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Maman je m’ennuie!

IMG 0427Qui n'a jamais entendu son enfant se plaindre de ne pas savoir quoi faire ?

 

Ennui

 

Distinguons déjà l’ennui dont nous parlons ici. Il y a l’ennui limité dans le temps, et l’ennui répété et long. L’ennui de longue durée, subi à l’école par exemple, peut être très négatif dans le développement de l’enfant. Un enfant (et même un adulte) a besoin d’être, sinon stimulé, au moins nourri intellectuellement à son niveau. La vie d’élève doit être remplie d’apprentissages nouveaux et de défis intellectuels.

 

Cependant, l‘ennui est important : s’il est circonscrit dans le temps, entre deux moments d’activité.

 

L’ennui détente

 

Si votre enfant a l’opportunité de s’ennuyer, c’est parce qu‘il y a un battement possible entre deux moments d’actions. S’il y a ennui, il y a temps : l’ennui vient seulement s’il y a un battement possible entre deux moments d’actions.
On rentre de l’école, on a fini les devoirs et il reste du temps « libre » avant le dîner.

 

L’ennui devient le signe positif que le rythme de vie de l’enfant est propice à la détente, au rêveries et non pas effréné et sans relâche. Ce rythme détendu est adapté à l’enfant qui a besoin de ces moments non chronométrés, sans attentes, sans pressions, sans stimulation intellectuelle.

 

L’ennui permet la digestion intellectuelle

 

L’enfant fait « éponge » toute la journée. Il apprend de nouveaux concepts, il les met en pratique, il s’exerce, il développe des capacités sociales, physiques ou artistiques. Les moments d’entre-deux permettent à ces informations de décanter. Le cerveau garde en réserve toutes ces informations qui s’accumulent.

 

Arrivé au trop plein, sans temps pour trier, le cerveau effectue des coupes obligatoires et rejette en masse les informations qui prennent de la place. Les moments de repos permettent au cerveau de prendre le temps de faire un tri plus efficace et moins arbitraire. D’où l’importance des pauses, des recréations, d’un vrai temps de déjeuner etc.

 

L’ennui est créateur

 

Sans l’intervention d’un adulte lui disant « fais ceci », « fais comme cela », l’enfant est poussé à puiser dans ses connaissances et envies personnelles pour inventer sa propre façon de faire, sa propre activité. Un enfant en permanence dirigé aura peu l’occasion d’expérimenter qu’il est capable de faire par lui-même, qu’il est compétent et indépendant. Le gâteau sera sûrement moins bon et le dessin moins beau que celui appris avec un adulte mais il aura une fierté toute différente à l’avoir fait seul !

Plus l’enfant est confronté à l’ennui et plus il est facile pour lui de le gérer. Avec l’experience, le vécu de l’ennui deviendra une force d’inspiration et de création.

 

L’ennui permet de se connaître

 

Je suis seul, je m’ennuie, j’ai du temps… je me retrouve face à moi-même. Quelles sont ces idées qui me viennent quand mon esprit vagabonde ? Qu’ai-je envie de faire, moi, pour mon plaisir ? Suis-je capable de rester en ma propre compagnie sans rien pour me distraire ? Quelle angoisse ! Et pourtant quel moment important ! L’ennui est la porte d’entrée de la connaissance de soi-même.

 

C’est dans les moments de détente et de souffle que l’on est capable de retrouver son jardin intérieur.

 

Les ennemis de l’ennui

 

Le rythme effréné des enfants : la course aux activités scolaires fait rage à Londres, trois sports, deux instruments, 4 activités artistiques et 2 groupes sociaux, les enfants sont ballottés à droite à gauche pour remplir leur CV. Les activités sont exigeantes en soi, c’est un engagement sur la durée mais qui demande en plus le plus souvent des devoirs ou des compétitions le week-end.

 

Les activités sont bien sûr importantes et ouvrent l’enfant sur le monde mais peut être que deux voire trois sont suffisantes ?

Etre chez soi, en famille, inviter les copains et prendre son temps est tout aussi important.

 

Ne sous-estimez pas non plus les capacités autodidactes de vos enfants. Avec le bon matériel et un petit coup de pouce au début, votre enfant peut très bien apprendre la guitare, la peinture ou le yoga. Il ne sera sûrement pas expert, mais il aura l’expérience d’apprendre par lui-même, seul, avec un copain, la fratrie…

 

Mettre à disposition de l’enfant les activités à la maison lui offre la possibilité d’utiliser son ennui comme un vecteur créatif.

 

Les écrans : qui rêvasse encore dans le métro ? Qui s’assoit encore dans le canapé pour regarder le chat jouer ? Ces moments essentiels de relâche, de lâcher prise, de détente de découverte de soi nous sont enlevés, par nous-même, pour « jouer » a des jeux idiots et addictifs, pour lire nos emails si importants qu’il ne peuvent pas attendre le moment prévu pour les gérer.

 

Se retrouver face à soi est si pénible pour l’humain et l’écran portatif si facile !

 

La prochaine fois que votre enfant vous dis « je m’ennuie », dites-lui « quelle chance ! Tellement de possibilité s’ouvrent alors à toi ! » et ne lui dites pas ce qu’il doit faire !

 

Aude Mouton
20 octobre2014
psychologue.mouton@gmail .com
www.psycholondres.com

 

 

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