Précocité et éducation

Qu’est-ce que la précocité? Le terme de précocité s’explique par le fait que l’enfant « précoce » semble « en avance » dans son développement intellectuel…

 

 

 

L’enfant est en effet capable de performer intellectuellement comme un enfant de 1, 2, 3 ans son ainé. Cependant, ce terme est mal choisi car cette particularité cognitive ne s’atténue pas à l’âge adulte (où on ne peut donc plus alors parler d’avance) et elle n’est pas la seule caractéristique pour diagnostiquer une précocité intellectuelle.

Ces personnes pensent et perçoivent le monde différemment, de façon plus précise, moins globale, plus approfondie, plus rapide, plus subjective…

On observe une grande mémoire et surtout affective, de nombreux centre d’intérêts avec une volonté de connaissance exhaustive, un grand sens de la justice, une hypersensibilité et susceptibilité, la présence d’angoisses existentielles… (Pour plus de détails, on recommandera JC. Terassier ou J. Siaud Facchin)

 

L’ennemi public n°1 : l’Ennui

 

L’ennui, le temps libre est essentiel au développement d’un enfant. Il n’est pas bon qu’un enfant soit si occupé qu’il n’ait plus de temps à lui. Dans l’ennui on se retrouve face à soi-même et à ses préoccupations qu’on peut alors travailler de façon inconsciente, on y développe aussi sa créativité en trouvant soi-même des moyens de s’occuper. Il arrive aussi que l’on s’ennuie en classe si le sujet n’est pas intéressant ou si l’on connait déjà un peu la leçon. Nous ne parlerons pas dans notre cas de cet ennui bénéfique au développement personnel de chacun.

L’ennui dont il est question ici est un profond vide, un vécu régulier pour quelqu’un qui ne trouve plus de plaisir dans ses activités. Beaucoup d’enfants précoces souffrent de cet ennui car ils ont compris la leçon dès la première explication ou qu’ils la savaient déjà même avant. Un enfant me racontait d’un air désespéré qu’il regardait toujours à la rentrée ses livres et ses programmes avec excitation et que la déception était grande lorsque chaque année il se rendait compte qu’il connaissait déjà tout. S’ouvrait alors devant lui une année encore vide de sens et de plaisir.

Aimeriez-vous, vous adulte, passer une année entière, tous les jours, assis à une table à entendre des choses que vous savez déjà ou qui ne vous intéressent pas ? Vous serait-il possible de ne pas rêver, discuter avec le voisin, faire autre chose ?

Nous sommes face à un vrai danger : la chute des résultats scolaires, les comportements perturbateurs, la mauvaise estime de soi et l’apparition de sentiments négatifs de type dépressifs.

 

Que faire ?

 

Pour nourrir un enfant intellectuellement, il existe notamment trois approches :

·        Le rythme : on peut permettre à l’enfant d’aller plus vite et à terme sauter une classe. L’enfant peut travailler seul la fin de son programme et rattraper son retard sur la classe supérieure. Il atteint ainsi son niveau intellectuel. Attention tout de même, ce saut doit être validé par un psychologue qui regardera aussi la maturité de l’enfant et ses aptitudes à rattraper ce retard. Il doit aussi être validé par l’équipe éducative. Il est recommandé de faire un saut le plus tôt possible pour justement éviter ces écarts de maturité. Il faut s’assurer que l’enfant possède les outils méthodologiques pour avancer. Il en a souvent fait l’impasse grâce à ses facilités, apprendre par cœur n’est pas une méthode pour lui c’est une utilisation de sa mémoire, mais lorsqu’il y a plusieurs pages de plusieurs leçons de plusieurs matière à retenir, la mémoire bien que grande ne suffit plus et il faut une méthode !

·        L’approfondissement : le parent ou le professeur peut partir de ce qui est vu en classe et proposer en bonus aux rapides et curieux une possibilité d’aller plus loin. Si le thème est la multiplication, pourquoi ne pas mettre les enfants qui le souhaitent face à une plus grande difficulté en utilisant les centaines, ou les virgules, ou en ouvrant sur la division… si le thème est la Grèce antique, pourquoi ne pas demander une recherche sur les dieux, Homère ou les mœurs qui pourra faire l’objet d’un exposé ou d’un panneau pour la classe…

·        La diversification : dans un sens inverse, on peut ouvrir sur d’autres sujets en partant de ce qui est vu en classe et mettre du lien entre les matières. Si la multiplication est comprise et sue rapidement, pourquoi ne pas demander aux élèves de trouver qui l’a découverte et comment. On peut aussi ouvrir à d’autres sujets, la botanique, l’informatique, le droit, l’archéologie… pour enrichir les contenus et pour le plaisir d’apprendre de nouvelles choses, pas forcément au programme.

Tout cela n’est pas forcément réservé aux enfants précoces. Ce sont des techniques qui permettront une ouverture, qui peuvent être utilisées pour tous les enfants un peu en avance, bon élèves, ou simplement curieux, sans se faire au détriment des autres ou du programme. Ce sont aussi des méthodes que les parents peuvent proposer à leurs enfants si cela n’est pas dans la philosophie du professeur.

Aude Mouton

Psychologue clinicienne au lycée français de Londres et à la maison médicale

 Contact :  psychologue.mouton@gmail.com

www.psycholondres.com

Pour aller plus loin :

  • Professeurs et parents, vous pouvez lire « Accompagner l’enfant surdoué » qui traite particulièrement de ce sujet.

 

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