Cela peut sembler simple.
S’en tenir aux faits.
Un outil utilisé dans le domaine du droit par exemple. Témoignages, rapports des juges…
Je trouve cela difficile. Enlever tout ce qui relève d’une évaluation dans mon langage est un vrai challenge au quotidien !
D’abord, à quoi cela sert-il ?
Nous avons vu, dans de précédents articles, combien nos émotions l’emportent sur notre raisonnement tant qu’elles n’ont pas été entendues.
L’accès à notre cerveau rationnel n’est possible que lorsque notre cerveau archaïque, siège des émotions et de notre système de survie, repasse « dans le vert », autrement dit quand tout danger ressenti, qu’il soit réel ou pas, semble écarté.
Donc, dans un échange avec nos enfants, l’idée est de communiquer d’une manière qui va permettre d’augmenter nos chances que l’autre reste dans le vert, afin de rester efficace et serein.
Tout en restant authentique. Arriver à la fois à entendre et dire les choses sans provoquer des tsunamis émotionnels.
Vaste programme.
Nous avons vu également que reformuler les émotions de l’autre et exprimer les nôtres allaient dans ce même sens.
C’est là que la description prend toute son importance. Elle va complémenter cette verbalisation des émotions. Elle permet de :
1. Favoriser la responsabilisation
En étant objectifs/factuels, nous permettons à l’autre en face d’être moins sur la défensive et donc plus à l’écoute. Nous évitons de juger, d’interpréter, de parler à la place de l’autre.
Nous ne cherchons pas la perfection, nous regardons comment aller dans une direction particulière : celle de choisir la connexion avant l’éducation, celle de respecter les humains que nous sommes avec nos limites.
Au delà des mots, ce sont aussi le langage corporel, le ton, la posture qui vont faire la différence.
Par exemple, imaginez que vous soyez agacé du manteau de pluie dégoulinant laissé dans l’entrée par votre enfant.
Traiter votre enfant de négligeant, utiliser le sarcasme ou la menace a souvent pour conséquence d’entrainer une situation désagréable.
En effet, même si votre enfant finit par s’occuper du manteau, il le fera de mauvais coeur et se concentrera davantage sur ce qu’il ressent que sur l’apprentissage de prendre soin de ses affaires et de l’environnement.
A la place, vous pouvez manifester votre mécontentement de plusieurs manières sans que votre enfant se sente en “danger”, en utilisant la description (ce que je vois/ce que je ressens).
– Je n’aime pas quand il y a des affaires mouillées qui trainent par terre.
– Ton manteau est mouillé par terre dans l’entrée.
– Ton manteau ! (simple et efficace!)
– Un manteau mouillé a besoin d’être suspendu pour sécher.
– Je vois que ton manteau est en train de dégouliner sur le plancher.
Encore une fois, cela ne garantie rien, cela augmente les chances que votre enfant ait envie de réparer/aider car il ne se sent pas attaqué.
2. Complimenter efficacement
Nous avons tendance à évaluer quand nous complimentons nos enfants : c’est bien, tu es sage, tu es un bon élève, tu es poli, tu es gentil….
Et alors me direz-vous ? Où est le problème? On ne peut plus faire de compliments maintenant ?!
L’idée est de complimenter en allant chercher ce qui est derrière nos évaluations : qu’est-ce qui me fait dire que mon enfant est gentil/poli ?
Qu’a-t-il fait ou dit qui me permet de penser cela ? Cela peut donner :
– Quand tu as eu l’idée d’écrire à ta grand-mère malade, ça m’a vraiment touché que tu prennes soin d’elle comme ça. Quelle attention !
– Tu as dit bonjour à 10 personnes dans la rue ce matin, c’est vraiment agréable de se promener avec toi et de voir comment tu regardes les gens en leur souriant.
L’avantage est énorme : au lieu de maintenir mon enfant dans mon évaluation constante (c’est moi qui dit ce qui est bien ou mal), il sait très PRECISEMENT en quoi il a contribué pour les autres. Cela lui donne des références concrètes.
Il peut lui-même se complimenter ( je suis gentil/poli), et il y a plus de chances qu’il ait envie de recommencer. Lui parler ainsi, c’est l’accompagner à intérioriser des notions fortes, des valeurs.
Habituellement, nous avons tendance à imposer notre point de vue (Tu dois/il faut être gentil/poli), à donner des repères extérieurs, issus de l’expérience des autres.
Avec la description, notre enfant VIT et RESSENT le respect et la gentillesse.
C’est une expérience intérieure.
Il ne s’agit pas de dire que l’un est meilleur que l’autre. Juste de prendre conscience que ce sont deux processus distincts.
3. Exprimer clairement sa gratitude
Comme pour le compliment, regardons ce qu’il y a derrière nos mercis :
– Merci pour ton aide hier soir.
Soyons plus précis !
Cela permet de découvrir ensemble ce que notre enfant a fait ou dit qui est utile/agréable/soutenant, de mieux se connaitre l’un et l’autre. Et la magie de ces découvertes nous entrainent souvent dans encore plus de gratitude !
– J’ai vu que tu avais mis la table sans que je te le demande et que tu avais rangé toute la vaisselle hier soir.
Ça m’a permis de me concentrer sur le repas. Merci !
– Heureusement que tu as pensé à prendre du pain à boulangerie hier soir, cela m’a évité de ressortir et m’a fait gagner du temps et de l’énergie. Merci !
Alors, tentés d’essayer la description ?
Quelques petites astuces supplémentaires :
– éviter les adjectifs (souvent évaluatifs)
– imaginer que vous êtes une caméra (elle enregistre le son et l’image, elle ne juge pas)
– éviter les mots bien/mal
– rester affirmatif (décrire ce qui va, ce qu’on veut)
par Karine Bodaghi
Facilitatrice en communication adultes-enfants
Animatrice et conférencière Faber et Mazlish
karine@communiquer-autrement.com
Page Facebook : Karine Communiquer-Autrement
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Photo : Marcisim (pixabay)