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Nos conseils pour une continuité pédagogique réussie

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Voici ici quelques pistes pour vous aider du mieux possible pendant cette période où l’on demande beaucoup aux parents, aux élèves et aux enseignants. Alors abordons les choses par étapes et avec bienveillance…

 

Repensez vos priorités

 

La situation que nous vivons est « extra-ordinaire », dans le sens où nous sommes hors de notre routine habituelle, notamment en ce qui concerne le sujet de l’école.

Il est important de repenser les priorités concernant la scolarité de vos enfants pour les quelques semaines ou mois à venir. Vous redefinirez en fonction de l’âge qu’ils ont, de l’école dans laquelle ils sont, du pays dans lequel vous vivez, de vos croyances et des valeurs personnelles.

Selon l’âge des enfants, la priorité va probablement changer et les enjeux ne seront pas les mêmes, comme l’importance que vous porterez aux devoirs ou aux apprentissages.

Il s’agit de faire la distinction entre ce que l’école va vous envoyer et ce que l’enfant va recevoir.

 

Alors, posez-vous clairement cette question et surtout si vous avez des petits : est-ce vraiment important pour vous si votre enfant de maternelle ou de primaire finit un programme qui se répète d’année en année ?

L’année scolaire touche déjà bientôt à sa fin et votre enfant a peu de chance de repartir à l’école avant le mois de septembre, en tout cas dans les mêmes conditions qu’avant l’épidémie du Covid 19.

Le travail que propose l’enseignant chaque jour représente la charge de son travail à lui avec sa classe.
Faire l’école à la maison ne signifie pas forcément de faire rentrer le fonctionnement de l’école dans la maison. Vous comprenez bien que l’enseignant a un programme complet et qu’il a en face de lui 20 à 30 enfants à emmener tous ensemble vers l’acquis de ces compétences et connaissances.

Vous, vous êtes seul, face à un enfant. Je vous invite à consulter les programmes, et vous pourrez analyser par vous-même que ce sujet, cette compétence, votre enfant l’a surement déjà. Est-ce alors essentiel de lui faire refaire et re refaire à la maison ?

Vous avez donc la possibilité de décider quelle compétence pousser, où accentuer vos efforts, quel travail rendre ou non, ce sur quoi vous allez pouvoir lâcher prise…en votre âme et conscience et non pas par rapport à la pression sociale.

Vous avez donc la possibilité de choisir aujourd’hui si vous préférez que votre enfant ait rendu son travail de façon assidue chaque jour comme cela lui est demandé, parfois même dans le stress ou si vous préférez privilégier des rapports plus apaisés avec vos enfants, avec parfois le choix de ne pas coller strictement aux exigences demandées.

Vous allez opter pour la solution qui vous conviendra le mieux mais sachez qu’il est important, et c’est mon conseil de psychologue pour enfants, que les moments d’apprentissages soient le moins conflictuels possibles.

Et nous savons que cela n’est pas toujours facile car les enfants n’ont pas le même comportement ou les mêmes métacognitions lorsqu’ils sont avec leurs parents que lorsqu’ils sont devant un professeur.

 

Pour vous expliquer un peu le principe des métacognitions négatives, ce sont les pensées construites et néfastes que l’on a sur soi-même, les fausses croyances que l’on pense de soi, notamment par rapport à nos compétences. Ex : « je suis nul en maths”, “je n’y comprends rien en grammaire », ces postulats sont souvent créés par l’école lorsque celle-ci demande à l’enfant de comprendre à un instant donné quelque chose qu’elle demande à tous les autres enfants, alors qu’il n’est pas prêt ou qu’il ne montre pas d’intérêt à ce moment précis pour cette action.

Nous avons tous la capacité de tout comprendre, à condition que ce soit le bon moment et qu’on en ait envie (pointons par exemple que l’école anglaise entame l’apprentissage de la lecture à 4 ans, créant une difficulté pour les enfants n’étant pas prêts, et que l’école française l’entame à 6 ans, frustrant ainsi les enfants demandeurs. Dans ces deux cas, cela peut provoquer des situations individuelles parfois désastreuses.
Cela porte atteinte à l’estime de soi car l’enfant pense « je suis nul ».

Dans la situation actuelle : l’enfant est à la maison et il s’agit de lui permettre de consolider ses acquis, de continuer à apprendre et à développer des compétences.

Rappelez-vous que nous sommes dans une situation « exceptionnelle », certaines familles, certains enfants n’étant pas dans un environnement leur permettant d’avoir accès aux mêmes chances : les parents ne sont pas capables de leur offrir ces enseignements, soit parce qu’ils n’ont pas les compétences requises, soit parce qu’ils n’ont pas la capacité physique, matérielle ou temporelle pour les aider.

Alors faites au mieux avec les moyens dont vous disposez et accueillez les nouveaux besoins.

 

Respectez les besoins de tous

 

Dans votre famille, vous êtes peut-être 3,4,5 ou plus à vivre sous le même toit avec des besoins différents, les besoins des adultes étant déjà différents de ceux des enfants.

Que vous soyez avec conjoint ou non, que vous travaillez ou non, que les enfants soient en maternelles ou au lycée, tout cela implique des besoins différents.

Une idée serait de faire la liste des besoins de chacun, par exemple : « j’ai besoin de dormir le matin, j’ai besoin de me coucher tôt, j’ai besoin de pouvoir travailler, faire du sport… », cela pourrait permettre de combiner ces besoins individuels pour que tout aille au mieux collectivement.

Il est ici question de respecter au mieux les besoins de chacun afin de co-construire la co-habitation. Si tout le monde sent ses besoins satisfaits, tout le monde est plus enclin à faire des concessions et à décharger les autres de la lourdeur de sa tâche.
Un ado qui veut se coucher tard peut comprendre que la vie de famille ne commence pas non plus à 1h de l’après-midi. Il peut alors y avoir une co-construction d’une règle de confiance ; tu es responsable de ton heure de coucher mais le lever maximum est à 11h. Et les petits aussi peuvent comprendre : je ne veux pas m’habiller dès le lever, très bien mais j’aide maman à installer et ranger le petit déjeuner pour que mon désir ne mette pas en retard tout le monde…

Dans ces nouveaux horaires et arrangements, vous trouverez naturellement les meilleurs horaires d’apprentissages pour tous. L’objectif principal est de diminuer la pression mise sur l’enfant et de faire en sorte que les moments d’apprentissage s’opèrent dans un moment et un environnement propices, car nous avons tous besoin de sécurité et de mise en confiance pour pouvoir enregistrer les choses correctement.
D’où l’importance d’identifier la meilleure façon de faire ensemble et de débloquer les points de tension, de désamorcer les conflits (et n’oubliez pas, tout le monde est dans votre cas ! La tante, le parrain, les grands-parents peuvent être des ressources géniales pour raconter les histoires, faire la dictée, parler physique ou corriger des maths!!).

 

Ce que vous vivez en ce moment c’est une “déprogrammation”.
Nous sommes tous soumis à une liste de “besoins” qui sont en fait externes : l’heure du train, l’heure de la fin de l’école, l’heure du coucher… mais en fait : Pourquoi ? Peut-on vivre en famille décalés ? Très tôt, très tard, tous sur un rythme ou chacun au sien ? Quels sont vos vrais besoins ? Internes cette fois 😉

Pourquoi ne pas en profiter pour repenser les choses et regarder à quel moment votre enfant est le plus disponible, en respectant ses « nouveaux » rythmes ?

Et cela se passera encore mieux si vous acceptez de lâcher prise.

 

Accepter de lâcher prise

 

Vous allez vous rendre compte que ce sont dans ces moments-là, lorsque l’enfant se sent libre de poser les bonnes questions, que sa curiosité va s’exprimer pleinement.

Vous pourrez « faire rentrer » les apprentissages là où vous ne le pensiez pas forcément, comme par exemple en comptant des points lors d’un jeu de société, en décidant de faire un jeu en anglais plutôt qu’en français…

Vous devez aussi accepter de revoir les périodes que vous pensiez propices à l’apprentissage pour votre enfant, car en tant qu’adulte, vous avez une idée qui n’est pas forcément en adéquation avec la sienne.

 

Lâchez prise et acceptez d’accueillir le moment qui lui conviendra le mieux, vous y gagnerez tous.

Lâcher prise c’est comme une bobine qu’on déroule. Beaucoup en ont peur car on se représente, à tort, le lâcher prise comme une perte de contrôle totale, un bouton ON/OFF qu’on aurait du mal à switcher. Lâcher prise c’est accepter de se faire confiance. On peut accepter l’inconnu, et garder sa balance. On peut accepter de louper une séance de sport et savoir qu’on pourra s’y remettre plus tard…. Lâcher prise c’est accepter de se connecter avec soi-même et sa capacité à rebondir, à se recréer, à suivre sa motivation interne, à gérer les problèmes du lendemain…

 

Se focaliser sur l’essentiel

 

On vit un moment particulier et c’est peut-être l’occasion de se poser les vraies questions.

En repensant les priorités et en se focalisant sur les besoins essentiels de chacun, il y a un moment où l’on va se programmer d’une nouvelle manière.

En accueillant cette nouveauté, vous allez pouvoir vous projeter dans l’avenir et réfléchir aux choses à mettre en place pour atteindre cet objectif.

Je vous propose avant de partir un exercice : écrivez ce dont vous voulez vous souvenir dans 20 ans de cette période incroyable. C’est un exercice courant en guidance parentale : que voulez-vous comme relation avec votre enfants dans 20 ans ? Et de quoi voulez-vous vous souvenir.

Tout est là. C’est vous qui créez votre quotidien et c’est vous qui créez votre relation avec vos enfants…

 

 

Aude Mouton
Psychologue Clinicienne
Skype: psychologue.mouton
www.audemouton.com

 

Avril 2020

 

Photo : Dhaya Eddine Bentaleb – Unplash

 

 

 

 

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