Avenue des Ecoles - dysalondres

Comprendre et suivre un enfant dyslexique

Avenue des Ecoles - dysalondresRencontre et entretien avec Veronique Revington, fondatrice de Dysalondres.org


1)    Comment est né votre projet ?

Mon fils de 13 ans est dyslexique. En arrivant à Londres, il y a maintenant 4 ans, j’ai rapidement réalisé le manque d’information et de connaissance des troubles « dys » par les enseignants et surtout l’absence de mise en place d’accompagnement des élèves atteints de troubles de l’apprentissage dans les écoles françaises de Londres, alors qu’ils existaient en France notamment depuis la loi sur le handicap de 2005. Rapidement rejointe par un autre parent, Ange-Valérie Renard, j’ai alors décidé de créer « Dys à Londres » pour aider les familles à intégrer leur enfant dans un système scolaire classique et créer du lien entre les parents.

2)    Qu’entend-on par enfant dyslexique?

Dans le domaine scolaire les vocables en DYS… quelque chose (dyslexie, dysgraphie, dysorthographie, dyspraxie, dysphasie,…) désignent des « situations » de difficultés scolaires dites « spécifiques », c’est-à-dire concernant un enfant indemne de déficit intellectuel ou de pathologie visible somatique ou psychologique. Ces termes en DYS désignent tout à la fois des difficultés en classe et des diagnostics médicaux. DYS en grec veut dire : « c’est difficile »…

Les DYS regroupent toutes sortes de réalités qui ont en commun d’entraîner des difficultés scolaires. Le terme DYS est habituellement assimilé aux troubles spécifiques des apprentissages.

En ce qui concerne la dyslexie, c’est un trouble de la mise en place des mécanismes d’analyse et de reconnaissance des mots écrits, empêchant ou gênant de façon très importante l’apprentissage de la lecture (et de l’orthographe).

Ce trouble peut être associé à des troubles du langage oral. La dyslexie n’est pas due à :

  • un trouble de l’intelligence,
  • un déficit sensoriel (audition, vision),
  • un trouble psychologique,
  • une origine sociale défavorable.

Les difficultés de l’élève dyslexique dans la manipulation de l’écrit affectent les apprentissages dans toutes les disciplines. Elles se traduisent par :

  • une difficulté à s’exprimer correctement tant à l’oral qu’à l’écrit,
  • une difficulté à lire à haute voix et/ou une difficulté à lire et comprendre en même temps,
  • une orthographe déficiente malgré les efforts de l’élève et de l’enseignant,
  • la lenteur,
  • la fatigue liée à l’énergie dépensée pour compenser le handicap,
  • un découragement face à la lenteur des progrès.

La dyslexie peut s’accompagner de troubles :

  • de l’attention,
  • de la mémorisation,
  • de l’orientation spatio-temporelle et la latéralisation,
  • du graphisme.

Tout d’abord, il est important de savoir que les troubles « dys » touchent environ 6 % de la population et que derrière le préfixe « dys » se cachent des réalités bien différentes. Toutes ont l’implacable conséquence, pour peu que la DYS soit « grave » ou « sévère », de condamner l’enfant à être à la traîne, aux difficultés scolaires, à se mésestimer, à perdre toute confiance en lui… et dans les adultes.

Les enfants dyslexiques sont souvent des enfants d’une grande créativité, mais aussi d’une grande sensibilité. De manière générale, il est possible de repérer les enfants dyslexiques dès le CP, quand l’écrit fait son entrée dans l’apprentissage.

3)    Quelle est l’aide apportée aux familles?

Le vécu des troubles « dys » est souvent douloureux, pour les enfants bien sûr, mais aussi pour les parents. Notre objectif est le lien et le partage, l’écoute et l’accompagnement des parents. Nous partageons des outils, des trucs et astuces… Nous conseillons les parents sur les démarches d’accueil et d’accompagnement au lycée, les aménagements possibles. Nous mettons en lien les parents. Notre association est totalement gratuite, le sens est le lien humain et l’amélioration du vécu, de l’accueil de nos enfants. Car chacun doit pouvoir être accueilli dans ce qu’il est et valorisé dans ses ressources.

Sur le terrain, cette action est issue des constats suivants :

  • La connaissance encore trop faible par les enseignants des troubles de l’apprentissage, tant dans leur nature, que dans leurs traductions et manifestations concrètes au quotidien et dans le cadre de la scolarité. Parallèlement, un faible niveau de formation des enseignants;
  • L’absence de démarche globale, cohérente et homogène d’accueil et d’accompagnement des enfants concernés. Ce constat entraîne des aménagements aujourd’hui étroitement liés à la personnalité et l’engagement des enseignants d’une part, la disponibilité et l’information des parents, d’autre part ;
  • En l’absence de reconnaissance de leur spécificité et leurs difficultés, les enfants sont encore trop souvent dans des logiques de souffrance et d’échec scolaire.

L’objectif est donc de travailler en lien et en partenariat avec les acteurs de l’école pour une équité et une valorisation des enfants, dans une logique de réussite scolaire, comme le prévoient les textes de loi sur le handicap à l’école de 2005.

Concrètement, nous avons créé des outils, travaillé des documents, nous  les proposons aux professeurs. Nous faisons beaucoup de recherches pour informer les parents, par exemple sur les dispositions spéciales liées aux examens…

4)    Votre objectif pour 2012 ?

Depuis le départ, notre objectif est d’aider, avec humilité mais engagement et persévérance, les familles à mieux comprendre et mieux accompagner ces troubles de l’apprentissage de leurs enfants. Depuis plus de deux ans nous travaillons en collaboration avec les équipes du lycée, et notamment l’orthophoniste et les CPE. Aujourd’hui, je suis heureuse de dire que les choses avancent, et que des PAI (plan d’accompagnement individualisé) vont être mis en place au Lycée. C’est une première étape essentielle pour nous vers un accueil et un accompagnement des enfants.

Pour 2012, nous allons faire un important travail de communication auprès des familles sur ce PAI, agir pour que soit également mis en place un livret de suivi des élèves « dys » et que soit mené un travail d’harmonisation des modes d’évaluation des élèves. Parallèlement, nous avons beaucoup travaillé sur la dyslexie, or, il me semble important de développer les informations proposées, notamment en matière de dyspraxie, dyscalculie… Enfin, le 3ème axe de travail de Dys à Londres pour 2012 est celui du système anglais, pour informer et conseiller les parents d’enfants « dys » qui scolarisent leurs enfants en école anglaise. Un programme mobilisant et enthousiasmant !

Auriez-vous des recommandations d’ouvrages pour parents et enfants ?

Noël approche et pour nos petits qui ont souvent du mal à avoir accès aux livres, alors que comme tous les enfants ils aiment les histoires, je  conseillerai la très belle collection d’album des mots à l’endroit, des livres pour enfants dyslexiques, adaptés dans le papier, la typo et l’approche de l’histoire (www.lesmotsalendroit.com). Avec notamment de beaux albums comme l’enfant et l’oiseau et le Chat Botté. Pour les plus grands, pensez aux livres audio, un gros effort a été fait en la matière par les éditeurs pour diversifier l’offre de romans. Un beau moyen de garder le lien avec les mots et rêver avec la littérature.

Veronique Revington
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