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La catchment area : un système de plus en plus critiqué

proposed catchementEn Angleterre, la carte scolaire a été abolie il y a plus de 25 ans. Pourtant, les state-schools non confessionnelles ne peuvent choisir leurs élèves comme bon leur semble!

 

Qu’est-ce que la catchment area ?

 

Le plus souvent, les critères de priorité sont la fratrie puis la distance qui sépare le logement de l’école. La distance à vol d’oiseau (as the crows flie) entre le domicile des postulants et l’école est mesurée par le Council et ensuite les élèves sont selectionnés selon le critère de la proximité. Par exemple, si une école a une catchment area de 185 mètres, cela signifie que l’année passée, l’élève le plus éloigné de l’école qui a obtenu une place en Reception, habitait à 185 mètres de l’école.

Le « London Schools Atlas » (www.london.gov.uk/webmaps/lsa/) a été crée l’année dernière à la demande de Boris Johnson pour aider les familles à trouver les écoles qui seraient le plus susceptibles d’accueillir leurs enfants.

 

Est-ce que ce système est appliqué dans toutes les écoles ?

Oui. Mais le rang de priorité de la catchment area varie selon le type d’école que vous choisissez. Pour les écoles confessionnelles (faith-schools), la présence à la messe tous les dimanches est le critère prioritaire. Dans le secondaire, les résultats scolaires et la réussite aux examens d’entrée rentrent également en compte.
De manière générale, seule la distance compte et vous pouvez choisir une école en dehors de votre borough.

Mais les établissements les plus côtés, qui peuvent recevoir jusqu’à 8 demandes pour 1 place, sont obligés d’appliquer ce système au mètre près pour départager les dossiers de candidature! Attention, en fonction de la demande, la taille de la catchment area varie selon les classes et d’une année sur l’autre. Elle peut se limiter à quelques mètres seulement autour de l’école (ex Fox Primary School à 96 mètres, Honeywell à 182 mètres ou Wix à 0 mètre – toutes les places ayant été attribuées l’année dernière aux fratries). Ce n’est malheureusement qu’au dernier moment que vous saurez si votre enfant est pris dans l’école de votre choix.

 

Comment expliquer le nombre croissant de demandes ?

Le récent baby-boom et l’afflux de migrants dans certains quartiers expliquent en partie le surplus de demandes dans les écoles. Le Gouvernement table déjà sur 96 000 places à créer d’ici 2016 ! Rappelons également que dans un contexte de crise, les frais de scolarité des écoles privées sont devenus inaccessibles même pour des familles aisées et celles-ci n’ont d’autre choix que de se tourner vers les state-schools. Mais attention : pas n’importe lesquelles ! Les écoles jugées « Outstanding » par l’OFSTED avec d’excellents résultats aux SAT’s deviennent leur cible.

 

En quoi cela affecte les familles ?

Beaucoup de familles choisissent leur lieu de résidence pour se rapprocher de l’école souhaitée et rentrer dans cette zone appelée catchment area. Le prix de l’immobilier grimpe de manière vertigineuse, aussi bien à la location qu’à l’achat et cela pousse les familles à payer des loyers de plus en plus chers pour assurer leur place (et encore…). 30% à 40% des parents se voient refuser l’entrée de l’école de leur premier choix.

 

Des parents prêts à tout pour assurer une place pour leur enfant ?

Oui ! Une étude menée en 2013 par le Sutton Trust (charity qui vise à améliore les possibilités d’éducation pour les personnes issues de milieux non privilégiés) a mis à jour des chiffres alarmants. Par exemple, afin d’assurer une place pour leur enfant dans une faith-school réputée, les parents sont prêts à changer de religion ou aller tous les dimanches à la messe alors qu’ils sont athés (7 à 10%). Pour les grammar schools dont l’accès est soumis à un examen d’entrée, certaines familles payent une fortune les tuteurs les plus réputés (20%). Enfin, d’autres n’hésitent pas à mentir sur une fratrie et faire passer leur enfant pour un membre d’une famille ayant déjà une place.

Pour les écoles appliquant la catchment area, les plus aisés louent ou achètent des studios à proximité de l’école pour procurer un justificatif de domicile « valable » (2%). D’autres utilisent l’adresse d’un proche ou d’un parent et n’hésitent pas à faire de longs trajets. Dans le cas d’Eleanor Palmer à Camden, ces cas de « tricheries » ont été révélés le jour où on a réalisé que les embouteillages devant l’école étaient causés par des parents qui accompagnaient leurs enfants en voiture alors que la catchment area n’était que de 160 mètres!

 

Ces familles sont-elles sanctionnées ?

Ces 5 dernières années, les investigations menées par les boroughs ont très nettement augmenté (10 fois plus qu’avant). De 2007 à 2013, 7573 enquêtes ont abouti à 1 595 sanctions (les dossiers sont retirés et les parents doivent payer une amende ou être soumis à des heures de travaux d’intérêt général selon le Fraud Act 2006).

 

Un système plus contrôlé ?

On pourrait se dire que l’arrivée massive d’enfants de familles aisées et aussi motivées peut contribuer à relever le niveau académique mais le rapport du Sutton Trust pointe du doigt l’exclusion des familles pauvres au profit des plus favorisées alors que le système britannique prône l’accès universel et équitable dans toutes les bonnes écoles publiques. De plus en plus, les familles demandent à ce que les dossiers soient maintenant soumis à un vote ou tirés au sort.

A Wandsworth, le Council a décidé de réagir et de désormais prendre en compte l’adresse durable de l’enfant et non plus celle à la date de l’inscription. Ainsi, la pratique très répandue de louer une maison temporairement en face de l’école convoitée et d’en profiter pour faire des travaux pendant ce temps là (type conversion du loft) dans la résidence principale, ne sera plus possible à partir de l’année prochaine. Le borough étudie aussi la possibilité de réserver la priorité aux frères et soeurs uniquement si les familles résident à moins de 800 m de l’école.

Dans une tentative pour « soutenir la mobilité sociale” dans l’enseignement public, le gouvernement a annoncé de nouvelles propositions en juillet dernier pour permettre aux écoles de donner la priorité à les enfants défavorisés. En retour, les écoles reçoivent une «prime de pupille » d’une valeur de £ 1300 pour les élèves du primaire et £ 935 pour les élèves du secondaire .

 

Elisabeth Fontanille et Véronique Hébréard, 1er décembre 2014

Sources

Laura Clark (22 septembre 2014) – “Mother fined £500 for forging tenancy agreement to win place for her daughter at school in different catchment area in first ever ‘education tourism’ prosecution” In DailyMail, page consultée le 29/11/2014.

London Preprep (16 septembre 2014) – “Starting Primary School in 2015: top London state school catchment areas”. In londonpreprep, page consultée le 28/11/2014.

Francis Gilbert (16 septembre 2014) – “Some parents will go to any lengths to target a particular school”– The London Magazine, page consulteé le 29/11/2014 –

Jonathan Owen (26 août 2014) – “Parents pay half a million in housing premium for state school education”. In Independent, page consultée le 28/11/2014.

Ben Robinson (12 janvier 2014) – “School places withdrawn after scores of parents caught lying”. In Sunday Post. Page consultée le 28/11/2014 

Graeme Paton (18 décembre 2013) – “Middle-class parents ‘cheating’ to secure school places” – In Telegraph. Page consultée le 28/11/2014

Sutton Trust (18 décembre 2013). “Almost a third of professional parents have moved home for a good school”. In Sutton Trust, page consultée le 28/11/2014.

 

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