14 – Jean Echenoz, Editions de Minuit, octobre 2012, 123p.Guidé par cette même curiosité qu’avait suscité chez lui la vie d’un compositeur (Ravel 2006) d’un sportif (Courir, 2008) ou d’un ingénieur (Des éclairs, 2010), Jean Echenoz est allé explorer les archives, les carnets de guerre et tous les écrits possibles sur « la Grande Guerre ». Avec toute la finesse et l’élégance qu’on lui connaît, il nous offre une vision du conflit à hauteur d’homme, au ras d’une vie quotidienne. Anthime et ses camarades de pêche et de café sont appelés par un beau jour ensoleillé du mois d’août. Ils revêtent leurs beaux uniformes, intègrent fièrement le 93ème régiment d’infanterie, défilent joyeusement dans les rues, s’embarquent dans un train pour les Ardennes « la fleur au fusil » et se retrouvent en quelques jours (quelques pages, quelques minutes) au fond des tranchées glaciales. Tout est si rapide, évident, inévitable…par une succession d’éléments concrets, de petits détails de vie, de gestes anodins, l’auteur approche la condition humaine au plus serré, au plus vrai. Il retranscrit avec finesse et délicatesse les relations amicales, amoureuses et fraternelles: précisément dans les non-dits entre deux frères, et à travers le personnage de la jeune et jolie Blanche qui enlace son fiancé et regarde furtivement un autre. On voudrait parler de magnifique pudeur, d’incroyable densité, de maitrise renversante. On voudrait saluer le génie de Jean Echenoz !
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