photo M.FOURNIER DULAC

Entretien avec Mme Myriam Fournier-Dulac, inspectrice AEFE de la zone Europe du nord-ouest et scandinave (ZENOS)

 

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Rendez-vous avec Mme Myriam Fournier-Dulac, nouvelle inspectrice AEFE de la zone Europe du nord ouest et scandinave (ZENOS) en poste à Londres depuis septembre dernier, qui nous parle de son parcours, de son rôle au sein de la communauté éducative française mais aussi de son expérience sur le bilinguisme.

 

1) Vous avez pris vos nouvelles fonctions à Londres en septembre dernier en tant qu’inspectrice AEFE de la zone Europe du nord-ouest et scandinave, quel est votre parcours ?

Avant d’arriver à Londres, j’ai été pendant 6 ans inspectrice AEFE pour la zone géographique couvrant l’Amérique du nord (Etats-Unis et Canada). Dans ce cadre, je me suis spécialisée sur la question du bilinguisme et des moyens pour réussir sa mise en place. Avant de rejoindre le réseau de l’AEFE, j’ai été pendant 21 ans successivement professeur de Lettres, en collège et lycée, spécialisée en FLE (français langue étrangère) et inspectrice de l’Education nationale.

 

2) Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre mission actuelle en tant qu’inspectrice de l’éducation de la zone Europe du nord-ouest et scandinave ?

Basée à Londres, je suis chargée, pour le compte de l’AEFE, en lien avec l’ambassade, d’assurer la supervision de 24 établissements scolaires de 1er degré homologués par le Ministère de l’Education Nationale (les maternelles et l’élémentaire) dans la zone Europe du nord-ouest et scandinave couvrant 9 pays (dont le Royaume-Uni mais aussi la Belgique, le Danemark, la Finlande, l’Irlande, le Luxembourg, la Norvège, le Pays-Bas et la Suède).

En lien avec le Poste diplomatique, plusieurs missions m’ont été assignées:

– assurer pour les enfants de nationalité française la mission de service public de l’enseignement et une continuité de l’enseignement entre les différentes écoles du réseau AEFE,

– contribuer à l’accueil d’élèves internationaux et participer au rayonnement de la langue française,

– contribuer au renforcement de la coopération,

– accompagner les enseignants et assurer un appui aux chefs d’établissement.

Sur la base de ces missions, mon rôle est de mutualiser les expériences des différents établissements, d’identifier les bonnes pratiques, de les valoriser, de proposer des pistes de travail et de voir ce qui est transposable.

 

3) Vous avez travaillé dans plusieurs pays, quels sont, selon vous, les atouts du bilinguisme ?

Etre bilingue est un atout extraordinaire qui apporte une ouverture d’esprit et une autre manière de penser.

Bien sûr, il faut avoir conscience qu’intégrer une autre langue et être capable de la pratiquer comme sa langue maternelle est un processus lent. Les enfants peuvent mettre du temps à appréhender une autre langue. Mais le résultat est probant : les élèves francophones scolarisés dans les établissements du réseau AEFE ont un excellent taux d’intégration dans les universités anglaises et anglophones. La plupart de ceux qui ont postulé pour poursuivre leurs études dans une université anglophone ont été admis.

 

4) Au vu de votre expérience aux Etats-Unis, quels conseils donneriez-vous aux familles pour faciliter l’apprentissage de langues étrangères, quels sont les écueils à éviter ?

L’acquisition d’une deuxième langue est un processus de long-terme, qui suppose de respecter des étapes, des paliers et nécessite de la patience. Je conseillerai donc aux parents de ne pas se décourager mais d’encourager la curiosité de leurs enfants et d’essayer de cerner les ressorts de leur motivation. L’idée est en effet de rester ludique, de les intéresser en les amusant.

Tout dépend aussi de la composition de la famille. Pour les familles monolingues, par exemple, il est conseillé de créer un environnement multipliant les contacts avec la langue anglaise, comme embaucher une nounou anglo-saxonne plutôt que française, prévoir des activités extra-scolaires en langue anglaise, visionner des films ou dessins animés, dans un premier temps, sous-titrés en anglais afin de faciliter la compréhension.

En quelques mots, si je peux donner quelques conseils, ils seraient les suivants :

– ‘faire sens’, expliquer aux enfants l’intérêt d’apprendre une 2ème langue, chercher avec eux ce qui motive leur apprentissage de la langue,

– rester ludique; l’apprentissage d’une langue doit être un plaisir,

– multiplier les occasions de créer des contacts avec d’autres familles anglophones et avec des activités en anglais,

– et avoir de la persévérance et de la constance; l’apprentissage d’une langue s’inscrit dans un processus à long terme.

 

5) Pour les plus grands, quel bac doivent-ils choisir ? IB, OIB ou baccalauréat français ?

A côté du baccalauréat classique, le choix de la France s’est porté sur la préparation du baccalauréat général français en développant une section internationale, le fameux bac français à option internationale (OIB).

Les lycéens passent toutes les épreuves correspondant à leur série, à l’exception de la langue étrangère de la section et de l’histoire-géographie qui font l’objet d’épreuves spécifiques, à l’écrit et à l’oral. Il combine le vaste éventail de matières enseignées et la rigueur du baccalauréat français à des matières supplémentaires en langue (niveau «A Level» pour l’anglais). Les élèves qui réussissent à la fin de ce double cursus développent une capacité à travailler avec assiduité ainsi qu’une souplesse intellectuelle et culturelle qui leur donnent la possibilité de devenir d’excellents étudiants dans un premier cycle universitaire en Grande-Bretagne, en France ou ailleurs.

Sachez toutefois que les universités anglaises ne font pas de discrimination entre le baccalauréat classique et l’OIB, les bacheliers ayant fait leur scolarité dans le système français dit ‘classique’ sont en effet tout aussi recherchés par les universités anglaises ou nord-américaines. Certaines universités américaines accordent des équivalences aux bacheliers français qui leur permettent de passer directement en 2ème année.

Le baccalauréat international (IB) dit aussi “de Genève” (car créé par l’Organisation du baccalauréat international de Genève) est en revanche un diplôme étranger. Ce baccalauréat ne correspond pas au programme d’enseignement français et il se caractérise par une spécialisation plus rapide dans le choix des matières.

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Entretien tenu par Sophie Guiroy-Meunier, decembre 2017

sophie@avenuedesecoles.com

 

 

 

 

 

 

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