Free Schools - ecole d'un nouveau genre

Free School : Une nouvelle école en Angleterre ?

Free Schools - ecole d'un nouveau genreDe nouvelles orientations et nouveaux projets scolaires prennent forme aujourd’hui en Angleterre. Voici les Free schools...

Inspirés de modèles similaires suédois et américain, ces établissements sont directement financés par l’Etat, dotés d’une direction indépendante revenant à la société civile, groupe de parents, professeures, Charities, entreprises ou divers groupes… Cette initiative a connu dès son lancement en été 2010 un vif succès. Le gouvernement de coalition de Mr Cameron a ensuite décidé de réguler davantage l’initiative de ces projets. En mars 2011, il posait des conditions plus rigoureuses pour obtenir le blanc-seing du gouvernement pour leur ouverture. Les acteurs grognent ou se réjouissent c’est selon…

Vous avez dits Free schools ?

• Mise en œuvre

Il devient de plus en plus difficile de trouver une école pour ses enfants, sans passer par les établissements privés aux frais d’inscription mirobolants ou par les écoles à la sélection drastique. Cette situation difficile se retrouve notamment à Londres, à l’est du Lancashire, à l’ouest du Yorkshire et des Midlands. Ainsi, lorsque le gouvernement a proposé aux parents de créer leur propre établissement en 2010, des groupes de parents n’ont pas hésité à s’impliquer pour offrir les meilleures chances de réussite à leurs enfants. Les parents ont été ensuite rejoints par des enseignants, du secteur public désireux de se diversifier et mettre en place leurs propres écoles en ciblant les populations défavorisées.

Plus de 15 établissements ont déjà signé une convention avec l’Etat leur permettant d’ouvrir une école selon leurs propres règles et avec le financement du Ministère de l’Education. Un exemple parmi d’autres : West London Free School, avec à la tête des parents d’élèves le journaliste Toby Young.

• Caractéristiques

Free Schools - ecole d'un nouveau genreLes groupes de la société civile font une demande auprès du gouvernement en précisant les objectifs de l’école, les programmes, les méthodes d’enseignement et de sites possibles pour l’école ainsi qu’un plan financier.

  • Ces écoles n’auront pas obligation de suivre le programme de l’Education nationale (National curriculum), mais devront fournir une éducation qui est “vaste et équilibrée”, à l’instar des Academies.
  • Elles seront soumises aux inspections annuelles de l’Ofsted.
  • Financées par le Ministère de l’Education donc par le contribuable.
  • Non soumises aux autorités locales.
  • Ces écoles auront le contrôle de leur budget.
  • Ces écoles organisent leur propre condition d’admission.
  • A la fin du secondaire, les élèves y passeront les examens du GSCE et du A-Level comme tout jeune Britannique.

En janvier 2011, le Secrétaire d’Etat à l’Education, Michael Gove annonçait que 16 initiatives pour la création de Free schools (sur les 250 reçues) avaient reçu le feu vert du gouvernement et pourraient donc ouvrir leurs portes à l’automne 2011.

Fonctionnement

• Financement

Construire une école ou trouver des locaux à Londres relèvent du casse-tête. Aujourd’hui, les autorités entendent assouplirent la réglementation en la matière afin de permettre plus facilement de convertir un bâtiment classique, de taille modeste par exemple, en établissement scolaire. Le nouveau réseau des écoles (New Schools Network), Charity mise en place pour aider et conseiller les groupes sur la façon de créer ces écoles, a reçu une subvention de £ 500’000 du gouvernement. Ce réseau est dirigé par Rachel Wolf, ancienne conseillère du parti conservateur.

Reste la question épineuse de la relation entre le financement public et les entreprises privées qui pourraient vouloir gérer ces établissements en prélevant des taxes. Dans la plupart des cas, les parents eux-mêmes peuvent jouer un rôle dans la direction d’une nouvelle école, mais ils ne seront pas impliqués ni dans l’enseignement ni dans le fonctionnement d’une école. A un stade ultérieur, les groupes devront présenter un plan d’activités complet, exposant la viabilité financière de l’école et une ventilation détaillée de ses programmes.

Il y a certes des enseignants qui répondent positivement à cette perspective de Free School. Mais aussi et plus généralement, le Syndicat national des enseignants, le NUT (National Union of Teachers), par la voie de son Secrétaire général Christine Blower, reste critique. Elle a déclaré : “Plutôt que d’offrir des opportunités à tous les parents, cette solution favorisera quelques familles au détriment du plus grand nombre. … Malgré les assurances de Michael Gove que la gratuité des écoles serait une caractéristique, ce système comporte le risque que les organes de direction sous-traitent la gestion des écoles à des entreprises privées en contrepartie de frais de gestion ». Par ailleurs, elle dénonce le risque de fracture dans le système scolaire britannique sachant que les Academies et les Free schools n’ont pas obligation de suivre les directives nationales concernant les salaires des enseignants et leurs conditions de recrutement.

• Nouvelles exigences de viabilité et de sérieux

Le département du ministère de l’Education (Department for Education, DfE) a revu en mars 2011 les règles des critères d’obtention accordant l’autorisation d’ouvrir une Free school à la hausse. Auparavant, les postulants pouvaient présenter leurs projets dans les grandes lignes pour espérer obtenir les fonds du gouvernement. Désormais ils doivent, préciser, détailler la faisabilité de leur projet avec nécessairement l’aide de spécialistes. Il s’agit donc pour le gouvernement de canaliser les demandes, de freiner l’enthousiasme débridé des parents dans ces projets et d’encourager parallèlement la collaboration avec des acteurs expérimentés et reconnus dans le domaine de l’éducation.

En pratique, il est donc aujourd’hui quasiment impossible pour des parents inexpérimentés de présenter leur projet sans l’aide des Academy sponsors comme la Fondation Ark, Harris Ark, E-Act. Ce dernier organisme encouragé par le Commissaire en charge des écoles, Sir Bruce Liddington, a développé le projet d’ouvrir près de 250 écoles d’ici 5 ans incluant 50 Free schools. Aujourd’hui, E-act gère 11 Academies.

Désormais, les dossiers de candidature devront être présentés comme des business plans, ils seront mis en concurrence avec d’autres projets et sélectionnés selon leurs points forts.

Conclusion : Ceci donc n’est pas un petit sujet. Est-ce pour autant l’école de demain ? On en est loin, mais le projet est très intéressant. Il s’agit d’une formidable opportunité illustrant le concept de Big society cher au gouvernement de Cameron en place depuis 2010. Il permet aux acteurs de l’éducation ainsi qu’aux parents de travailler ensemble à la création d’une nouvelle école répondant aux besoins d’un pays qui cherche également à réduire ses dépenses publiques.

Plus largement, ces établissements offrent également une opportunité à nos responsables, décideurs français en charge de nos écoles en Angleterre, ceux-là mêmes qui examinent aujourd’hui toutes les pistes afin de pallier au problème aigu des effectifs croissants de nos établissements français en Angleterre. Mais cela sera peut être l’objet d’un autre article…

Sabine Cros
Sources
Aller plus loin

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