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Graphothérapie, une méthode pour traiter les troubles de l’écriture

Avenue des EcolesEntretien avec Marie Bareau, graphothérapeute pour enfants et adolescents à Londres

Votre enfant vit l’écriture comme une véritable difficulté et s’expose au risque d’échec scolaire ? Marie Bareau, graphothérapeute, nous informe sur le sujet.

Pouvez-vous nous dire en quelques mots en quoi consiste la graphothérapie ?

La graphothérapie traite les troubles liés à l’écriture. Il s’agit d’une méthode de rééducation de l’écriture qui s’adresse aux enfants et aux adolescents, voire aux adultes, éprouvant des difficultés pour écrire.

Quel type de personnes cela concerne-t-il plus particulièrement ?

En général, il s’agit d’enfants qui écrivent trop lentement ou de manière illisible ou pour lesquels le geste est douloureux. Les exercices d’écriture sont vécus comme une corvée et l’écriture devient très difficile à lire. Ces enfants vont vite vivre l’écriture comme un cauchemar et se retrouver en situation d’échec.

Il n’y a pas de règle, mais la plupart du temps il s’agit d’enfants très sensibles, bavards et qui s’expriment très bien à l’oral et beaucoup moins bien à l’écrit. Leur esprit va parfois trop vite pour que le geste de la main suive. Ces enfants ne voient pas l’intérêt dans ce qu’on leur enseigne à l’école. Très vite ils s’ennuient, perdent confiance, se dévalorisent et cela se ressent dans l’écriture. Il y a également un constat que l’ensemble de la profession fait : il semblerait que l’enseignement actuel soit également moins rigoureux ou un peu moins centré sur le geste même de l’écriture, la tenue du crayon ou la bonne posture à adopter.

De quels troubles s’agit-il ?

L’écriture nait du geste le plus complexe et le plus abouti, accompli par l’homme. Il est lié à la fois à la maturité psychomotrice de l’enfant et également à sa maturité psycho affective. C’est une difficulté dans l’un de ces domaines qui va créer cette fragilité de l’écriture.

De plus, le bilan de graphothérapie permet quelquefois de mettre en lumière des troubles d’apprentissages associés à la dysgraphie, et qui ont une répercussion sur l’écriture. Il peut s’agir d’un trouble du langage, comme la dyslexie par exemple, de dyspraxie ou de trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité… Les graphothérapeutes font également le constat que les troubles d’écriture sont fréquents chez les enfants dits “intellectuellement précoces”.

Comment détecte-t-on ce genre de troubles?

En général, les enseignants et les parents sont les premiers témoins de ces troubles. Ce sont eux qui doivent nous alerter, mais ce n’est pas toujours facile car, les enseignants notamment sont peu formés, voire sensibilisés à ce genre de problème.

Comment procédez-vous la première fois que vous voyez un enfant pour l’un de ces troubles ?

Il s’agit avant tout de faire un premier bilan chez l’enfant afin de bien déterminer le ou les troubles, la cause et du coup le traitement adapté. Il s’agit d’un bilan global qui permet de mettre l’accent sur ce quoi on va travailler ensuite :

  • un bilan graphomoteur
  • l’aptitude du langage,
  • la latéralité,
  • la copie, l’écriture,
  • la vision oculaire,
  • le schéma corporel,
  • la vitesse pour l’écriture,
  • la motricité.

Si des troubles particuliers d’apprentissage sont repérés et qui ne peuvent être traités par la graphothérapie, mon rôle est d’orienter l’enfant vers d’autres spécialistes (neuropsychologue, orthophoniste, psychologue ou psychomotricien).

D’autre part, je fais des recommandations non seulement aux enseignants mais aussi aux parents. C’est important que l’enfant sente que l’on reconnaît sa difficulté et que tout son environnement proche l’accompagne. Cela le sort de sa marginalité.

Quelles sont vos méthodes ?

Il n’y a pas forcément de règle, mais en général je vois l’enfant une dizaine de fois minimum, chaque séance durant environ 45 mn. L’objectif est que l’enfant se réapproprie l’écriture. On l’aide à remodeler le geste de l’écriture en employant des formes simples qui vont préfigurer l’écriture. L’enfant doit réapprendre les gestes de base de l’écriture sans passer directement pas elle. Nous faisons cela grâce à des exercices de relaxation, d’échauffement (pâte à modeler …), de gestes prescripturaux sur support vertical comme le tableau noir, ou encore la peinture.

Les chemins qui vont l’amener à l’écriture doivent être ludiques. En général, l’enfant repart avec des exercices qu’il doit refaire chez lui. C’est important qu’il soit partie prenante et qu’il s’implique.

Quelques mots sur les ateliers que vous venez de mettre en place ?

Face à la demande croissante concernant des enfants encore relativement jeunes (avant le CP), j’ai décidé de mettre en place deux types d’ateliers autour du graphisme pour répondre à ces attentes :

  • un atelier de motricité fine pour les 4 – 5 ans et demi,
  • un atelier autour du graphisme pour les 5 ans et demi – 9 ans.
Merci Marie Bareau
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