Entretien avec Madame Antelme, Présidente de l’AFEP (Association Française pour les Enfants Précoces)En conclusion de votre brochure d’information, on peut lire « Etre un enfant précoce est une chance…Ceci ne deviendra un handicap s’il est reconnu assez tôt et si tous les partenaires autour de lui prennent des dispositions adaptées à ses particularités ».
Nous avons souhaité en savoir plus pour informer les familles sur cette question importante.
Comment identifier un enfant intellectuellement précoce (EIP) ?
Les tests les plus couramment utilisés sont ceux de WESCHLER qui existent sous trois formes pour trois classes d’âge :
- Le WPPSI « Preschool and Primary Scale of Intelligence » (actuellement version 3) sous 2 formes distinctes : à partir de 2 ans 6 mois puis à partir de 4 ans jusque 7 ans 3 mois
- Le WISC « Wechsler Intelligence Scale for Children » (version 4) : à partir de 6 ans jusque 16 ans 11 mois
- Le WAIS « Wechsler Adult Intelligence Scale » (version 4) : à partir de 17 ans
A quel âge peut-on réaliser que notre enfant est un enfant précoce ?
L’idéal est de le repérer le plus tôt possible, et ce dès la maternelle, pour éviter les écueils qu’une précocité non accompagnée pourraient induire. Le repérer ne passe pas obligatoirement par un bilan psychométrique (test QI). Si un enfant réussit bien à l’école, travaille normalement, est entouré d’amis, est socialement bien intégré et est bien dans sa peau, il n’y a pas de raison particulière de lui faire passer un test.
En revanche, un bilan psychométrique peut s’avérer nécessaire si certains des signes suivants se manifestent :
- Une détresse
- Un mal-être permanent ou par phases
- Une angoisse importante à l’idée de ne pas réussir
- L’impression de ne pas être comme les autres (d’autant plus que les enfants précoces ont une lucidité et sont capables d’une analyse très fine)
- Un changement dans le comportement face aux apprentissages scolaires
Quels problèmes rencontrent ces enfants dans leur quotidien, à l’école ?
L’un des problèmes rencontré est notamment celui de son intégration (sociale, avec ses pairs ou dans la famille). A l’école il peut manifester de l’ennui, des difficultés face à l’effort, du manque de méthodes, des préoccupations anxieuses et/ou dépressives.
Le plus souvent, ces enfants à l’intelligence intuitive, n’ont pas mis en place des stratégies d’apprentissage en primaire. Il faut leur donner des repères méthodologiques, leur fournir, si besoin, plus que le programme pour alimenter leur curiosité, et les aider à se positionner dans le groupe social en leur proposant des activités collectives, intellectuelles, sportives, ou ludiques.
L’essentiel n’est pas de les faire avancer plus vite mais de rechercher à harmoniser leur développement et leurs relations aux autres.
Comment aider les parents dans l’éducation de ces enfants ?
Si l’enfant, et particulièrement en primaire, a de très bons résultats sans fournir de travail, il n’a pas forcément intégré de méthode réelle pour apprendre, il faudra donc l’accompagner dans ses apprentissages car il risque de se retrouver en échec à partir du collège voir à partir du lycée.
Le sens de l’effort devra également lui être inculqué, pas particulièrement au niveau de la sphère cérébrale, mais dans tous les domaines. Cette importante mémoire dont il bénéficie, n’est que rarement sollicitée. Être IP ne signifie pas être quantitativement plus intelligent, mais disposer d’une forme d’intelligence qualitativement différente.
A la maison, pour rassurer l’enfant et calmer ses angoisses, très prégnantes chez lui, et justifiées de par ces questionnements « hors de leur âge », il est très important de poser des limites claires, des règles MAIS toujours avec du sens, être dans le renforcement positif pour consolider l’estime de soi, accepter sa différence.
Le rôle et l’objectif de votre association ?
L’objectif de l’AFEP est de découvrir, comprendre, accepter et accompagner, l’Enfant Intellectuellement Précoce sur la voie de l’épanouissement par ses actions réalisées auprès des familles et professionnelles de l’enfance.
Avec une équipe d’enseignants de l’Éducation Nationale, l’association anime des formations au sein des Académies en France métropolitaine et dans les DOM-TOM, elle assure la formation continue pour les enseignants, elle propose des réunions de sensibilisation et accompagne des projets.
A l’étranger et notamment à Londres, comment envisager votre action? Que propose l’Afep?
Dans un premier temps, notre Antenne Londres s’est attachée à informer toutes les écoles françaises en transmettant aux responsables des établissements une brochure AFEP rédigée spécialement pour le “scolaire”.
Nous sommes à l’écoute et accompagnons les parents qui s’interrogent. Conscients de la nécessité d’un réseau de spécialistes sur Londres, nous nous attelons à cette tâche.
L’an dernier, un très bon contact s’est instauré avec Monsieur Michel Monsauret Conseiller Culturel Adjoint, co-fondateur du plan école, et une rencontre en septembre 2010 avait été programmée avec notre Présidente. Malheureusement, cette rencontre n’a pas eu lieu, Mr Monsauret ayant été muté ailleurs, nous comptons bien entretenir les mêmes relations avec Mr Batut son successeur.
Avec notre équipe pédagogique basée en France, nous envisageons, dans un futur proche, de former des enseignants exerçant à Londres. Nos formateurs sont tous enseignants de l ‘Education Nationale impliqués dans les projets d’accueil d’EIP. C’est un enjeu fondamental pour éviter aux enfants de notre communauté française locale de se retrouver, en dépit de leur potentiel, face à l’échec scolaire mais aussi, face à cette souffrance qu’une précocité intellectuelle non accompagnée peut induire. Sur le terrain, nous constatons que nombreux sont encore les enfants qui n’ont pas été repérés ou dont la précocité intellectuelle n’est pas prise en compte, et ce, bien souvent par manque d’information que ce soit vers les parents ou les équipes pédagogiques.
Nous sommes convaincus que ce sujet, qui interpelle du fait de ses paradoxes, intéresse bon nombre de personnes, concernées ou pas, et qu’il est grandement nécessaire de les informer.
Loi et textes existent en France pour la prise en compte de ces enfants, des écoles les accueillent, aussi nous espérons être entendus auprès de nos institutions locales, notre action répond à un réel BESOIN.
Nous accueillerons bientôt une psychologue venue de France, auteur de nombreux ouvrages sur le sujet et reconnue par ses pairs, afin de comprendre la singularité de ces enfants et ainsi leur éviter une trop grande souffrance.
Merci à vous.
Article à suivre : L’école et les Enfants Intellectuellement Précoces (EIP)
