Scolarité Montessori – Une maman témoigne…

Depuis quand votre enfant est-il scolarisé dans une école Montessori et pourquoi avoir fait ce choix ?

Ma fille, qui a bientôt sept ans, est scolarisée dans une école Montessori depuis la maternelle. Elle est entrée à l’école primaire en septembre dernier.

Mon intérêt premier pour Montessori a été le fruit du hasard. Nous venions de nous installer à Londres et j’étais alors en pleine prospection pour trouver une école maternelle où scolariser Masha, qui avait alors deux ans. Ne travaillant pas, j’avais alors pour principal critère que les horaires soient adaptés aux besoins de ma fille, qui faisait encore de longues siestes. De ce fait, l’école publique du quartier a été tout de suite exclue du fait qu’elle ne proposait pas de temps de repos.

J’avais alors deux alternatives dans le quartier – le critère de proximité étant alors également primordial – une pre-school anglaise, qui proposait une longue demi-journée (9h-14h) et une pre-school bilingue qui se trouvait être une Montessori.

Parallèlement à ça, une de mes connaissances, qui avait scolarisé sa fille dans le système Montessori, m’avait vanté les mérites de cette pédagogie. Curieuse, j’ai effectué des recherches et j’ai alors découvert une pédagogie et une philosophie, qui, sur le papier, me semblaient idéales.

C’est ainsi que j’ai jeté mon dévolu sur l’école Montessori, qui réunissait beaucoup d’atouts, à savoir ; la proximité (dix minutes à pied, cinq à vélo !) ; des horaires adaptés aux tout petits (de 9h à midi puis de 9h à 13h à partir de quatre ans) ; une éducation bilingue anglais-français et une pédagogie prometteuse ; le tout dispensé dans des locaux accueillants, ne recevant pas plus d’une vingtaine d’enfants pour trois éducatrices.

D’après vous, quels sont les avantages liés à ce type d’enseignement ?

Ils sont nombreux !

Le respect et la bonne compréhension de l’enfant : la pédagogie Montessori est centrée sur l’enfant en tant qu’individu. On respecte le rythme d’apprentissage propre à chacun et la nature des élèves.

La liberté : les enfants sont libres de choisir l’activité qu’ils souhaitent faire parmi celles qui leur sont proposées et y passer le temps qu’ils veulent, à la condition d’avoir déjà « vu » cette activité avec l’éducateur(trice). Ils peuvent parler à voix basse et se déplacer, à condition que l’ambiance de travail soit respectée.

L’autodiscipline : en primaire, on remet, en début de semaine, à l’enfant une liste de travail personnalisé à accomplir pour la fin de la semaine, l’enfant s’organise comme il veut pour venir à bout de ses tâches. Idem pour les corrections ; plutôt que de les attendre passivement, l’enfant est amené à repérer lui-même ses erreurs.

L’autonomie : « L’enfant n’est pas un vase que l’on remplit, mais une source que l’on laisse jaillir. » (Maria Montessori). L’enfant est longuement observé et accompagné dans son apprentissage. Le rôle de l’éducateur(trice) Montessorien n’est pas d’enseigner un savoir, mais un « savoir-apprendre. L’enfant est libre de choisir ses activités, cela, tout en etant guidé par l’éducateur(trice). “Aide-moi à faire seul” est la clef de voûte de la pédagogie Montessori ; on favorise l’autonomie pour faciliter l’apprentissage.

Un matériel pédagogique unique : la méthode Montessori s’appuie sur du matériel, mis au point par Maria Montessori elle-même, qui favorise le travail autonome et motivé de l’enfant. Le matériel initiant aux mathématiques notamment, est exceptionnel ; il permet à l’enfant d’appréhender du concret vers le concept et du concept vers l’abstrait. Un atout extraordinaire pour une compréhension profonde des mathématiques…

La vie sociale : une grande importance est accordée au développement social, basé sur l’entraide, le respect de l’autre et la non-competitivité. En primaire, les enfants sont réunis en deux groupes d’âge ; 6-9 ans et 9-11 ans, ce qui favorise une interaction sociale plus large et un apprentissage optimisé du fait que les petits reçoivent de l’aide des plus grands, tandis que, se faisant, ces derniers consolident leur savoir en le dispensant…

Un état d’esprit positif et constructif, exempt de competitivité : l’enfant est foncièrement respecté, il n’est pas étiqueté “lent” ou “rapide”, “intelligent” ou non ; il apprend à résoudre les problèmes seuls ou en concertation avec la classe quand il s’agit d’un problème incluant des tiers ; il n’y a pas de notes ou de jugement de valeur, il ne s’agit pas d’avoir “juste” ou “faux” mais de se perfectionner.

A quel type d’enfant ce mode d’apprentissage convient-il ?

A priori, je dirais à tous types d’enfant puisqu’en principe, cette pédagogie respecte le rythme d’apprentissage propre à chacun ainsi que les particularités individuelles.

Comment aidez-vous votre enfant ? Dans le primaire, a-t’il des devoirs à la maison, des test de niveau, des évaluations ?

Il y a peu de devoirs à la maison, ce qui est un grand avantage pour les jeunes enfants qui ont ainsi du temps pour les activités extra-scolaires sans que ce soit une course contre la montre pour autant. L’enseignant remet en général un devoir à faire à la maison le vendredi qui est à remettre pour le vendredi suivant. Il s’agit en général de quatre listes de spelling à connaitre (l’enfant choisissant selon son âge et son niveau la quantité de listes à apprendre). Mais il peut s’agir aussi, entre autres, de rédiger un article pour le magazine de l’école ou encore de concevoir un poster pour la promotion de la bibliothèque du quartier…

Il y a quelques interrogations écrites en classe mais pas de test d’évaluation à proprement parler.

Quelles recommandations peuvent vous faire les professeurs ?

Aucune, quand il n’y a pas de problème particulier ! Il y a généralement deux entretiens annuel avec l’enseignant principal, auxquels peuvent éventuellement s’ajouter d’autres entretiens à la demande du parent. Il y a également deux journées portes ouvertes où le parent a l’opportunité de se familiariser avec le matériel pédagogique et de regarder le travail accompli durant l’année en consultant tous les cahiers de travail.  Comme il n’y a ni notes, ni carnet de liaison, ni bulletin de résultats, cela demande, quand on est pas soi-même issu de cette éducation, de se départir de certains mécanismes de contrôle !

Qu’attendez-vous finalement de ce type d’enseignement ?

Avant tout chose, qu’il transmette à ma fille curiosité, plaisir d’apprendre et auto-discipline, dans un esprit de non-compétivité exempt de pression. Autrement dit, un apprentissage académique et social dispensé dans un climat de confiance et de profond respect de l’enfant visant l’épanouissement et le bon développement des qualités propres à chacun. Plus largement, ce type d’enseignement correspond pour moi, à une vision du monde progressiste d’avantage centrée sur l’humain dans son individualité.

Où comptez-vous scolariser votre enfant après le primaire en Montessori ?

C’est “La” grande question à laquelle je n’ai pas encore de réponse, l’éducation Montessori n’offrant pas la possibilité de poursuivre en secondaire (contrairement aux Etats-Unis).

Une question qui mérite d’être mûrement réfléchie, ce d’autant plus dans notre cas de famille bi-nationale franco-britannique rendant la problématique doublement complexe !

L’idéal serait sans aucun doute une scolarité bilingue pour assurer un bilinguisme équilibré et complet, sans pour autant avoir à recourir à des cours de français en sus dans le cas d’une scolarité monolingue anglaise. Mais les écoles bilingues étant peu nombreuses et très demandées, cette option ne sera peut- être pas possible !

Poursuivre dans le système français me semble assez compromis dans la mesure où ma fille, n’ayant auparavant pas été scolarisée dans une école AEFE, a peu de chance d’y obtenir une place.

Les secondary schools publiques de Londres n’ayant pas bonne presse, sont pour l’instant exclues.

Quant au système éducatif anglais privé, il est à priori trop élitiste, compétitif et stressant à mon gout, soit trop cher quand il s’agit d’independant schools moins normatives.

Reste donc à créer l’école idéale qui répondrait aux nouvelles attentes des familles bi-nationales et bi-culturelles (voire “tri”) et qui prendrait “ses lettres de noblesse” en puisant le meilleur de ces trois systèmes éducatifs, français, anglais et Montessorien !

Plus sérieusement, le choix se porterait plutôt, pour l’instant, vers une international school avec un baccalauréat international à la clef avec probablement, les cours du CNED en sus pour faciliter un retour en France éventuel…à voir.

Une longue réflexion alimentée de recherches, de visites d’écoles et de multiples conversations avec d’autres parents est donc en perspective !