Priorité au bilinguisme

Entretien avec Lorène Lemor, Conseillère culturelle adjointe, Attachée de coopération éducative près l'ambassade de France.

 

Permettant un dialogue permanent entre les différentes directions d’établissements sous l’égide du poste diplomatique, le Plan école de Londres, que coordonne Lorène Lemor, est plus que jamais l’outil de concertation qui permet un développement harmonieux entres les établissements scolaires français au Royaume-Uni.

Les parents aujourd’hui doivent connaitre et être conscients de l’offre pédagogique très diversifiée existant à Londres. Différents profils d’établissements répondent aux divers profils des enfants et scénarios d’expatriation envisagés par les familles.

Depuis 2008, Le Plan Ecole dessine à travers trois objectifs l’évolution et l’organisation scolaire pour les familles françaises installées au RU.

 

Dernières informations de l’objectif 1 du Plan Ecole

L’Objectif 1 détaillé lors de l’Assemblée Générale du Plan Ecole au printemps dernier, est aujourd’hui de stabiliser l’existant, d’assurer la pérennité des établissements scolaires du réseau AEFE, en particulier les derniers arrivés, le Collège français bilingue de Londres (CFBL) et le Lycée International de Londres Winston Churchill (LIL), et de suivre de près le développement de l’EIFA qui a ouvert dès cette année un collège. Une classe de seconde est également proposée à la rentrée prochaine afin de répondre aux demandes.

Il est également important, indique Lorène Lemor, dans ce cadre de l’objectif 1 du Plan Ecole que la communication sur les places offertes par les deux établissements CFBL et Winston Churchill soit plus visible. En effet, la dernière enquête menée début 2016 a montré que 70% des parents ignoraient l’existence de ces nouveaux établissements…

Autre changement qui ne devrait pas affecter la bonne marche de l’établissement, Le board du CFBL, pour gagner en souplesse de gouvernance, a décidé de passer en septembre 2017 de la convention établie avec l’AEFE en 2011 au statut d’établissement partenaire, comme l’est le Lycée Winston Churchill.

L’établissement scolaire reste homologué, il y a donc maintien de la reconnaissance par l’Education nationale de la conformité des programmes scolaires au programme de l’Education nationale français.

Ce changement ne devrait pas impacter les frais de scolarité. Le directeur de l’AEFE lors de sa visite en avril a précisé que l’Agence serait vigilante à l’évolution de ces frais.

A Londres désormais, tous les établissements sont donc partenaires avec l’AEFE sauf le Lycée Charles de Gaulle (LCDG) qui est en gestion directe, l’école Jacques Prévert qui reste conventionnée et l’EIFA, partenaire de la Mission laïque.

 

 

Objectif 2 : Projet d’ouverture d’une école Free School bilingue franco anglaise dans l’est de Londres (3-19 ans)

L’Objectif 2 du Plan Ecole visait, à sa création, à doubler en 5 ans le nombre d’établissements offrant un enseignement bilingue franco-anglais au Royaume-Uni. Cet objectif n’a pas été atteint notamment pour des raisons structurelles liées au système éducatif britannique.

 

Un projet concret et recherché par les établissements britanniques.

Ce projet de développement d’un établissement bilingue franco-anglais aurait la forme d’une Free School. Pour rappel, les Free School sont des établissements publics financés par le gouvernement britannique mais qui ont une autonomie relativement grande puisqu’ils peuvent s’affranchir en partie des programmes pédagogiques officiels.

Ils sont gouvernés par un Board de gouverneurs et peuvent faire appel à des financements privés.

Ces établissements gratuits présentent une opportunité pour nous, déclare Lorène Lemor, avec cette souplesse pédagogique qui permet d’introduire un enseignement bilingue francophone reposant sur un programme anglais sanctionné par les GCSE puis A-Level.

D’autres langues seraient proposées dont le Mandarin, d’ailleurs proposé dès aujourd’hui au LIL et au CFBL, cela à partir du Collège (6ème). Cet établissement ouvrirait ses portes en 2017 avec la maternelle et l’école primaire dans un même temps puis les niveaux secondaires jusqu’au A-Level avec environ 90 élèves par niveau soit environ trois classes. Plus de 300 personnes ont d’ores et déjà manifesté leur intérêt pour cette école.

Le modèle de bilinguisme s’organiserait avec une répartition des enseignements du programme anglais de façon paritaire (50% en français 50% en anglais). C’est un peu l’équivalent inversé des sections bilingues de l’école Wix ou l’école Marie d’Orliac.

Le programme est anglais avec certaines disciplines en français – les Humanités (histoire, géographie, philosophie, littérature art plastique, sport) – et d’autres (mathématiques, anglais et science) en anglais. Les chefs d’établissements des écoles anglaises, les académies en particulier, poursuit Mme Lemor, sont de plus en plus conscients que jouer la carte francophone permet de redorer leur image et répond à une demande, dans le grand Londres notamment. Le français est aussi la première langue enseignée dans les écoles anglaises à partir de 7 ans.

Aujourd’hui les free school ont intérêt à faire partie d’un Trust de free School, sorte de réseau qui leur permet de mutualiser un certain nombre de choses et notamment de tirer vers le haut des écoles qui seraient un peu plus en difficulté.

Cette free school qui verra le jour dans l’est de Londres s’inscrira vraisemblablement dans un réseau similaire dans le but de mutualiser tout ce qui est recrutement des enseignants, bases de données, formation continue des professeurs, afin de faire des économies d’échelle.

 

Une vraie demande de la part des familles francophones pour ce type d’établissement

Le public français de Londres (4/5 des élèves français sont scolarisés dans une école UK) est aussi demandeur et cherche ici à bénéficier-en plus gratuitement- d’une alternative aux écoles strictement anglaises et ainsi de préserver le français.

Ce type d’établissement intéresse les Français dont le profil d’expatriation a évolué depuis quelques années déjà. Il est de plus en plus long ce qui laisse à penser que leurs enfants iront plus certainement qu’hier dans les universités britanniques après leur scolarité à Londres en souhaitant si possible garder leur niveau en français grâce à cette formation académique.

Le dossier va être déposé au Département de l’Education britannique en septembre. La réponse au plus tôt sera donnée au mois de décembre et il y aura 6 mois pour murir le projet, recruter les enseignants, un chef d’établissement. Quelques sociétés françaises aident au travail via le trust de French Education Charitable Trust FECT et c’est ensuite sur financement du gouvernement britannique que cet établissement devrait voir le jour.

Cet établissement sera situé dans l’est de Londres, à Newham, près de Stratford. Pour l’instant il s’agit d’un collège anglais où il y a déjà 20% d’élèves francophones. Des réunions d’informations publiques sont organisées régulièrement pour les familles susceptibles d’être intéressées.

 

Un établissement orienté vers le supérieur et les entreprises

Le Delf (Diplôme d’études en langue française) sera proposé aux élèves. Cette certification officielle donne un niveau attesté en français, reconnu dans le monde entier et valable toute la vie.
Seront également développés les liens avec les établissements d’enseignement supérieur et le monde professionnel, conclut Lorène Lemor, par exemple à travers des stages en entreprises.

Ainsi, il serait intéressant de retrouver les étudiants des lycées français du Royaume-Uni davantage dans les universités et classes préparatoires en France. Pour mémoire, aujourd’hui plus de 60% des élèves du réseau scolaire français de Londres restent en Angleterre ou partent aux Etats-Unis ou au Canada.
Un autre chantier attend Lorène Lemor pour sa deuxième année à Londres; l’accompagnement d’établissements scolaires anglais dotés de sections bilingues vers l’obtention du LabelFrancEducation.

Il n’existe actuellement au RU aucun établissement détenteur de ce label octoyé à plus d’une centaine d’établissements étrangers dans le monde. Cet objectif devrait permettre d’offrir de nouvelles possibilités de scolarisation à la communauté française mais aussi d’attirer un public britannique.

 

 

Londres, septembre 2016

 

Pour aller plus loin :

East London Bilingual School

www.eastlondonbilingualschool.org

info@eastlondonbilingualschool.org

 

 

Partagez l'article sur les réseaux sociaux

Share on facebook
Share on linkedin

Vous aimerez aussi nos articles récents