1- Pouvez-vous nous dire en quoi consiste votre accompagnement notamment auprès des enfants et des familles ?
Ma dynamique professionnelle consiste avant tout à voir comment apporter une aide la plus intégrative et concrète possible aux enfants en difficulté sur leur parcours.
Car pour les enfants en difficulté à l’école, il y a une forme « d’urgence ».
Quelque chose doit être mobilisé.
Je dois comprendre pour aider. Comprendre ici rassemble plus qu’une simple hypothèse, comprendre cela signifie explorer précisément l’origine et la nature de la difficulté.
Il s’agit d’accompagner l’enfant selon SES besoins, lui donner la main et le remettre sur le chemin sur lequel il va se sentir bien.
Je me positionne en tant que partenaire, au même titre que la famille et l’école. Nous devons être solidaires et partenaires dans les moyens, aussi bien humains, éducatifs que pédagogiques pour former une sorte « d’Association de bienfaiteurs».
Chaque enfant est unique, chaque réponse doit être singulière.
2- Vous animez régulièrement des conférences, des ateliers et avez écrit de nombreux livres, notamment : « Tout est là, juste là » qui donne des pistes pour être mieux construire sa vie en tant qu’enfant et futur adulte. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Ce qui est important pour moi, c’est de partir de l’enfant.
Je parle souvent des ressources que chacun a en soi.
Comment procéder ?
Nous établissons par exemple des bilans, qui sont un ensemble de tests au service de l’enfant, qui prend en compte ses faiblesses et ses forces.
Ces bilans mettent aussi en avant les ressources que chaque enfant a en lui, qui sont parfois juste à redécouvrir.
Il faut donner à chacun les moyens qui sont les siens : « Etre adulte c’est prendre par la main l’enfant que l’on a été ».
Et ces bilans permettent souvent de transformer la représentation que les parents ont de leurs enfants, c’est ici une des clés pour aider son enfant.
Tout le monde a le droit d’avoir des difficultés dans la vie, mais pour les affronter au mieux et trouver où se situe son bien-être, il faut réanimer ses ressources.
Et c’est là tout un travail.
3- Vous évoquez souvent les difficultés des enfants par rapport au système scolaire proposé et « Vous rêvez d’une autre école », bienveillante plutôt que punitive.
Pouvez-vous nous donner pour vous les clés de succès de cette école ?
Le rôle de l’Education n’est-il pas d’entrainer à s’approprier sa réflexion, à réfléchir, à développer ses capacités d’autonomie ? D’aider aussi à trier toutes les informations pour mieux les comprendre ?
Pour moi, l’école de la bienveillance n’est pas un monde merveilleux où tout est beau, mais une école qui renforce les réussites plutôt que pointer les échecs.
Une école qui permet à l’enfant de développer ses compétences et sa créativité plutôt que la compétition et la punition.
Le cerveau apprend plus de ses réussites que de ses échecs, c’est aujourd’hui prouvé scientifiquement.
Que l’enfant est plus performant émotionnellement, intuitivement et indépendamment plutôt que dans la peur de l’échec.
C’est pourquoi les échecs ne doivent pas être vus comme des catastrophes mais comme des marches pour arriver là où nous voulons aller.
L’école bienveillante permet à l’enfant de grandir avec ses compétences et permet de l’amener où il peut être heureux.
C’est une école engagée pour le bien être de l’enfant.
J’insiste souvent aussi sur le rôle du maitre, du professeur.
Pour moi, il est comme un mentor qui donne à l’enfant l’envie de grandir. Il doit se positionner en tant que tuteur plutôt qu’en simple diffuseur de connaissances.
Cet accompagnant doit aider à construire notre représentation du monde, à affuter notre compréhension de celui-ci.
J’irai même jusqu’à dire qu’il doit être libéré. J’entends par là qu’il faut libérer la possibilité pour le professeur d’aimer ses élèves. Il doit s’impliquer affectivement pour pouvoir les aider au mieux.
4- Pensez-vous que les écoles en France aujourd’hui sont prêtes pour ces changements ?
Nous progressons, le système progresse, même si lentement. Je reviens sur le fait que pour moi, l’humain dans l’école doit prendre encore plus de place. La créativité et la liberté d’être doivent revenir au cœur du système scolaire.
5- Vous parlez de méditation à l’école, pouvez-vous développer ici les idées de cette voie ?
Selon moi, la méditation permet à chacun d’améliorer l’attention, la qualité de présence et d’écoute.
C’est important pour se relier à ses ressources et se placer en position coopérative plutôt que compétitive.
Cette voie est prometteuse. C’est la voie de la confiance en soi et dans les autres, celle de la pleine conscience.
On peut parler de véritable cercle vertueux : se sentir dans une dynamique positive pour être motivé pour l’école…
Jeanne Siaud-Facchin
Cogito’Z, Centre Européen de psychologie Intégrative.
Un réseau de centres de psychologie.
www.cogitoz.com
Adresse à Londres : 2 Eaton Gate, Belgravia, London SW1W 9BJ, Royaume-Uni
tel: +44 (0)20 3709 3720
Propos receuillis par Marie Boutry-Peyron
marie@avenuedesecoles.com
Mars 2018