Alexandre Holroyd, nous parle du système éducatif dans le contexte actuel de la Covid et du post Brexit, de l’AEFE et du plan Ecole.
1. Quelles sont vos priorités en matière d’éducation au Royaume-Uni dans le contexte actuel de la COVID et de l’après-Brexit ?
En tant que député, mon champ d’action concerne le niveau national et mon engagement est focalisé aujourd’hui prioritairement sur la gestion des conséquences de la pandémie afin de permettre aux établissements de fonctionner du mieux possible.
Si nos établissements ont dû malheureusement à nouveau fermer, nous avons mis en place une nouvelle fois un dispositif d’urgence et des mesures exceptionnelles pour faire face à la crise. Notre mission est assez complexe car nous devons tenir compte à la fois des directives de l’éducation nationale et des obligations du gouvernement du pays d’accueil.
Le plus important est de privilégier le dialogue constant entre les écoles, les parents et le corps diplomatique. Les questions sont quotidiennes et nous vivons tous dans l’incertitude, il est donc primordial de travailler sur le terrain, au plus près des problématiques de chacun.
Sur ce point, il y a un vrai travail de l’AEFE (Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger), par exemple sur les critères d’attribution des bourses, sur les solutions d’urgence à mettre en place. En effet, notre rôle est de faire en sorte que l’AEFE puisse assurer ses missions pour le rayonnement de notre culture, de notre langue et de nos valeurs, le renforcement des relations de coopération entre les systèmes éducatifs français et étrangers, la promotion de l’enseignement supérieur français et, plus largement, à l’attractivité de la France. Et tout cela malgré le contexte actuel.
Par rapport aux décisions entérinées par le Brexit et l’accord de retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, au 1er janvier 2021, nous sommes aujourd’hui face à 2 populations de français : ceux déjà implantés au Royaume-Uni et arrivés avant cette date et ceux arrivés après.
Pour l’enseignement supérieur, cela signifie pour ceux arrivés avant, et nous nous en félicitons, des droits préservés dans leur quasi-intégralité : le même accès au système universitaire, les mêmes droits de scolarité (fees), l’accès aux prêts gouvernementaux pour les études supérieures, le maintien de la sécurité sociale, de la cumulation des droits…
La différence se porte sur le programme ERASMUS et les relations futures entre les pays. Pour les élèves venant d’Europe qui n’auront pas de settled status et qui auront besoin d’un visa, les aides financières allouées vont être inférieures. Cela aura un impact et des conséquences négatives sur les échanges. Cela ne signifiera pas qu’il n’y aura plus d’accords d’échanges, mais un appauvrissement certain du fait du découragement de certains étudiants. Par contre, il n’y aura pas de changements concernant les programmes d’échanges en cours.
2. Le plan École mis en place en 2008, sous l’autorité de l’ambassade de France à Londres, pour créer notamment de nouvelles capacités d’accueil dans les établissements scolaires français a aujourd’hui rempli cet objectif. L’offre scolaire s’est considérablement étoffée et diversifiée présentant des parcours scolaires bilingues différenciés permettant de répondre ainsi aux différentes aspirations des parents. Quel est, selon vous, l’avenir du plan Ecole ?
Pouvoir bénéficier d’un réseau scolaire français à l’étranger est une chance unique au monde.
Dans ce cadre, le plan École est une grande réussite. Il a permis de résoudre un problème de places dans les écoles et ainsi de permettre à de nombreuses familles d’inscrire leurs enfants dans le système scolaire français. Il a été le fruit d’efforts considérables de tous les acteurs : des services de l’ambassade, des établissements, des parents, des représentants des personnels et des politiques.
Le plan Ecole a aussi permis de développer le réseau des écoles FLAM (Français Langue Maternelle) qui représente au Royaume-Uni le 1/3 du réseau AEFE (une cinquantaine d’association, fédérées par Parapluie FLAM).
Vecteur majeur de la francophonie, le réseau des écoles FLAM permet aux enfants scolarisés dans le système anglais de bénéficier d’un soutien linguistique et culturel français adapté.
Il est clair qu’aujourd’hui de nouvelles questions se posent et qu’il convient de réfléchir aux moyens d’assurer la pérennité du système actuel mais aussi de le faire évoluer au regard des impacts du Brexit et de la pandémie.
L’essentiel est de faire fonctionner du mieux possible les établissements actuels et de continuer à attirer les familles, cela reste un objectif fort.
3. Pouvez-vous nous parler du « nouveau bac » ou l’enseignement des langues ?
La réforme engagée par le gouvernement a été bien accueillie et évolue dans la bonne direction. Je dirais que le système du contrôle continu notamment prend encore plus de sens aujourd’hui et que la plateforme Parcoursup est un système plus juste et plus efficace.
L’objectif de renforcer les points faibles comme les langues étrangères et l’expression orale s’inscrit dans la continuité de la réforme du parcours universitaire. Celui-ci devant garantir un droit d’accès à l’enseignement supérieur à tout candidat souhaitant poursuivre des études ainsi qu’à favoriser la réussite de tous les étudiants, en leur permettant de bénéficier de dispositifs d’accompagnement dans l’optique d’une individualisation des parcours de formation.
Le message important que je souhaite livrer : avoir une vision davantage décentralisée et transverse, communiquer et travailler ensemble pour trouver des solutions : parents, professeurs, coordinateurs AEFE et diplomatie, afin de conserver et de faire rayonner l’excellence française.
Alexandre Holroyd
alexandre-holroyd.fr – alexandre.holroyd@assemblee-nationale.fr
Entretien pour Avenue des Ecoles – Février 2021
