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Communiquer autrement : Et s’il n’était pas trop tard ?

mere filleLors d’un atelier, une participante confie au groupe, les larmes aux yeux, qu’elle « n’arrive pas » à changer d’attitude avec son fils.

 

 

   

 

Elle rajoute : Je me vois faire, c’est horrible, au moment même où je parle, je regrette déjà.
J’ai hurlé à G. que je le trouvais totalement irresponsable avec sa soeur, et je l’ai puni. Je pense que c’est trop tard avec lui.
Ça marche avec sa soeur de faire autrement, pas avec lui.

J’entends régulièrement ces réflexions qui me touchent par ce qu’elles reflètent de regret, de douleur, de culpabilité parfois :
J’aurais aimé faire cet atelier plus tôt, quand mes enfants étaient petits.
Avec mon fils de 4 ans, je vois bien comment utiliser ces outils de communication, mais avec ma grande de 14 ans, c’est trop tard…
Oh mais j’ai tout faux là, c’est horrible tout ce que je leur ai dit, je les ai traumatisés, c’est sûr !

Je me suis dit ce genre de phrases. Je me les dis encore.

C’est étrange hein ?

 

Alors que mon but est de m’approprier de nouvelles façons d’être en relation avec mes enfants afin de me rendre la vie plus belle, l’apprentissage requiert parfois de passer par une phase pas du tout agréable à vivre.

Une transition dans laquelle je me regarde faire et je me sens partagée entre des habitudes qui ne me conviennent plus mais qui sont tenaces et une envie de faire autrement qui n’est pas encore installée.

C’est peut-être pour cette raison qu’il est si difficile de changer.

On est souvent déçu ou frustré de voir que même en faisant de notre mieux, ce mieux n’est pas à la hauteur de nos attentes.

Ok, alors quoi ?

 

D’abord, bienvenus dans notre humanité !
Et oui, je suis un être humain, avec mes atouts, mes failles, mes moments merveilleux et mes moments moins glorieux.

Bienvenue telle que je suis.
Le but n’est PAS de me taper dessus !

Le but, c’est de soutenir mon rêve de « bonnes relations ». En commençant par la relation de moi à moi.
En me laissant mille et une chance de recommencer, à mon rythme.

 

Apprendre c’est pratiquer. Souvent. Beaucoup. Comme je peux. Selon mes moyens ou mes limites du moment.

Et ce avec la confiance que ça ira de mieux en mieux.
Ensuite, voici une info qui m’aide au quotidien : Une relation n’est PAS fluide par essence, elle est faite de frictions, de réajustements, car nous sommes différents et nous nous découvrons sans cesse les uns les autres.

Du coup, quand parfois ça roule, essayez de le vivre comme un miracle et de célébrer!

Et quand ce n’est pas le cas, rappelez-vous de ne pas en rajouter, ne vous culpabilisez pas, n’accusez pas l’autre.

Bref, ne pas vivre la fluidité comme normale ou acquise, ça détend déjà un peu non?

Enfin, IL N’EST PAS TROP TARD ! Ça c’est la bonne nouvelle !

Je ne peux pas changer le passé mais j’ai le pouvoir d’agir ici et maintenant. J’ai tout un tas de stratégies pour revenir sur un événement et le transformer.

 

Je partage avec vous 3 expériences inspirées par les outils Faber et Mazlish :

Ma fille (13 ans) arrive toute grognon et moi je suis occupée et concentrée. Elle me parle, je réponds à peine, elle m’envoie un « Tu ne m’écoutes jamais ! » qui me fait lever la tête et auquel je réponds par un « Tu es désagréable, c’est pour ça que je ne t’écoute pas ! » qui lui fait lever les yeux au ciel et monter les larmes aux yeux. D’habitude j’aurais balayé ça d’un « Oh ça va, c’est pas grave », elle aurait probablement quitté la pièce et claqué la porte… là, je percute, je me dis qu’on va droit dans le mur. Je lui dis « OK, pas cool là, on la refait ? On efface et tu recommences ton entrée, qu’en penses-tu ? » Gros sourire, allez, Deuxième !

 

Un papa avec sa fille de 16 ans rentrée en retard sans l’avoir prévenu. Après l’avoir envoyée dans sa chambre en refusant d’entendre ses explications, il réalise qu’il a peut-être sur-réagi. Trop énervé encore pour lui parler, il lui glisse un mot sous sa porte « J’aurais aimé que tu me préviennes, j’étais inquiet, j’aurais aimé aussi t’écouter mais je suis encore trop en colère. J’espère que nous pourrons en parler demain au calme. » Ils ont pu reprendre tranquillement le lendemain et trouver ensemble une solution qui leur convienne à tous les deux à l’avenir. Ce papa m’a confié qu’il avait à cette occasion découvert que sa fille avait fait preuve de maturité en raccompagnant chez elle une amie qui avait un peu trop bu, ce qui expliquait son retard.

 

Une amie avec sa fille de 25 ans. Cette amie se rend compte en faisant les ateliers que ça fait des années que sa fille porte l’étiquette « maladroite ». Elle nous raconte à la séance suivante : Ma fille a renversé son verre de vin hier, d’habitude, ça aurait été railleries de la part de toute la famille et je reconnais que j’ai pensé « Evidemment, encore elle! » Avant même que quiconque autour n’ait le temps de réagir, j’ai dit autant pour elle que pour l’entourage (et pour moi !) : « Ca peut arriver de renverser un verre, et j’ai réalisé que dans ce cas, ça ne doit pas être agréable d’entendre des rires moqueurs. On attend du soutien ou de la compassion dans ces moments-là, ou bien du rire, oui, mais complice… » et je lui ai tendu une serviette. Elle m’a regardée surprise et le sourire qu’elle m’a lancé m’a retourné le coeur.

Alors oui, j’aurais aimé savoir dire cela plus tôt, et en même temps, il n’est jamais trop tard pour reconnecter !

 

Et vous, qu’en pensez-vous ?

 

Signature : 

par Karine Bodaghi
Facilitatrice en communication adultes-enfants
Animatrice et conférencière Faber et Mazlish
karine@communiquer-autrement.com

Page Facebook : Karine Communiquer-Autrement

Pour aller plus loin:
site : communiquer-autrement.com

 

Septembre 2018

 

 

 

 

 

 

 

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