uni ?
En tant que député, mon champ d’action concerne le niveau national et mon engagement est focalisé aujourd’hui prioritairement sur la réforme de l’AEFE (Agence pour l’Enseignement français à l’étranger) dont un projet est attendu pour l’été prochain ainsi que l’a demandé le Président de la République dans son discours de Tunis du 1er février 2018.
L’AEFE fait en effet face à des déficits structurels depuis quelques années, et comme l’a d’ailleurs rappelé la Cour des Comptes, il convient de réfléchir à la nécessité d’une amélioration de sa gouvernance et de sa gestion.
Dans ce contexte, il convient de remettre à plat le dispositif pour permettre à l’AEFE de continuer à assurer ses missions pour le rayonnement de notre culture, de notre langue et de nos valeurs, le renforcement des relations de coopération entre les systèmes éducatifs français et étrangers, la promotion de l’enseignement supérieur français et, plus largement, à l’attractivité de la France.
Il convient aussi d’envisager cette réforme au regard de nouvelles problématiques, comme les pays émergents, l’évolution des frais de scolarité….
2/ Le plan Ecole mis en place en 2008, sous l’autorité de l’ambassade de France à Londres, pour créer notamment de nouvelles capacités d’accueil dans les établissements scolaires français a aujourd’hui rempli cet objectif.
L’offre scolaire s’est considérablement étoffée et diversifiée présentant des parcours scolaires bilingues différenciés permettant de répondre ainsi aux différentes aspirations des parents.
Quel est, selon vous, l’avenir du plan Ecole dans le contexte actuel marqué par les discussions sur le Brexit ?
Le plan Ecole est en effet une grande réussite. Il a permis de résoudre un problème de places dans les écoles qui rendait la situation du collège/lycée Charles de Gaulle intenable et ne permettait pas à de nombreuses familles d’inscrire leurs enfants dans le système scolaire français.
Il a été le fruit d’efforts considérables de tous les acteurs : des services de l’ambassade, des politiques ainsi que des parents.
Grâce au plan école, les parents ont aujourd’hui des places pour leurs enfants dans les écoles françaises.
Le plan Ecole a aussi permis de développer le réseau des écoles FLAM (Français Langue Maternelle) qui représente au Royaume-Uni le 1/3 du réseau AEFE (une cinquantaine d’association, fédérées par Parapluie FLAM). Vecteur majeur de la francophonie, le réseau des écoles FLAM permet aux enfants scolarisés dans le système anglais de bénéficier d’un soutien linguistique et culturel français adapté.
Il est clair qu’aujourd’hui de nouvelles questions se posent et qu’il convient de réfléchir aux moyens d’assurer la pérennité du système actuel mais aussi de le faire évoluer au regard des impacts du Brexit.
Il est en effet primordial de maintenir le plus grand nombre de places, d’essayer de satisfaire les aspirations de chacun tout en faisant en sorte que le système puisse fonctionner. Mais avant de se lancer dans de nouveaux objectifs, il me semble primordial de concerter l’ensemble des acteurs concernés.
J’ai d’ailleurs consulté un grand nombre d’acteurs sur ce sujet, que ce soit les parents, les professionnels ou les étudiants.
Mais je tiens aussi à ajouter un point qu’il me parait particulièrement important d’avoir à l’esprit : pouvoir bénéficier d’un réseau scolaire français à l’étranger est une chance unique au monde !
Aucun Etat au monde ne dispose d’un tel réseau.
Aucun Etat au monde n’investit plus d’un demi-milliard d’euros par an dans l’enseignement à l’étranger.
C’est un privilège qu’il faut conserver mais aussi savoir faire évoluer.
3/ Avez-vous des propositions pour les familles qui doivent faire face à des frais de scolarité trop élevés ?
Il faut savoir que l’AEFE consacre aujourd’hui 110 millions d’euros pour financer les bourses scolaires.
Le Président de la République s’est d’ailleurs engagé à garantir cette stabilité pendant 2 ans.
Je serai de mon côté attentif au cadre d’attribution des bourses, aux critères d’attribution, mais je n’ai aucun pouvoir sur l’attribution des bourses, ce point ne relève pas de ma mission.
4/ Pouvez-vous nous parler des réformes actuelles du gouvernement en matière d’éducation, la réforme du bac ou l’enseignement des langues ?
La réforme envisagée par le gouvernement part du constat que la place de la France en matière d’éducation s’est dégradée par rapport à d’autres pays.
Il est donc devenu nécessaire de réfléchir à une évolution tout en conservant l’excellence française.
L’idée est donc de renforcer les points faibles comme les langues étrangères et l’expression orale.
Cette réforme s’articule avec celle de l’université qui consiste à répondre à l’augmentation croissante du nombre d’inscrits au premier cycle des études supérieures, en garantissant un droit d’accès à l’enseignement supérieur à tout candidat souhaitant poursuivre des études ainsi qu’à favoriser la réussite de tous les étudiants, en leur permettant de bénéficier de dispositifs d’accompagnement dans l’optique d’une individualisation des parcours de formation.
5/ En tant qu’ancien élève du lycée Charles de Gaulle, ici à Londres, quelles seraient vos recettes pour devenir bilingue ? Les écueils à éviter, les pistes à privilégier ?
Ma réponse sera sur cette question un peu biaisée, ayant la double nationalité franco-anglaise depuis mon enfance.
Mais il est vrai que savoir parler une ou plusieurs autres langues est un véritable atout et un projet que le gouvernement souhaite absolument développer.
L’une des conditions nécessaires pour bien acquérir une langue est d’y avoir un intérêt, un intérêt plus large que la simple connaissance académique.
L’acquisition d’une langue est facilitée par un enrichissement lié à la connaissance de la culture du pays, l’échange avec les habitants du pays …
Sophie Guiroy-Meunier pour Avenue des Ecoles
sophie@avenuedesecoles.com
Avril 2018