L’effet boomerang des tests de QI

Une étude américaine montre que coller une étiquette «intelligent» sur un enfant ne pronostique pas de bons résultats scolaires, mais serait plutôt source de contre-performances.

 

 

Surdoué, mais pas en tête de classe

 

Depuis qu’il est né, Corentin a toujours entendu dire qu’il était intelligent. Ses parents d’abord puis son entourage et récemment les résultats d’un test d’aptitude ont confirmé l’intuition.

 

Cependant, son parcours scolaire est chaotique. Certaines matières lui paraissent faciles, voir très faciles alors que dans d’autres il obtient de très mauvais résultats.

 

Et Corentin n’est pas le seul. En fait, la plupart des enfants dits “surdoués” ont en fait très peu confiance en eux, mais surtout manquent terriblement de ténacité et de persévérance.

 

 

Ils ne valorisent pas l’effort et leurs résultats scolaires sont très souvent inversement proportionnels à leurs tests de QI.

 

La perte de contrôle de ses performances

Au cours des dix dernières années, Carol Dweck et son équipe de Columbia ont étudié les effets des éloges sur des étudiants de CM2 de dizaines d’écoles New-Yorkaises.

Après leur performance à un test psychotechnique simple, les enfants entendront deux commentaires différents. Soit « Tu dois être drôlement intelligent pour avoir réussi ce test », soit « Tes efforts ont réellement payé pour ce test».

On donnait ensuite un choix aux enfants : de passer soit un test plus difficile, ou un aussi facile.

Les enfants complimentés pour leurs efforts ont choisi à 90 % le test le plus dur, alors que ceux complimentés pour leur intelligence ont majoritairement choisi le test le plus simple.

Que s’est-il passé ?  Les enfants étiquetés « intelligents », ont-ils eu peur de prendre le risque de perdre cette étiquette ?

L’expérience continua. On demanda cette fois à tous les enfants de passer un autre test, significativement plus difficile.  

A nouveau les réactions furent différentes en fonction de la teneur du compliment initial : les enfants qualifiés d’«intelligents » ont vite abandonné, prétextant un manque d’intérêt ou de concentration pour leur échec, montrant par ailleurs de forts signes de malaise au cour du test.

Les enfants, précédemment encouragés pour leur effort ont, au contraire, essayé toutes les combinaisons possibles, s’amusant apparemment beaucoup et certains déclarant même spontanément, malgré leur échec final « c’était mon test préféré ! ».

 

La spirale de l’échec

Une fois tous confrontés à l’échec, les enfants ont alors reçu un test final. Aussi facile que le premier.

20 % des enfants « intelligents » ont alors fait moins bien que la première fois, alors que les autres ont fait significativement mieux !

Carol Dweck explique ainsi l’effet boomerang de l’éloge : «Mettre en exergue l’effort donne aux enfants une variable qu’ils peuvent contrôler.

Ils sont maîtres de leur succès en variant l’intensité de leur effort. Alors qu’attribuer les résultats à l’intelligence naturelle enlève à l’enfant le contrôle de la situation”.

C’est un constat pas une variable et l’enfant n’en a pas le contrôle ! D’ailleurs en général l’enfant  «intelligent», (gifted en anglais) ne valorise pas l’effort, au contraire, il le proscrit car ce serait la preuve de l’inexistante de son don naturel !

Plutôt que de perdre son statut, l’enfant est amené inconsciemment à ne pas prendre de risque, à choisir des solutions plus simples mais également parfois à ne pas utiliser pleinement ses capacités, bloqué par la peur de l’échec.

Pour tenir compte de ses recherches, l’intitulé « surdoué » est peu à peu remplacé par « haut potentiel », ce qui sous entend l’idée d’une capacité à exploiter et non brut un don brut et naturel.

Cela sera-t-il suffisent pour enrailler la spirale d’échec des enfants dits « trop doués »… 

 

Guillemette Gaigneux  

Certified Positive Discipline Parental Educators (CPDPE) et Certified Positive Discipline Classroom Educators (CPDCE)

Contact : guillemettegaigneux@disciplinepositive.fr

www.disciplinepositive.fr

Pour aller plus loin :

Dweck Carol, « Praise for Intelligence Can Undermine Children’s Motivation and Performance » Journal of Personality and Social Psychology, Vol. 75, 1998, No. 1, p 33-52.

 

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